La deuxième saison de “The Rehearsal”, comédie satirique américaine, aurait eu un rôle déterminant dans le vote d’une loi contraignant les compagnies aériennes à surveiller la santé mentale de ses pilotes. Décryptage. Nathan Fielder, créateur de la série « The Rehearsal ».

Nathan Fielder, créateur de la série « The Rehearsal ». Photo John P. Johnson/HBO – Max

Par Pierre Langlais

Publié le 27 août 2025 à 15h38

Partager

Favoris

Lire dans l’application

Nathan Fielder, spécialiste du « cringe », humour qui repose sur le malaise et les quiproquos, a une obsession. Ce scénariste, réalisateur et acteur canadien est convaincu que la plupart des crashs aériens pourraient être évités si les pilotes et copilotes géraient mieux leurs émotions, communiquaient mieux entre eux, et donc étaient mieux suivis psychologiquement par leurs employeurs – on aimerait savoir si cette théorie arrange, ou non, les affaires des avocats des compagnies aériennes… Dans la saison 2 de sa série The Rehearsal, faux documentaire hilarant, passionnant mais malaisant, disponible sur HBO Max, il s’acharne à prouver, à coups d’expérimentations et de démonstrations loufoques, l’importance d’un esprit sain dans un cockpit sain. Jusqu’à suivre des cours de pilotage pendant deux ans et prendre lui-même les commandes d’un Boeing 737 dans l’ultime épisode…

Fielder semble se prendre très au sérieux, malgré l’étrange équilibre de son œuvre entre investigation et parodie, et une tendance à la manipulation psychologique qui font de lui un auteur controversé – certains intervenants de cette deuxième saison s’en sont publiquement plaints. Il réclame (en vain) une prise de parole devant le Congrès américain et a traité d’« idiots » les dirigeants de la FAA (Federal Aviation Administration), l’administration en charge de l’aviation civile américaine, lors d’un passage très remarqué sur CNN en mai dernier. Numéro d’acteur mégalomane ? Coup de pub ? Sincère inquiétude ? Son forcing, si satirique soit-il, pourrait payer.

Une loi, soutenue par les deux côtés de l’hémicycle aux États-Unis, vient d’être mise au vote pour encourager la FAA à pousser les pilotes à confier leurs souffrances psychiques – sans risquer de perdre leur job –, soutenue par une enveloppe de 13,7 millions de dollars par an pour embaucher des soignants, notamment des psychiatres. Après les débats enflammés jusqu’au Parlement anglais provoqués par Adolescence (Netflix), l’impact sur des affaires judiciaires de M. Bates contre le Post Office (vue sur Arte.tv) ou de Monstres : L’Histoire de Lyle et Erik Menéndez (Netflix), les séries continuent de jouer un rôle de perturbateurs sociétaux. Même quand, comme The Rehearsal, elles le font aussi pour rire.

À lire aussi :

“Adolescence” s’invite dans la politique britannique : et si les séries pouvaient vraiment changer le monde ?