C’est fois, c’est parti. Après que la mesure a été votée fin juin, les mineurs de la Métropole Rouen Normandie et d’ailleurs pourront monter gratuitement dans tous les transports en commun du Réseau Astuce, à partir de ce lundi 1er septembre 2025.

C’est une nouvelle étape du programme social-écologique mené depuis 2020 par la majorité du président de la métropole et maire (PS) de Rouen (Seine-Maritime), Nicolas Mayer Rossignol, qui voulait mettre en place une « gratuité partielle et progressive », à commencer par la gratuité les samedis, puis lors des pics de pollution et des grands événements.

Lors d’un moment festif avec tambours et trompettes, ce mercredi 27 août près du Théâtre des Arts, l’élu rouennais a confirmé que toutes les personnes âgées de moins de 18 ans bénéficieront de la gratuité des transports en commun « tout le temps et autant de fois qu’ils le veulent ». « C’est la Métropole Rouen Normandie qui prend le coût en charge dans ses finances ce qui représente plusieurs millions d’euros (4,3 millions d’euros, NDLR). Aujourd’hui, cela touche 25 000 enfants », chiffre-t-il.

Il sera toujours nécessaire d’avoir une carte Astuce pour circuler. En effet, pour garantir un bon suivi de la fréquentation sur le réseau, simplifier les contrôles et éviter les fraudes, le mineur devra valider son titre de transport à chaque embarquement. Un titre qui, comme précédemment, est disponible via une carte magnétique ou sur smartphone, avec un abonnement annuel ou bien un titre valable 7 jours pour les voyageurs occasionnels. Pour en bénéficier, les familles peuvent désormais se rendre dans une agence Réseau astuce, ou bien sur le site et l’application My astuce.

La mesure était attendue des principaux intéressés, mais surtout par leurs parents. « Nous utilisons le bus et le métro pour aller en cours, au ciné ou sortir en ville avec les copains. On peut se déplacer comme on le désire, tous les jours sur toutes les lignes. Aujourd’hui, ce sont nos parents qui payent. Alors, cette décision est bien pour eux, car finalement pour nous, cela ne va pas changer grand-chose », confirment Célestin, Yanis et Ethan, trois amis âgés de 16 ans.

Des bénéfices pour la santé publique

Alors que le réseau génère des recettes annuelles de 31 millions d’euros, « le manque à gagner est compensé par des bénéfices sociaux, économiques et environnementaux », selon la Métropole Rouen Normandie. Cyrille Moreau, vice-président de la collectivité en charge des transports, des mobilités d’avenir et des modes actifs de déplacement, défend ainsi la mesure sur le plan de la santé publique : « 400 personnes meurent à cause de la pollution par an sur le territoire, qu’elle soit provoquée par les industries, l’agriculture et, principalement, l’activité routière. Donc, au-delà de la perte inestimable des personnes, on évite des coûts pour la société. »

« Nous avons déjà beaucoup baissé la pollution dans le centre urbain », pointe-t-il encore. « Nous sommes passés de l’indicateur OMS 40 à 20 et notre objectif est d’atteindre 10. Alors, cette gratuité est un petit élément dans un ensemble de mesures pour améliorer la qualité de l’air. »

Sur l’aspect économique et social, l’élu met en avant « l’augmentation du restant à vivre pour les familles et surtout monoparentales. C’est redonner de l’oxygénation à court terme. À long terme, les jeunes qui auront voyagé gratuitement, on espère qu’une grande partie d’entre eux continueront à utiliser les transports en commun et le vélo. Ce sera bon pour leur santé, leur porte-monnaie et la planète. Et puis, dans cette période compliquée, agir sur le budget mobilité, c’est redonner une respiration économique. »

Prochaine étape : la tarification solidaire

Mais alors, pourquoi ne pas passer à la gratuité pour tous ? « Parce qu’il reste 27 millions d’euros à financer qu’on n’a pas », tranche l’élu de la métropole. « Et, avec 20 à 30 % de fréquentation supplémentaire en cas de gratuité, il faudrait des moyens en plus. On estime que la gratuité totale coûterait entre 50 à 60 millions d’euros par an. C’est impossible dans la conjoncture actuelle. »

La prochaine étape sera donc plutôt celle de « la tarification solidaire », annonce Cyrille Moreau. Les bénéficiaires adultes ne seraient plus pris en compte par leur statut de retraité, chômeur ou étudiant, mais par leurs revenus.

« Il n’y aura plus qu’une catégorie, avec des tranches de revenus dont la première sera gratuite. Ainsi, des travailleurs dits pauvres ne paieront peut-être plus les transports en commun, alors qu’un cadre supérieur au chômage le paiera », développe-t-il. « On espère mettre cela en place rapidement. Et, si le contexte économique le permet, nous passerons aussi à la gratuité pour les moins de 26 ans, une catégorie fragile. »