Eric Ciotti au Sommet des libertés, au Casino de Paris, le 24 juin 2025. Eric Ciotti au Sommet des libertés, au Casino de Paris, le 24 juin 2025. JULIE SEBADELHA / AFP

« C’est avec beaucoup d’émotion (…) que je veux faire part aux Niçois et aux Niçoises, et vous faire part de façon générale, de ma candidature pour devenir maire de Nice », a déclaré le président de l’Union des droites pour la République (UDR), Eric Ciotti, mercredi 27 août au journal télévisé de TF1. L’ex-patron des Républicains (LR), rallié au Rassemblement national (RN), ambitionne ainsi de déloger son ex-mentor devenu rival, Christian Estrosi.

« Ce que je souhaite, c’est offrir une nouvelle espérance aux Niçoises et aux Niçois », a déclaré M. Ciotti, attaquant le bilan de M. Estrosi, « élu au conseil municipal depuis quatre décennies » et qui a « dérivé » selon lui.

« Mauvaise gestion »

M. Ciotti a dit vouloir « rassembler (…) pour donner une nouvelle perspective » à la ville qui, d’après lui, « souffre d’insécurité » et d’une « situation financière extrêmement dégradée avec plus de 3 milliards d’euros de dette, avec des impôts qui ont massivement augmenté ». Il a précisé vouloir « effacer l’augmentation de 25 % des impôts que Christian Estrosi, du fait d’une mauvaise gestion, a mise en œuvre l’année dernière ».

Le patron de l’UDR a aussi dit vouloir « plus d’attention pour [les] familles, pour [les] jeunes », proposé que les écoles bénéficient de la climatisation et « que [les] aînés bénéficient de structures qui prennent en charge leurs difficultés ».

Quant à la situation nationale, « quand il y a une crise politique (…), il faut redonner la parole au peuple », a déclaré le député. « Le 8 septembre prochain, je ne donnerai pas ma confiance à François Bayrou », a-t-il annoncé, précisant : « Pas simplement pour les questions budgétaires », mais aussi « pour l’ensemble de son œuvre ».

« Tout mon soutien à Eric Ciotti », a commenté sur X le président du RN, Jordan Bardella, ajoutant : « Il connaît parfaitement sa ville, il aime ses habitants : il est le mieux placé pour apporter à la ville de Nice le renouveau dont elle a besoin. »

« Adversaire comme les autres »

Christian Estrosi, lui aussi ex-LR et désormais proche d’Edouard Philippe, avait été réélu pour un troisième mandat en 2020 avec près de 60 % des voix au second tour. Mardi, sur Sud Radio, interrogé au sujet d’Eric Ciotti, il a balayé : c’est pour lui « un adversaire comme les autres ».

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Les deux sont des enfants du pays. Après une carrière de champion de moto, Christian Estrosi a été à la tête de la région Provence-Alpe-Côte d’Azur, député, ministre de François Fillon ou de Dominique de Villepin. Avec son ami Renaud Muselier, actuel président de la région, il se présente comme un rempart au RN.

Eric Ciotti a, lui, commencé par être attaché parlementaire du jeune député Estrosi, avec qui il finira par se brouiller. Jamais maire ni ministre, il deviendra député, prendra la tête des Alpes-Maritimes et surtout celle du parti Les Républicains, avant un divorce fracassant. Il aura a été le premier chef du parti gaulliste à rompre le cordon sanitaire avec l’extrême droite, en s’alliant à Marine Le Pen après la dissolution de l’Assemblée nationale en juin 2024.

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La confrontation entre MM. Ciotti et Estrosi s’annonce rude, à moins que la justice rattrape l’un ou l’autre : les noms des deux rivaux apparaissent dans plusieurs enquêtes, sans qu’aucun des deux ne soit poursuivi à ce stade. Eric Ciotti est notamment cité dans une enquête préliminaire pour détournement de fonds publics, ouverte en mai autour de soupçons de cumuls d’emplois au conseil départemental des Alpes-Maritimes.

Christian Estrosi a, lui, été placé en garde à vue au début de l’été dans une enquête sur l’organisation de plusieurs événements à Nice. D’autres enquêtes sont en cours, portant notamment sur la reconstruction après la tempête Alex ou sur les conditions de sécurisation de la promenade des Anglais le soir de l’attentat du 14 juillet 2016.

Le Monde avec AFP