La cheffe de file des députés RN, Marine Le Pen, a dénoncé un «mensonge» du premier ministre, rappelant que la lettre qu’elle lui avait adressée sur ses «propositions budgétaires» est «restée sans réponse».
Le nouveau cycle de discussions, qui doit s’ouvrir lundi prochain entre François Bayrou d’un côté et les chefs de partis et de groupes parlementaires de l’autre, ne s’annonce pas sous les meilleurs auspices. Promis à un échec lors du vote de confiance qu’il a lui-même convoqué, à l’Assemblée le 8 septembre, le premier ministre fait mine d’y croire encore. Et ce, malgré les intentions de vote négatives affichées par la gauche et le Rassemblement national (RN) – deux forces parlementaires qui, réunies, détiennent une majorité numérique dans une Chambre basse qui en est dépourvue.
Sa chute a beau être annoncée et même anticipée au plus haut sommet de l’État, le premier ministre veut faire savoir qu’il va se battre jusqu’au bout. Sur TF1, ce mercredi, il s’est dit prêt à «ouvrir toutes les négociations nécessaires» avec les oppositions sur son plan d’économies de 44 milliards d’euros… à «la condition préalable (de) s’entendre sur l’importance de l’effort» à entreprendre pour réduire la dette. Mais si l’urgence est telle, pourquoi ne pas avoir reçu les formations politiques dès cet été, dans la foulée de la présentation de sa feuille de route budgétaire, le 15 juillet, et surtout avant d’annoncer engager ce lundi, à la surprise générale, la responsabilité du gouvernement sur ce dossier ? «Parce qu’elles (ils, sic) étaient en vacances», a répliqué le Béarnais, assurant toutefois avoir «d’une manière ou d’une autre échangé directement ou par intermédiaire avec les uns ou les autres».
Une partie de la gauche hésite
Une petite phrase qui a eu le don d’agacer les oppositions, dont certaines hésitent désormais à se rendre à l’invitation de François Bayrou. C’est le cas de plusieurs responsables de gauche, à commencer par la secrétaire nationale des Écologistes Marine Tondelier, qui dénonce une «fake news» sur le réseau social X, rappelant que «la rentrée politique» de sa formation «a commencé lundi dernier à Strasbourg». De quoi tourner en dérision l’excuse des «vacances» invoquée par le premier ministre : «Ça en faisait, des jours pour s’appeler !». Invitée de LCI, elle a dit réserver sa réponse quant à sa venue à Matignon, «se demandant pourquoi il nous invite à discuter».
Même flou du côté du premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure, qui déplore la «désinvolture» du premier ministre sans indiquer s’il se rendra rue de Varenne. «Jusqu’où ira-t-il dans la farce et le ridicule ?», a ironisé l’insoumise Clémence Guetté. «On en connaît un qui sera bientôt en vacances», a renchéri le coordinateur de LFI Manuel Bompard, en référence à la petite phrase lâchée par François Bayrou.
Une attitude qui tranche avec celle du RN, engagé dans une entreprise de respectabilité, voire de notabilisation. Certes, la cheffe de file des députés nationalistes, Marine Le Pen, a dénoncé le «mensonge» de François Bayrou. «Le Rassemblement national n’était pas “en vacances”», a grincé l’élue du Pas-de-Calais, avant d’affirmer que la lettre qu’elle lui avait adressée cet été sur ses «propositions budgétaires» est «restée sans réponse».
Il n’empêche, la triple candidate à la présidentielle et le patron du RN Jordan Bardella ont confirmé leur présence la semaine prochaine à Matignon. «Sans aucune illusion», le parti nationaliste «répond toujours positivement à une invitation à dialoguer, même vaine et extrêmement tardive», explique la jeune figure nationaliste, qui plaide toujours pour un «retour aux urnes, par la dissolution ou la démission». Une solution qui selon lui reste nécessaire «pour sortir de l’impasse politique et redonner un cap au pays».