De notre envoyé spécial à l’Arena porte de la Chapelle,
Cette fois, ils sont seuls au monde. Un an après les Jeux olympiques où il était noyé au milieu des autres sports, le badminton peut tranquillement rouler des épaules en étant la seule compétition mondiale organisée à Paris cette année. Tous les regards, ou presque, sont donc focalisés sur l’Arena porte de la Chapelle où la France espère ramener sa première médaille des championnats du monde depuis Hongyan Pi en 2009 (la seule à ce jour).
Une médaille qui permettrait également de mettre un peu plus de lumière sur des joueurs en manque de notoriété dans l’Hexagone. Christo et Toma Jr Popov, Delphine Delrue, Thom Giquel ou Alex Lanier peuvent en effet se balader assez tranquillement dans les rues parisiennes sans avoir la crainte d’être arrêtés par une horde de fans en délire. « En France, je suis méconnu, je peux faire ce que je veux, c’est quelque chose que j’aime bien », estime Lanier, pourtant phénomène du bad français en étant 7e joueur mondial à 20 ans.
Durant cette semaine à domicile, un peu comme aux JO, les Français ont droit au meilleur des soutiens : des Marseillaises qui descendent de ça de là des tribunes, leur visage en carton brandi par la Tribune bleue, qui arrive encore à donner de la voix, et des ovations à chaque point marqué. Il y a aussi quelques encouragements lancés, notamment à Toma Jr Popov, dans d’autres langues (que nous ne maîtrisons malheureusement pas).
Les frères Popov très populaires en Indonésie
L’aîné de la fratrie, tout comme son frère Christo, a la chance d’avoir une énorme communauté de fans partout dans le monde, et notamment dans plusieurs pays asiatiques où le badminton est le sport roi. « J’ai connu Christo aux Mondiaux Junior en 2019, c’est un super joueur, assure Mahmud Badarudin, Indonésien qui inonde de commentaires les posts des frères Popov sur les réseaux sociaux. Et j’ai vu en 2021 son association avec son frère en double au All England, je les suis depuis. Ils sont populaires en Indonésie, aussi parce que quand ils viennent ici, ils ont un comportement adorable. »
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Comme à Jakarta, en amont de l’Open d’Indonésie en juin, où ils ont joué avec des dizaines enfants afin de développer des projets sociaux à travers la pratique du badminton. Autant dire que, lorsqu’ils arrivent en Asie, nos deux gaillards n’ont pas la même tranquillité qu’en France. « On a des fans un peu partout, on nous reconnaît dans la rue, à l’hôtel, assure Toma Jr Popov, 15e joueur mondial. Ils sont dans le lobby, dans l’hôtel, à nous attendre, à nous courir après. On reçoit des cadeaux dans la chambre, des posters, des cadres de nous-mêmes. On a de la nourriture offerte, même de l’argent. »
Autre anecdote livrée par le frangin : « En Indonésie, la Fédé avait oublié de booker l’hôtel. On se retrouve dans un 5 étoiles, on va au restaurant, où il y a pas mal de familles très aisées, pour manger après un match et il y a une dame qui arrive et qui nous dit : “C’est mon anniversaire, je vous ai vu jouer, je suis une énorme fan. Tout est pour moi.” On a mangé comme on n’a jamais mangé et on lui a donné un maillot pour la remercier. C’est l’Asie. »
« Cette notoriété, ça nourrit l’ego »
Les frères Popov ne sont pas les seuls Français au centre de l’attention en Asie. Récemment sacré en Indonésie avec Delphine Delrue, Thom Gicquel reçoit « beaucoup de cadeaux dans [sa] chambre d’hôtel ». Depuis son titre à l’Open du Japon l’année dernière, Alex Lanier a lui aussi construit une grosse base de fan. « Tu sors de l’hôtel et puis il va y avoir 15-20 personnes qui se regroupent autour de toi, tu marches dans la rue et il y a une ou deux personnes qui t’arrêtent tous les 100 mètres. Au Japon et en Malaisie, qui est le gros pays du bad, c’est vraiment quelque chose. »
Cette célébrité énorme en Asie leur donne-t-elle envie de connaître pareille situation en Europe, et surtout en France ? « C’est vraiment jouissif d’avoir ce côté de notoriété quelques semaines par an sur la tournée asiatique. Ça nourrit l’ego, c’est un petit kif de vivre comme une petite star. Une star de rien du tout, hein (rires). Et puis d’être ici inconnu, c’est parfait. » Même sentiment pour Alex Lanier :
« Ça fait toujours plaisir, ça flatte l’ego, quand il y a plein de gens qui s’arrêtent et que tu sens qu’ils aiment ce que tu fais, ils sont aussi contents de te voir, ça fait énormément plaisir, maintenant quand il y en a beaucoup trop ça devient vite oppressant. Ça me va très bien d’aller en Asie, d’être plutôt reconnu et parfois dérangé et de revenir ensuite en Europe et même en France, où tu es plutôt tranquille, plutôt calme. Si c’est comme en Asie tous les jours, pff… Je comprends les vraies stars. »