Par
Cédric Nithard
Publié le
27 août 2025 à 12h25
Ce mardi 26 août 2025, trois cérémonies étaient organisées pour célébrer le 81e anniversaire de la libération de Montpellier. Des commémorations importantes pour la mémoire de la Ville tenues en présence de la ministre déléguée chargée de la Mémoire et des Anciens Combattants de France, Patricia Mirallès. Dans sa ville natale et à cette occasion, cette dernière a adressé un message chaleureux au maire Michaël Delafosse et appuyé sa confiance en la jeunesse.
Trois lieux chargés d’histoire
Chaque 26 mai, ces cérémonies restent importantes pour la mémoire collective de la ville, mais aussi pour les personnes qu’elles soient témoins et acteurs de l’histoire ou leur descendants, comme l’a souligné Michaël Delafosse. « Ce n’était certes pas la première ville occupée, mais une fois que la zone libre ne le fut plus ce fut un moment tragique de l’occupation fait de privations, de dénonciations et de lâchetés mais aussi, à l’image de beaucoup de figures de notre pays, un haut lieu de la Résistance » souligna le maire. Une histoire et des histoires mises en lumière en 2024 lors des commémorations du 80e anniversaire de la libération de Montpellier. Les célébrations de cette année avaient moins d’ampleur certes mais la symbolique reste la même.
Des cérémonies comme traditionnellement en trois temps pour rendre hommage aux combattants de la Résistance devant la stèle située à l’angle de l’avenue de Lodève et du boulevard Benjamin-Milhaud, puis aux victimes de la Gestapo devant la stèle au 9 avenue de Castelnau, non loin de la Villa des Rosiers qui fut réquisitionnée pour être le siège à la police politique nazie, et enfin, à quelques mètres de là, aux victimes de la milice, elle composée de Français, au sein de la cité scolaire François-Combes, dont l’ex caserne de Lauwe servit de lieu de détention et de torture.
William Garrivier, président départemental de l’Unadif (Union nationale de déportés et internés de la Résistance et familles de disparus), évoqua avec gravité certains tristes événements et malheureux protagonistes de ces deux lieux. « Combien sont morts sous la torture ? Nul ne le sait. Selon les sources, on évalue entre 94 et 253 personnes, l’éventail est très large. Dans leur fuite, les miliciens ont brûlé documents et archives, seule cette plaque nous livre cinq noms : Enrique et Elise Pinol, Germaine Bousquet, Jean Guizonnier et Raoul Batany. Ils sont morts dans d’atroces souffrances, sans parler, sans compromettre leurs camarades ». Des histoires qui forcent l’admiration pour lesquelles il appelle : « Comment ne pas comprendre que nous sommes libres grâce à la souffrance endurée, grâce à leur sacrifice. Comment ne pas comprendre qu’il est de notre mission de diffuser largement ce sens des valeurs de la Résistance qui à travers son conseil national a su faire travailler dans un même objectif des hommes venus d’horizons différents ».
L’importance de la jeunesse
À son tour, Patricia Mirallès mit en avant : « Montpellier fut une ville martyre, mais aussi une ville de courage. Ici les Justes se multiplièrent. De simples Montpelliérains décidèrent de tendre la main, de cacher, de protéger, de résister. Ils n’étaient pas héros par prédestination, ils étaient comme chacun de nous, des hommes et des femmes ordinaires à qui l’Histoire offrit l’occasion de révéler la meilleure part d’eux-mêmes quand l’épreuve surgit ». La ministre déléguée mentionna également la jeunesse avec des lycéens de Joffre et Clémenceau qui prirent le maquis et dont 17 furent « sacrifiés par la barbarie. Ces jeunes rêvaient de cinéma, de bals… et l’Histoire les convoqua à une autre destinée ». Égrainant les noms et actions de Justes et Résistants, « à chacun d’entre eux nous devons reconnaissance et fidélité car à Montpellier comme ailleurs, la libération ne fut pas seulement une victoire militaire. Elle fut victoire de la conscience humaine, de la solidarité contre la terreur, du courage contra la lâcheté ».
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Très attachée à la transmission, Patricia Mirallès observe : « Au moment où les témoins de ces événements s’éteignent peu à peu, il nous revient de prendre le relai, de raconter, d’expliquer, de transmettre, de dire aux jeunes que leur liberté est né ici dans les geôles, les maquis, les rues de leur ville et leur dire aussi que la mémoire est une boussole qui éclaire le présent et arme contre les mensonges, les falsifications, les renoncements et les fake news ». Plus tard, elle complètera ce message : « J’ai confiance en la jeunesse. Mais nous ne sommes pas au moment de la première ou de la deuxième guerre mondiale, nous avons une jeunesse qui voit les choses différemment. Avec le conflit entre Israël et la Palestine ou celui entre la Russie et l’Ukraine, ils ont des images réelles de la guerre et ils en connaissent les conséquences et le prix à payer ».
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C’est pourquoi la ministre déléguée répète sa volonté : « Nous devons travailler avec eux sur leur façon d’apprendre. Il y a les podcasts et la réalité virtuelle ou encore la BD qui est quelque chose d’extraordinaire pour eux. Ce sont des choses qui leur parlent, donc allons avec eux dans cette direction pour leur donner envie ensuite d’aller dans des Archives, de regarder le nom de la rue où ils habitent ou du lycée où ils étudient. Il faut les intéresser surtout que dès que l’on arrive à les capter, ils répondent présent ». Une jeunesse dans lequel elle place par ailleurs autant de confiance que d’ambition : « On doit pour eux, parce que les temps sont difficiles, qu’ils apprennent un passé douloureux mais c’est à eux de construire, au présent, leur avenir. Et je continuerai à croire en eux contrairement à certains qui critiquent la jeunesse. Nous avons une belle jeunesse ».
Un message à Michaël Delafosse
Étant également conseillère municipale d’opposition de Montpellier, Patricia Mirallès n’est pas sur la même longueur d’onde politique que le maire et sa majorité. Cela ne l’a pas empêché de faire la part des choses et de lui adresser, dans le cadre de ses fonctions ministérielles, un message chaleureux : « La liberté a un prix et aujourd’hui certains souhaiteraient la voir basculer. Monsieur le maire, entre vous et moi, sur la mémoire et sur l’histoire il n’y a pas l’épaisseur d’une feuille de papier. Je sais l’enseignant que vous êtes et ce que vous faites pour la jeunesse, il faut s’unir parce que la jeunesse c’est l’avenir ».
Enfin, ayant participé aux trois temps de ces commémorations avec la satisfaction d’avoir oeuvré pour la mémoire de sa ville natale, Patricia Mirallès lui jette un regard bienveillant : « Montpellier fut en 1944, une ville fidèle à son histoire et à ses valeurs, fidèle à la tolérance, à l’humanisme, à la fraternité qui font depuis des siècles son humanité. Fidèle aux idéaux des Résistants, des Justes et des martyrs. Fidèle à la République. Je suis fière d’être Montpelliéraine, elle doit rester fidèle à ses valeurs ». Et même si elles ne réunissent que peu de monde, ces cérémonies en font un rappel nécessaire.
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