A Voté ! La dalle Maréchal Juin va bientôt (enfin bientôt…) se refaire une beauté : un chantier d’envergure pour renforcer l’étanchéité et repenser l’espace public au cœur du Colombier a été approuvé en juin dernier lors d’un vote au Conseil municipal.
Place du Maréchal- Juin – Street View – Map
En juin 2023, dans un contexte national fortement marqué par des épisodes caniculaires et les émeutes urbaines consécutives au meurtre de Nahel par un policier, une décision de justice est passée quasi inaperçue localement. Le tribunal administratif de Rennes a pourtant condamné la municipalité à verser un joli pactole de plus de deux millions et demi d’euros au Syndicat des copropriétaires des Garages du Colombier. Le litige portait sur la dalle du Colombier située au-dessus des parkings, jugée mal entretenue !
Tribunal Administratif de Rennes 12 juin 2023.
Un petit retour en arrière s’impose pour celles et ceux qui n’ont pas suivi l’affaire. La municipalité avait promis, main sur le cœur et enthousiasme, d’entretenir la fameuse dalle en échange de son accès libre au public. Pas bête et surtout bien pratique comme arrangement. Mais entre les promesses et les actes, il y a parfois un gouffre… Et surtout, il y a eu des infiltrations d’eau. Résultat : une dégradation des revêtements, une expertise technique, une médiation infructueuse, une condamnation qui fait mal au portefeuille, et une servitude perpétuelle de passage qui finit en eau de boudin.
Dans un contexte budgétaire tendu, que les rennais·es se rassurent : ce n’est pas la ville qui paiera. En tout cas, pas la totalité ! Depuis 2015 et surtout 2017, les espaces minéralisés sont entrés dans le domaine de compétences de la Métropole. On ne sait pas si les bons comptes font les bon·nes ami·es, mais les 42 communes du territoire devront, elles aussi, mettre la main, voire les deux, à la poche, et signer un p’tit chèque pour réparer ce manque d’anticipation de la commune.
[Dalle du Colombier] : la ville de Rennes condamnée à verser plus de 2.5 millions d’euros.
La ville de Rennes est condamnée, à la Métropole de sortir le chéquier !
Aujourd’hui, et comme dirait l’autre, les emmerdes, ça vole en escadrille. Cette fois-ci, c’est au tour du syndicat de copropriété de la tour de l’Éperon, qui vient de fêter ses 50 ans, de tirer le signal d’alarme : des fuites dans le parking souterrain en dessous de la dalle du Maréchal Juin s’accumulent… située à seulement quelques mètres du Colombier. Sans surprise, cette dégradation est due au vieillissement de l’ouvrage qui date de la fin des années 70, mais également au développement « d’une végétation peu adaptée au contexte ». Plusieurs arbres prennent semblent prendre beaucoup de place. Leurs racines ont peut-être « traversé l’étanchéité » (selon une note de la métropole que l’on s’est procurée, NDLR). Par ailleurs, l’état du revêtement ainsi que le fonctionnement médiocre de l’évacuation des eaux pluviales ont favorisé des zones d’eau stagnante également favorables à l’apparition de fuites.
Extrait MOP (Rennes Métropole)
Mais au contraire de sa voisine Colombier, les travaux ont bel et bien été lancés en temps et en heure… Mais, pas de bol, réalisés dès 2010, ils ont été retardés suite à la découverte d’amiante dans le flocage du parking. Les travaux de reprise de l’étanchéité ont été conditionnés par Rennes Métropole au désamiantage à réaliser par la copropriété… Travaux finalisés l’année dernière. Il était temps ! C’est pourquoi le Conseil municipal a voté en juin dernier une délibération pour terminer la remise en état de ladite dalle.
À ce stade, le coût global de l’opération est de 976 000 € TTC, dont 88 800 € à la charge directe de la ville. Le chantier devrait démarrer en septembre 2026 et s’achèvera à l’été 2027. Au menu : 1 700 m² de dalle à étanchéifier, un éclairage public à moderniser (bye bye les vielles ampoules, bonjour les LED, NDLR), et une végétation à revoir. Neuf arbres jugés incompatibles avec la structure seront supprimés (Aïe, qui a dit encore ? NDLR) mais promis, la municipalité compensera avec des zones d’ombre, des assises, et un peu de verdure compatible avec les contraintes techniques. Une aire de jeux pour les plus ou moins jeunes enfants est aussi dans les cartons. Mais gare ! L‘opération ne « vise néanmoins pas à faire de ce lieuun lieu de rassemblements spontanés ou organisés (marchés, manifestations artistiques et culturels…) » On rappelle que la municipalité a prolongé, jusqu’au 31 décembre 2025, l’arrêté interdisant tout attroupement sur la dalle du Colombier. Une mesure prise suite « à des nombreuses plaintes de riverain·es, commerçant·es et usager·es ». D’ailleurs, avant de lancer les engins de chantier, la Ville annonce les associer à travers deux ateliers participatifs et une réunion de restitution. Un effort louable, d’autant que le projet, inférieur à 1,9 million d’euros, n’entre pas dans le champ des concertations obligatoires prévues par le code de l’urbanisme. Reste que, ici comme ailleurs, ces démarches, souvent perçues comme un exercice de communication plus que comme un réel partage du pouvoir, donnent rarement lieu à des infléchissements majeurs. Affaire à suivre.
