Porté disparu en août 2024, cet homme de 45 ans avait mis en scène un accident de kayak, afin de pouvoir se rendre en Géorgie et y retrouver une femme. Il avait fini par se rendre aux autorités en décembre dernier.
Une drôle de mise en scène, qui coûte cher. Après avoir simulé en août 2024 sa propre mort par noyade après un accident de kayak, Ryan Borgwardt, un père de famille de 45 ans, a été condamné ce mardi 26 août à 89 jours de prison par le tribunal du comté de Green Lake, dans le Wisconsin, État au centre des États-Unis, rapporte l’Associated Press (AP).
Alors que le parquet avait requis une peine de 45 jours de prison, le juge, Mark Slate, a prononcé une peine deux fois plus sévère, à savoir 89 jours d’emprisonnement. Cette durée n’est pas anodine : c’est le nombre de jours qui se sont écoulés entre sa disparition et la première fois que les autorités ont eu des nouvelles de lui, a justifié le magistrat, qui évoque un «effet dissuasif sur toute autre personne qui envisage de simuler sa mort et d’induire en erreur les forces de l’ordre».
Une fuite méticuleusement organisée
Tout commence le soir du 11 août 2024. Ryan Borgwardt, marié à une jeune femme de 22 ans et père de trois enfants, veut retrouver, en Géorgie, une femme d’origine Ouzbek avec qui il échange depuis plusieurs mois mais qu’il n’avait jamais rencontrée. Il met donc en place tout un stratagème pour parvenir à ses fins.
Fan de kayak, le quadragénaire annonce à sa femme qu’il se trouve sur le lac Green, situé à 80 kilomètres de leur domicile, à Watertown, dans le comté de Green Lake, pour s’adonner à cette activité. Mais en réalité, il prépare une longue escapade.
Sur place, il renverse volontairement son kayak au milieu du lac, jette ses papiers et rejoint le rivage grâce à un radeau gonflable qu’il avait pris avec lui. De retour sur la terre ferme, il prend son vélo électrique et pédale près de 70 kilomètres, jusqu’à Madison. Il monte ensuite dans un bus en direction de Toronto, au Canada.
De là, il prend un avion, en direction de Paris, puis un autre en direction d’un pays d’Asie, et il rejoint enfin la Géorgie, où il retrouve une autre femme qui l’attend. À son arrivée, ils sont restés plusieurs jours à l’hôtel, avant de s’installer ensemble en Géorgie, sans qu’il ne donne le moindre signe de vie, pendant plusieurs mois.
«Tout son plan pour dévaster sa famille afin de servir ses propres désirs égoïstes reposait sur sa mort dans le lac», dénonce ainsi la procureur, Gerise LaSpisa. Celle-ci précise qu’il avait aussi souscrit une police d’assurance-vie et demandé un passeport de remplacement.
Une enquête longue et coûteuse
Après la disparition de son mari, la jeune femme de 22 ans prévient les forces de l’ordre, qui se lancent alors à la recherche du disparu. Comme le souhaitait le quadragénaire, les autorités privilégient dans un premier temps la noyade. Des recherches sont menées pendant 58 jours pour retrouver le corps, sans succès.
C’est ainsi que l’enquête est élargie et de nouveaux indices laissent penser aux forces de l’ordre que le quadragénaire a simulé sa mort. Ils apprennent en effet la création du nouveau passeport et découvrent les discussions avec la femme en Ouzbékistan. Pour les enquêteurs, il n’y a plus de doutes possibles : Ryan Borgwardt est vivant.
Après plusieurs tentatives infructueuses, ils parviennent au cours du mois de novembre à prendre contact avec lui et tentent de le convaincre de revenir aux États-Unis. S’il refuse dans un premier temps, malgré les supplications de sa famille, il finit par accepter près d’un mois plus tard, en décembre, grâce à «la détermination et au dévouement de nos forces de l’ordre», a salué Gerise LaSpisa.
L’enquête a ainsi duré plus de 2 mois et a coûté près de 30.000 dollars aux autorités. Alors qu’il avait plaidé non-coupable lors des premières auditions, le quadragénaire finit par changer d’avis dans le cadre d’un «plaidoyer de non-contestation». Si la justice américaine ne considère pas cela comme un aveu de culpabilité, elle le prend toujours en compte pour déterminer la peine.
En plus de sa condamnation à 90 jours de prison, Ryan Borgwardt a dû payer les 30.000 dollars en restitution du montant des investigations. Son avocat, Erik Johnson, a déclaré que son client «regrettait profondément la douleur qu’[il] a causée à sa famille, à ses amis» et qu’il était rentré dans le pays «pour faire amende honorable». Un mea culpa insuffisant pour son épouse, qui a demandé le divorce après le retour aux États-Unis de son mari.