Entre deux matchs amicaux, Pierre Mignoni fait le point sur la préparation estivale du RCT. Serein et déterminé, le manager toulonnais veut voir son équipe franchir un cap mental cette saison.

Quel enseignement tirez-vous, avec du recul, de la défaite à Perpignan (50-19) en match amical ?

Le score est sévère mais je m’y attendais un peu. J’avais laissé 17 joueurs à Toulon, ce qui rendait le match forcément plus compliqué. Cela n’enlève rien à la performance de l’USAP. On a pourtant réalisé une bonne première mi-temps avec des jeunes qui découvraient ce niveau. J’avais aussi besoin de les voir dans la difficulté. Il y a eu des choses positives dans plusieurs secteurs, mais aussi des déceptions. Rien d’alarmant.

Quelles satisfactions retenez-vous malgré tout ?

Voir ces jeunes évoluer à ce niveau. Ce sont des joueurs sur lesquels on mise, peut-être pas pour le court terme, mais à moyen terme. On pense déjà à la saison prochaine. Ils doivent accumuler du temps de jeu, c’est essentiel pour leur progression.

Qu’attendez-vous du prochain match amical à Clermont ?

On va aligner une équipe plus expérimentée. L’opposition sera de qualité. Clermont va se préparer sérieusement, car ils enchaînent à domicile pour la reprise du Top 14 face à Toulouse. Nous aussi, on va entrer dans le vif du sujet avant de se rendre à Montpellier. Même si ce n’est pas un match à enjeu direct, il devra être pris très au sérieux.

Êtes-vous satisfait de la préparation estivale ?

Oui, elle s’est bien déroulée. On a fait le choix de rester à Toulon plutôt que de partir en stage. On est pas mal ici. Faire 7 heures de bus pour faire un stage de 4 jours, ça use les organismes. Avec une intersaison courte, on a donc préféré optimiser notre temps ici, profiter de l’environnement, et laisser un peu de repos le week-end. L’objectif était de garder de la fraîcheur avant l’enchaînement des compétitions.

Quels axes de travail avez-vous ciblés cette saison par rapport à la précédente ?

On est restés dans la continuité. On n’a pas voulu tout changer. Ça s’est vu dès les premiers entraînements, même si ça ne s’est pas encore pleinement reflété sur le terrain. L’enjeu, c’est d’intégrer rapidement les nouveaux, qu’ils comprennent l’environnement, pas seulement le jeu. Être à Toulon, ce n’est pas anodin. Ils doivent en prendre conscience.

Trouvez-vous votre effectif plus homogène et ambitieux ?

On essaie de garder un noyau solide tout en faisant quelques ajustements. Il y en aura encore à l’avenir, mais on ne veut plus bouleverser l’effectif en changeant 15 joueurs chaque saison. Cette époque est derrière nous.

Après la défaite en demi-finale contre l’UBB, vous avez dit : “Nous n’étions pas au niveau”. Que faut-il changer ?

Effectivement, on n’a pas été à notre niveau ce jour-là, et on en a discuté en interne. L’important, c’est de comprendre pourquoi. Bordeaux a été au rendez-vous. Même à notre meilleur niveau, ils auraient pu nous battre, mais on aurait eu moins de regrets. Ce sont ces regrets qui font mal. Perdre en demi-finale ou en finale, c’est déjà dur, mais avoir des regrets, c’est pire. Ce jour-là, mentalement, on n’y était pas. On essaie d’en tirer les leçons. C’est une question d’expérience collective. Cette équipe en prend, et j’espère qu’elle continuera à en prendre cette saison.

Sur l’aspect mental justement, avec qui travaillez-vous ?

Avec Pierre Dantin, qui est très reconnu dans le monde du sport de haut niveau. Il a notamment travaillé dans la cellule performance des JO aux côtés de Claude Onesta. Il intervient auprès de mes leaders, de certains joueurs individuellement, avec moi-même et le staff. L’idée, c’est que tout le monde progresse sur ce plan-là.

Pensez-vous qu’il vous manque des leaders ?

Non, les leaders sont là. Mais tous n’ont pas répondu présent le jour de la demi-finale. L’objectif, c’est que tout le monde soit connecté au bon moment. C’est un point à améliorer. Ce groupe commence à écrire son histoire. Une demi-finale, ce n’est pas un titre, mais c’est une étape. Pour aller au bout, il faut vivre ces matchs-là, parfois les perdre, mais surtout apprendre et revenir chaque année. C’est notre objectif cette saison. Je veux voir cette équipe continuer à progresser. C’est ce qu’on a fait sur les trois dernières années. Maintenant, il faut franchir un nouveau cap.

Votre objectif cette saison est de progresser, ça veut dire une 1/2 finale de coupe d’Europe et une finale de Top 14 ?

Ça veut dire tenter de gagner des titres. Mais comme chaque année, il n’y a qu’un seul vainqueur. Sur 14 équipes, une seule soulève le bouclier. Les autres regardent. En Coupe d’Europe, on se déplace à Édimbourg et on reçoit Bath, un gros morceau. On sait ce que ça coûte de viser un quart à domicile, on l’a vécu l’an dernier. Il ne faudra pas se rater. On a envie d’y retourner, et surtout de franchir ce cap.