Le 27 août 2025, le conseil des ministres allemand a validé un projet de loi réintroduisant un service militaire volontaire. La mesure, portée par le ministre de la Défense Boris Pistorius, s’inscrit dans une stratégie politique assumée par le chancelier Friedrich Merz : démontrer la capacité de l’Allemagne à se défendre et à peser au sein de l’Europe.

Le retour du service militaire : un choix politique assumé par le gouvernement Merz

Le texte présenté à Berlin n’est pas qu’un simple ajustement militaire. Il marque la volonté du chancelier Friedrich Merz d’imprimer sa ligne stratégique. « Nous voulons rendre le service militaire plus attractif et attirer davantage de jeunes dans la Bundeswehr. C’est une étape importante », a déclaré le dirigeant chrétien-démocrate. En choisissant de s’appuyer d’abord sur le volontariat mais en prévoyant une possible bascule vers la conscription, le gouvernement se dote d’un instrument flexible, politiquement lisible, face à la menace russe.

Le ministre de la Défense Boris Pistorius souligne pour sa part la logique de dissuasion : « Ce n’est qu’alors que la dissuasion, dans son ensemble face à la Russie, devient réellement crédible ». L’objectif est ambitieux : 260 000 soldats d’active et 460 000 personnels avec la réserve pour répondre aux attentes de l’OTAN et affirmer le rôle de l’Allemagne comme pilier sécuritaire en Europe. Cette inflexion marque une rupture avec l’ère post-2011, où la suspension du service militaire avait symbolisé une Allemagne tournée vers le civil.

France : un débat plus symbolique que militaire

La comparaison avec la France révèle une approche très différente. Paris a mis en place en 2019 le Service national universel (SNU), présenté comme un outil d’intégration civique et de cohésion républicaine. Mais ce dispositif, centré sur un séjour de deux semaines pour les jeunes de 15 à 17 ans, n’a jamais eu de dimension militaire. En juin 2024 encore, le président Emmanuel Macron défendait un SNU obligatoire à l’horizon 2027, mais sans lien direct avec l’armée.

À l’heure où Berlin prévoit des 15 000 premiers volontaires en 2026, rémunérés à hauteur de 2 300 euros nets, la France n’évoque aucun retour à un service militaire opérationnel. Le contraste est net : l’Allemagne assume une militarisation progressive de sa jeunesse, quand la France privilégie l’éducation civique et la symbolique nationale.

Entre calculs politiques et rivalité stratégique

La décision allemande intervient aussi dans un contexte politique tendu. La CDU/CSU, force du chancelier Merz, pousse à la réaffirmation militaire, là où le SPD insiste sur l’attractivité du métier plutôt que sur la contrainte. Les critiques internes n’ont pas tardé : « S’en remettre uniquement au volontariat est un pari gravement imprudent sur l’avenir », a averti André Wüstner, président de l’association des soldats cité par ZDFheute. Mais l’exécutif préfère miser sur une trajectoire progressive, quitte à garder la conscription en réserve comme menace latente.

En France, l’absence d’équivalent militaire alimente un autre débat : comment crédibiliser l’engagement européen si Paris se limite à un service citoyen, tandis que Berlin renforce concrètement sa Bundeswehr ?