Par

Celestin de Séguier

Publié le

27 août 2025 à 18h00

« Je ne fais même pas de vélo », s’amuse Titouan Poudoulec-Lécrivain, confortablement attablé autour d’une table dans sa ferme familiale de Saint-Germain-en-Coglès (Ille-et-Vilaine). Propriété de ses arrière-grands-parents, de ses grands-parents puis aujourd’hui de sa mère, la ferme du Bas Val, il l’a dans la peau et connaît chaque recoin des terres attenantes, de son cheptel au petit ruisseau qui se jette dans la Loisance.

« Ma famille est installée en agriculture biologique depuis 1997 et on fait aussi du pain. Nous avons des clients dans tout le pays de Fougères », sourit Christian, son grand-père, agriculteur à la retraite, en descendant de son vélo électrique.

Se lancer dans le voyage à vélo, Titouan ne l’avait pas anticipé. « J’ai fait mon premier voyage en, vélo avec mon ami Paul Cavret il y a deux ans, entre Genève et Fougères. On a mis 8 jours en faisant entre 100 et 120 km par jour, c’était vraiment génial », sourit le sportif. « C’est lui qui m’a donné ce goût du vélo. »

« La natation et le vélo »

Étudiant en éco gestion, il s’est lancé des défis sportifs malgré des soucis de santé. « J’ai eu des problèmes de croissance et une maladie du talon d’Achille. Pour moi ça a été violent, jusqu’à déformer mon pied ».

Contraint de ne pratiquer que des sports doux, « la natation et le vélo », Titouan n’est pas découragé pour autant : « Le vélo est un excellent moyen de locomotion », rit le jeune homme qui envisage depuis longtemps de se lancer dans le voyage seul. « À l’origine, je voulais aller en Israël et en Palestine. À cause de la guerre j’ai ensuite pensé au Liban mais quand le Hezbollah est entré en guerre avec Israël je me suis dit que rejoindre la Turquie serait déjà un très beau défi. »

Après un peu de préparation, Titouan quitte Fougères le 4 juin dernier, son billet de train interail en poche et son vélo sous le bras. « Direction Munich ». Initialement, il voulait rejoindre la Turquie en train puis rentrer à vélo, mais le voyage apportant son grain de sel, rien ne s’est passé comme prévu.

Le jeune cycliste a profité de son périple pour s'initier à la pêche à la mouche.
Le jeune cycliste a profité de son périple pour s’initier à la pêche à la mouche. ©Célestin de Séguier« L’ambiance était magique »

Après cette escale allemande, le jeune homme met le cap sur la République tchèque et Prague sa capitale. « J’ai passé plus de 20 jours en Europe centrale, je trouvais ça trop bête de passer sans m’arrêter. »

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Après Prague suivent Vienne en Autriche, Budapest en Hongrie, puis Bucarest et la Roumanie avant une dernière étape en Bulgarie. « J’ai adoré ses plages de sable fin, mais la différence entre le littoral riche et les terres plus pauvres est saisissante. »

Arrivé en Turquie, le jeune cycliste commence par passer six jours à Istanbul et découvre la ville et ses quartiers à pieds et à vélo. « Mon auberge de jeunesse était proche de la tour Galata. » Au fil des rencontres, Titouan se fait des amis et profite de la vie nocturne, jusque dans un bar kurde : « L’ambiance était magique, ça chantait, ça dansait dans un cadre intimiste incroyable. »

Après la découverte d’Istanbul, le Breton embarque sur un ferry et met le cap sur Yalova et Bursa avant de rejoindre la ville d’Izmir. « J’ai eu un accident de vélo sur les rails du tramway. » Le choc est très brutal et en plus de se blesser légèrement, le cycliste casse une de ses sacoches, contraignant grandement ses capacités de chargement.

Après des réparations sur mon vélo, mes vitesses sautaient toujours et m’empêchaient de prendre des montées trop importantes. J’ai donc décidé de repenser mon programme et de prendre mon temps.

Titouan Poudoulec-Lécrivain

Amoureux de la bicyclette

Bien qu’amoureux de la bicyclette, le jeune homme en identifie aussi les limites. « Le problème du vélo, c’est qu’en ville on ne sait pas trop ou le poser et on peut vite l’avoir dans les pattes. Le poser à l’auberge, ça permet de prendre le temps de visiter et de rencontrer les habitants. Faire moins de vélo, ça m’a permis d’être moins speed et j’ai pu faire passer les cultures locales avant le vélo. »

Nice et le sud

Albanie, Montenegro, Croatie, Saint-Marin et l’Italie, Titouan n’a pas négligé une seule de ses destinations, jusqu’à ces quelques jours à Rome. « Colisée, Saint-Pierre, j’ai fait les monuments les plus emblématiques et je n’ai pas eu si chaud que ça », s’étonne le cycliste. Après un court passage à Florence et Gênes, Titouan finit par rejoindre Nice et le sud de la France.

« J’ai été rejoint par un ami mexicain qui habite à Paris et nous sommes allés randonner dans le Verdon, c’était sublime. » Entre deux bivouacs, Titouan apprend même la pêche à la mouche avec un ami rencontré sur la route.

Un prochain périple à vélo ? Encore rien de sûr mais il pense déjà à rallier les Pays-Bas à vélo avec un ami, à aller au Maroc en décembre prochain et pourquoi pas un jour, traverser l’Afrique à moto.

Derrière son amour pour les deux roues, Titouan veut porter un message, celui de « la catastrophe du transport aérien », selon les mots de son grand-père. « L’avion c’est trop de carbone dans l’atmosphère pour rien, autant voyager à vélo ! »

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