Par

Cédric Nithard

Publié le

28 août 2025 à 9h20

Depuis son arrivée au bureau du 8e étage de la mairie, Michaël Delafosse voit le compteur qu’il a installé égrainer les jours. À 197 jours de la fin de son mandat, le maire de Montpellier aborde les quatre mois qui viennent avec un calendrier bien précis et un objectif clairement établi : montrer les transformations de la ville. En résumé, quatre mois pour progressivement faire oublier cinq ans de chantiers et prouver toute leur utilité avant de, peut-être, basculer dans les élections municipales dont il réserve sa réponse en janvier. Si l’heure n’est pas encore au bilan, la séquence qui s’annonce en prend toute la forme.

Le temps des inaugurations

À quelques jours de la rentrée des classes marquant pour beaucoup le retour aux affaires, Michaël Delafosse a tenu un point presse pour présenter la calendrier des livraisons des équipements publics de la fin d’année. « C’est instable au niveau national, nous ce sera très stable » avance le maire qui répète son crédo sur « le respect des engagements pris et si on ne peut pas il faut expliquer pourquoi » en prenant à témoin son programme de campagne de 2020. Et de vanter, en rappelant le covid et le choc inflationniste dans « un contexte où la France peine à avancer sur plein de sujets, nous, en l’espace de cinq ans et sept mois nous avons réussi à faire un certain nombre de grands travaux d’aménagement ». Les principales, en symboles avancés de ce mandat, étant la réalisation de l’extension de la Ligne 1 vers la gare Sud de France et bien sûr la Ligne 5. « Je revendique l’action, le volontarisme et surtout l’efficacité. Dire et faire pour ne pas se perdre dans l’inertie » met-il en avant en remerciant les services territoriaux et les agents qui « se sont pleinement mobilisés pour accompagner la transformation de Montpellier ».

Car il s’agit bien de cela que Michaël Delafosse défend. « Nous arrivons au terme d’une séquence qui amène à une transformation de la ville. Le 20 décembre quand la ligne 5 sera en place, nous aurons terminé les travaux ». En ayant conscience que « ce fut un moment parfois dur pour les gens et je remercie la patience de chacun et de chacune mais les choses sont faites ». Les inaugurations vont ainsi s’enchainer de septembre à décembre. Parmi lesquelles deux nouvelles écoles dès cette rentrée, la crèche Mireille Laget (12/12), deux épicerie solidaires, la rue Bonnard bouclant l’anneau vélo (12/09) et d’autres artères importantes pour les mobilités, la galerie cyclable de la place de la Comédie (27/11), la véloligne 10 et l’avenue Charles Flahaut (18/12), le parc Nino Ferrer (13/09), les places Max Rouquette (20/09), Saint-Denis (02/10), Renaudel (27/10), du 8 mai 1945 (10/12), Daviler pour permettre aux bus de l’emprunter (15/12) et des Martyrs de la Résistance (26/11), l’esplanade Charles de Gaulle (8 nov), le parvis de Rondelet (28/11), le portail du jardin des Plantes (15/12), l’extension de la ligne 1 vers la gare Sud de France (18/10) et bien sûr la ligne 5 (20/12). Sans oublier d’autres dossiers comme la fermeture du bidonville Jasse de Maurin (02/09), les travaux de rénovation des résidences Saturne et Uranus (13/10), le projet de restauration du Mikvé (29/10) ou des premières pierres avec la Cité de l’Alimentation (03/12) et deux écoles (10 et 12/12).

Le 20 décembre, un cap

« Il me reste 197 jours dans mon mandat et chaque jour doit être un jour utile pour le territoire de Montpellier et sa métropole » lance Michaël Delafosse qui entend prouver que « les changements en cours sont utiles ». Pour cela il se base d’abord sur l’indice Atmo. « 3 600 personnes étaient exposées à la pollution en 2021, nous sommes maintenant à 800. La qualité de l’air s’améliore » avance-t-il. Autre chiffre, le pourcentage de fuite d’eau passée de 23% en 2020 à 13% en 2025. Enfin, le Cerema (Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement) finalise une étude sur l’impact des politiques de mobilités et les changements de comportements. Des résultats attendus pour octobre que Michaël Delafosse annonce déjà « très encourageants ». Pour autant, l’édile reconnait : « Notre territoire a encore beaucoup de retard sur l’emploi, le développement économique, les mobilités. Je ne minore pas ces sujets ». Portant un regard de manière plus globale, il refuse de plonger dans le climat ambiant. « Le temps est plus que jamais à l’action. Il y a une forme de délitement au niveau national avec une situation préoccupante. Quand il y a une tempête, il faut un cap et à Montpellier vous avez un cap. La date du 20 décembre est clairement un cap qui annonce la réalisation de tous les engagements formulés devant les Montpelliérains et Montpelliéraines ».

Michaël Delafosse
Michaël Delafosse : « Je revendique l’action, le volontarisme et surtout l’efficacité. Dire et faire pour ne pas se perdre dans l’inertie ». (©CN / Métropolitain)

Si ce n’est un cap, il y a une échéance dans toutes les têtes, y compris la sienne. Mais Michaël Delafosse prend le temps de la réflexion en donnant sa décision quant à sa candidature aux municipales en janvier. Le gouvernement en a d’ailleurs annoncé les dates : le 15 mars pour le premier tour et le 22 mars pour le deuxième tour. En attendant, le maire de Montpellier aura quatre mois pour couper les rubans, savourer les premières pierres, lancer des projets et espérer que les contestations s’éteignent d’elles-mêmes. Une forme de campagne en soit dans laquelle seront engagés en parallèle les autres candidats qui ne se priveront pas de cibler le maire en attendant de le voir rentrer dans l’arène.

Verbatim

Pendant deux heures, Michaël Delafosse a d’abord fait une présentation exhaustive du calendrier des quatre prochains mois avant de répondre aux questions des journalistes. Situation du pays, la Gauche, la gratuité des transports, stades de rubgy et de foot, musée Nicollin et autres chauves-souris. Morceaux choisis.

La situation du pays

Le déficit de la France

« Notre pays connait un déficit de fonctionnement. Je suis pour la dette mais d’investissement pour lancer les infrastructures qui vont contribuer à la transition écologique. Notre pays a un déficit à cause des mauvais choix faits. Quand vous supprimez l’ISF et la redevance, cela plombe le déficit. Et quand vous dites à la France du travail que vous allez supprimer des jours fériés, que les franchises médicales vont doubler, c’est d’une violence ! Et surtout, quel programme au moment de la dissolution voulue par Emmanuel Macron a défendu cela ? Il y a des gens pour qui la vie est dure et ces personnes n’ont pas besoin d’être culpabilisées à cause du déficit public ».

Le vote de confiance

« Je souhaite que la Gauche ne la vote pas et elle ne le fera pas. Le Premier ministre demande la confiance et il ne peut pas l’avoir. Alors quel est le plan B ? C’est que la gauche travaille à un contre-budget. Ensuite, le président de la République devra choisir un Premier ministre qui respecte le suffrage universel. Il faut être sérieux ».

« Les Socialistes avaient fait le choix, dans les discussions, de laisser des possibilités à François Bayrou et on se rend compte que les engagements qu’il avait pris, il ne les a pas ou peu honorés. Et maintenant il demande aux Socialistes d’être responsables mais qui n’a pas été responsable ? On nous dit que l’on va refaire une négociation sur l’assurance chômage donc on va encore taper sur les chômeurs ? C’est la quatrième fois, ce n’est pas sérieux. L’État s’apprête à me supprimer le soutien au dispositif Territoire Zéro Chômeur. Je suis en colère car c’est quelque chose qui marche qui permet à des personnes de retrouver un chemin de l’emploi et de la dignité ».

Sur une éventuelle dissolution

« Il faudrait déjà que l’on m’explique pourquoi on a dissous la dernière fois. La décision appartient au président de la République même si j’ai vu que Jordan Bardella demandait une dissolution. Je pense le président de la République doit s’adresser à la force politique qui a le plus grand nombre de députés pour nommer un Premier ministre comme le fait le roi d’Angleterre, le président de l’Italie et celui de l’Allemagne. On doit respecter le Parlement et demander à cette force de proposer un gouvernement et ensuite on voit avec le vote si cela passe ou pas. C’est justement ce que personne n’a compris lors de la précédente dissolution. Je souhaite que le pays soit gouverné et une dissolution n’est pas la meilleure réponse à nos problèmes. On ne peut pas être dans le déni. Qui gouverne depuis sept ans ? Le déficit est là. Quelle efficacité économique pour la suppression de la redevance, du Pinel, de la taxe d’habitation et de l’ISF ? Les inégalités ont augmenté et les gens les plus aisés sont devenus plus aisés, il y a un truc qui ne va pas. C’est vrai que cela va être long jusqu’à l’élection présidentielle ».

Sur le mouvement du 10 septembre

« Notre démocratie sociale a été sacrément abimée par Emmanuel Macron. Sophie Binet (CGT) et Marylise Léon (CFDT) appellent à une intersyndicale pour travailler et organiser la mobilisation. Je m’inscris en disponibilité et en soutien de cette démarche. Qu’il y ait des expressions de colère dans le pays, je ne peux que le comprendre mais il est de la responsabilité des formations politiques et des organisations syndicales de formuler des contre-propositions. Je salue les Socialistes comme le député Philippe Brun qui travaille à un contre-budget. Il ne s’agit pas de dire que l’on n’est pas d’accord, il faut proposer un autre chemin. Le but est que le pays soit gouverné et aujourd’hui il doit l’être différemment ».

La Gauche

Sur le Nouveau Front Populaire

« J’ai soutenu le Nouveau Front Populaire car il y avait la menace de l’extrême droite. Je suis très attaché au rassemblement de la gauche mais en fidélité avec les valeurs de la gauche. D’ailleurs, je conduis une majorité de rassemblement de la gauche et des écologistes qui n’est pas que de mon fait, c’est le fait de nombreux compromis politiques et de discussions. On a fait ensemble et on s’est enrichis mutuellement. Aujourd’hui, il y a la volonté d’une primaire pour oeuvrer au rassemblement de la gauche et j’appuie ce processus pour permettre une qualification de la gauche au second tour. Après, il y a une force politique qui ici a préféré faire alliance avec monsieur Altrad au second tour, qui a contesté la gratuité des transports, qui demande de désarmer la police et de couper les caméras de vidéoprotection… or, pour moi, tout cela est non négociable. Plus on arrivera à créer du rassemblement à gauche, plus on créera une force d’entrainement ».

Pas assez à gauche ?

« Il y a toujours eu des gens qui ont fait des procès en gauche. Je connais ça depuis que j’ai commencé à militer. On est jamais assez à gauche. Quand on regarde ce qui se fait dans les territoires, Montpellier incarne le plus la radicalité transformatrice. La gratuité des transports est une table renversée, le service public de l’eau pour la distribution et l’assainissement, notre politique alimentaire, l’écologie dont on me reproche d’en faire trop… Je ne vais pas faire ici l’histoire du Léninisme mais il y avait déjà le procès du bloc des droitiers par les staliniens dans les années 30. Il y aura toujours des gens pour dire que l’on n’est pas assez à gauche. Certains souhaitent la défaite de la gauche pour espérer mieux prospérer, c’est un pari qui mène au chaos ».

Sur l’écologie

« Je suis écologiste, profondément écologiste. Je circule à vélo, je fais passer toutes les voitures de la mairie à l’électrique, je demande à ce que l’on fasse des efforts… Ce qui fait du mal à l’écologie c’est quand elle commence à faire la leçon aux gens parce qu’ils se comportent mal. J’invite la gauche à faire attention à cela. Il ne faut pas mépriser les gens, il faut les respecter. À travers plusieurs mesures, j’essaie d’aider les gens à avoir des choix dans leur mode de consommation ». 

Sur la sécurité

« Je suis un maire de gauche très investi dans la sécurité. Nous avons créé la plus grande police métropolitaine des transports de France avec 42 agents, nous allons présenter 50 nouveaux policiers municipaux d’ici la fin de l’année, nous avons la brigade du GSRI dans le logement social, nous allons raser en décembre dix garages de blanchiment d’épicerie rue de las Sorbes, nous sommes passés de 300 à 800 caméras et la coopération qui est à l’oeuvre entre la municipalité et les responsables de la sécurité est saluée partout en France comme un modèle. Je n’ai pas attendu la loi narcotrafic pour expulser les dealers des logements sociaux. On ne lâche rien. La question de sécurité est majeure. Il y a ceux qui sont dans le déni et ceux qui sont dans l’action, il y a ceux qui commentent et instrumentalisent la détresse des victimes et ceux qui s’efforcent d’apporter justice aux victimes. Le conseil municipal de Montpellier a également financé deux commissariats de la police nationale : un à la Mosson pour travailler à la coordination avec la police municipale et celui devant la gare. Quand vous voyiez les conditions de travail de nos policiers nationaux, elles étaient indignes. D’ailleurs j’ai été chaleureusement remercié par le préfet, les policiers… Ici, nous avons le record absolu des fermetures administratives des épiceries de nuit qui sont des vitrines, pas toutes comme c’est le cas de monsieur Letaief qui est un historique, pour le narcotrafic. On assume la lutte contre les marchands de sommeil et ceux de Font del Rey ont été condamnés. Aujourd’hui, la justice n’est pas suffisamment dotée pour lutter contre les marchands de sommeil, c’est pourquoi j’appelle le Parquet à y consacrer plus de moyens. On ne lâche rien sur la sécurité mais il y a un sujet global dans le pays. Comment se fait-il que des mineurs de moins de 16 ans ne soient pas scolarisés ? J’ai les pouvoirs du maire mais il y a là un sujet national. Si certains on pouvait leur faire reprendre les bancs de l’école ce serait bien, d’autres les bancs de l’insertion et pour d’autres c’est l’encadrement militaire. On ne peut pas laisser des jeunes en situation de déshérence ou de condamnation sans avoir la moindre réponse. Toutes les villes et tous les maires sont confrontés à cela. C’est dur mais on vit une société où ces questions là ont pris une certaine dimension mais je ne lâcherai rien sur les questions de sécurité. Il faut par ailleurs un grand plan sur la santé mentale. La question de la psychiatrie est fondamentale. Des gens en très grande vulnérabilité passent du CHU à la cellule de dégrisement. Il y a un manque de moyens considérable. Sans évoquer la surpopulation et les conditions de détention comme à la prison de Villeneuve-lès-Maguelone dont la directrice est formidable. Il y a de nombreux sujets, c’est pourquoi il faut mettre plus d’énergie à résoudre les problèmes et trouver des solutions plutôt que dans des polémiques stériles. Les transformations urbaines comme à la Mosson participent à cela. Je suis d’ailleurs très frappé de voir l’extrême droite instrumentaliser tout cela alors que dans les villes qu’ils gèrent ce n’est pas mieux ».

Michaël Delafosse
Michaël Delafosse donnera sa décision de se représenter en janvier. (©CN / Métropolitain)Vers un deuxième mandat ?

Sur sa candidature

« Bien sûr que l’action que je conduis est dans ce mandat mais elle projette la métropole dans le long terme. D’ailleurs, le conseil du 16 juillet a été un conseil important pour le territoire en réglant trois problèmes structurants : depuis 30 ans le dossier du COM était dans l’impasse, les déchets étaient une arlésienne et le PLUI apporte une vision du territoire pour les vingt prochaines années. J’ai un temps qui est le temps des promesses, qui sont honorées, et j’ai un temps personnel. J’essaye de tenir cette cohérence sur un triptyque qui est ma famille, mon travail et mon engagement depuis toujours. Vendredi je ferai ma rentrée de professeur et samedi je serai à Blois pour les université d’été du PS. Ma famille paye chère ce que je fais et je suis très attentif à cet équilibre. Je prendrai du temps personnel en décembre pour savoir ce que je fais. Mon équipe et la majorité de gauche et écologiste travaille déjà aux idées pour penser Montpellier. J’aurai une décision personnelle à prendre pour y retourner et pourquoi faire. Je m’exprimerai début janvier. J’ai tellement vu de gens faire le mandat de trop et ne vivre que pour ça. Si je ne suis plus maire, je retourne dans une salle de classe à plein temps et je ne serai pas dépaysé parce que j’y suis toujours dans une salle de classe ».

Sur le calendrier judiciaire

« Le SRPJ est venu sur deux sujets : le rapport de la CRC pointant 300 emplois et l’action menée par monsieur Bozonnet pour régler le problème du bidonville de Celleneuve. Je ne connais pas le calendrier judiciaire. Chaque fois que la cour des comptes nous a fait une prescription nous l’avons mise en oeuvre. Si on doit répondre de choses, on répondra de choses comme on répond toujours. Mais c’est vrai qu’aujourd’hui c’est un nouveau phénomène que cette judiciarisation très forte de l’action politique. Des fois on me dit que je devrais porter plainte parce que je me fais insulter mais je ne veux pas encombrer les tribunaux parce que la priorité c’est la lutte contre le narcotrafic. Dans les conseils, tous les élus doivent faire attention au moment des votes. J’ai mis en place un conseil de déontologie pour les accompagner dans le vote du PLUI. Tout nous expose. Je ne peux pas en dire plus mais ce que je ne souhaite pas c’est qu’il y ait une instrumentalisation. Tous les ans nous présentons les bilans des rapports de la Cour des Comptes sur ce que l’on met en oeuvre mais il y a des sujets qui sont d’interprétation. C’est comme ça maintenant et c’est d’ailleurs un sujet à cause duquel des maires arrêtent. À l’Association des Maires de France, nous demandons à clarifier des lois comme sur le conflit d’intérêt. Si je vote une subvention pour un club dans lequel est mon fils, je suis en conflit d’intérêt et on peut judiciariser. C’est d’ailleurs ce qui est arrivé à Madame Jannin. Si je dois m’expliquer, je m’expliquerai sur tous mes choix, je ne me cacherai pas. Après, ce qui est fondamental c’est la lutte pour la probité des élus ».

La gratuité des transports

Une mesure à défendre

« La gratuité des transports est une mesure très contestée. Ce que je constate c’est que plein de Montpelliérains me disent « tenez bon », « vous faites du bien à notre pouvoir d’achat ». Je disais dimanche à un responsable d’un parti politique que cela devrait être dans le programme des municipales partout en France. Elle fait du bien socialement mais elle accompagne aussi de manière positive les changements de comportement. Ici, la gratuité sera attaquée pendant les municipales mais moi ou l’équipe de gauche qui oeuvrera on va la défendre. D’ailleurs, partout en France, plein de candidats en parlent et m’appellent pour leur expliquer. Nous avons reçu des dizaines d’élus. C’est une grande mesure qui change les choses ».

Vers la gratuité totale des transports en commun ?

« La gratuité c’est 27% en plus de fréquentation. La gratuité c’est la mesure la plus puissante pour le pouvoir d’achat et l’écologie. Rétrospectivement je me dis « Yes we can ». Alors la gratuité est critiquée mais je vois tellement de réseaux payants qui fonctionnent moins bien que le nôtre. D’autres communes, comme c’est le cas de Montarnaud, peuvent nous rejoindre. Mais je le dis avec beaucoup de clarté, ce n’est pas choquant que les personnes qui viennent de l’extérieur et ne contribuent pas fiscalement sur le territoire, participent au financement du voyage. On va améliorer un peu le système car il y a eu de petits désagréments mais les gens comprennent. Je ne suis pas pour une gratuité totale car ceux qui contribuent fiscalement doivent pouvoir bénéficier de la redistribution. Ce n’est pas absurde ».

Pourquoi faire une campagne de pub à Paris pour la gratuité ?

« Je dis souvent que les forces qui travaillent le monde c’est le dénigrement et le repli. Moi je suis le maire de Montpellier et Montpellier ce n’est pas rien, c’est une ville qui va de l’avant, qui a été pionnière dans plein de domaines. Quand on est à Paris, la gratuité des transports cela veut dire cela, que l’on prend des risques, que l’on fait des choix. On vient dire qui nous sommes. Nous étions 15 000 sur la place de la Comédie pour le lancement de la gratuité parce que les Montpelliérains se sont dits que nous étions en train de faire un truc incroyable. Nous devons dire qui on est, que nous ne sommes pas dans le dénigrement mais dans l’action. Il y a une crise écologique, on fait la gratuité des transports. Le premier acte du président Trump a été de dénoncer les accords de Paris, moi, ailleurs, je dis que nous sommes une ville qui fait des choix et c’est important de le dire. Et des gens se disent que ce serait bien que, dans leur ville, on fasse comme à Montpellier. Tout n’est pas parfait à Montpellier, il y a plein de choses à faire encore, mais on est fiers d’être à Montpellier. Nous devons porter un message positif de capacité à faire. Il ne faut rien lâcher, nous sommes Montpellier, nous avons une culture du projet. Comme le dit Edgar Morin, tout ce qui ne se régénère pas, dégénère ».

Une mesure applicable partout ?

« Notre dynamique a été celle du versement mobilité qui a apporté plus 21% en recettes et a financé la gratuité des transports qui s’élève aux alentours de 30M€. C’est pourquoi nous l’avons fait par étape. À Dunkerque, Patrice Vergriete perdait 1 000 habitants par an donc de la recette fiscale. En faisant le pari de la gratuité, il a changé l’image de sa ville et il retrouve des habitants et de la dynamique fiscale. Des territoires richissimes comme Lyon ou Paris pourraient s’engager dans ce choix. Gouverner c’est choisir. La noblesse de la politique c’est de faire des choix. On me questionne sur le coût de la gratuit mais personne n’interroge sur le coût d’entretien des routes qui elles aussi sont gratuites. D’ailleurs, si on en a parlé à Paris, c’est qu’une des priorités du territoire est de créer des espaces pour les entreprises car beaucoup cherchent des territoires qui ont du sens pour leurs collaborateurs. À Montpellier, vous êtes dans un territoire engagé qui vous permet de participer à ces transitions et c’est aussi un élément de rayonnement et d’attractivité ».

MHR et MHSC

Sur le stade de rugby

« C’est d’abord un très beau stade qui sera bientôt desservi par la ligne 5 ce qui d’ailleurs créera une valorisation foncière pour lesquels nous prenons des mesures anti-spéculation. Nous avons refait la pelouse ce qui nous a coûté 500 000€. Il y a le club occupant qui a des responsabilités comme tout locataire. C’est ce que nous avons rappelé. S’il y a un problème, on peut nous écrire et discuter. Là, on a eu droit à une vidéo qui a fait l’objet d’une instrumentalisation. Je souhaite de très bons résultats au MHR qui reçoit 1,8M€ d’argent public de la Métropole. Ce club appartient aux Montpelliérains et merci à ceux qui le dirigent de continuer à le porter. J’ai vu que pour tous mes prédécesseurs cela a été dur un an avant des échéances. Je ne vais pas polémiquer ».

Sur le projet de stade de foot et de musée

« Laurent Nicollin voulait financer son stade. La situation a été très difficile et le MHSC a vécu une année très dure. Aujourd’hui, tout est fait pour continuer cette grande aventure. Nous allons faire deux choses. D’abord, nous avons commencé à travailler sur le projet de musée qui était une composante du stade et pour laquelle j’avais dit être prêt à ce qu’il y ait un financement public. Le sujet avance bien et nous aurons l’occasion d’en parler. Le lieu est trouvé. Ensuite, nous parlerons avec Laurent, à l’occasion de la photo officielle, du projet de stade. Un stade c’est 250-300M€. La question est de savoir si on finance un stade public donc il faudra l’écrire dans un programme électoral car si on finance un stade, on ne finance que ça. Ou est-ce qu’on accompagne un projet privé ? J’ai travaillé à cela et nous étions présents pour financer le musée et les aménagements de voirie. C’était un modèle comme celui fait par Jean-Michel Aulas à Lyon. Je ne change pas de position. Notre stade actuel est à la Mosson où nous engageons des rénovations importantes et pour l’instant c’est là que les choses se passent. Pour le futur stade, j’avais proposé un lieu qui était à la place de Shopping Promenade, il y a eu ensuite une deuxième discussion pour le parc des Expos en lien avec la Région. Quant au financement, Laurent Nicollin avait tout bouclé et la Banque des Territoires s’est déjugée en promettant un prêt de 115M€ à 15M€. La Banque a planté ce projet puis le coût des travaux a explosé avec l’inflation. Quand on est un investisseur privé, c’est normal alors de se poser des questions et avec la saison qu’a vécu Laurent, il avait la tête ailleurs ».

Économie

Qui après la clinique Clémentville à la Mosson ?

« Cela n’a pas été la meilleure nouvelle de la fin de l’année scolaire mais je n’ai pas dit mon dernier mot. La résignation n’est pas dans mon registre de sentiments. Cet été, je n’ai pas pris véritablement de vacances, je me suis occupé entre autres de ce dossier et d’ici quelques semaines nous auront une réponse et déjà les groupes de travail sont en place. On tente des choses et on aimerait que ça marche mais des gens refusent, dont acte. Je ne ferai pas offense aux pharmaciens et aux médecins qui sont encore à la Mosson mais aujourd’hui il y a un problème d’accès aux soins. Même dans la ville de la médecine c’est difficile. Nous travaillons sur un autre projet. Je veux rééquilibrer ce quartier, c’est ma promesse. J’ai pris des décisions qui ont été peu commentées mais qui à mon sens sont importantes. Toutes les personnes qui travaillent sur le projet de rénovation sont à la Mosson, le siège d’Altemed va s’y implanter et François Bayrou est venu annoncer que le Centre des Impôts s’y implante également. Ensuite, tous les matins, on pêche pour essayer de faire venir des entreprises. Ce qui était intéressant avec la clinique c’est qu’un acteur privé est venu jouer le jeu. Pour des raisons qui leur appartient ils ont finalement décliné, je le regrette mais ne leur en tiens pas rigueur. Cela arrive, c’est la vie des projets. Tous les jours, j’essaye de convaincre les gens d’implanter leur entreprise à la Mosson. On va essuyer des refus et on aura des succès. La clinique ne vient pas, je travaille sur un autre projet, qui ne sera pas forcément un établissement de santé ».

Sur l’installation de Primark

« Primark a recruté 200 personnes dont 97% sont des jeunes de Montpellier. Je me battrai mordicus pour l’emploi donc cela fait du bien. La fast fashion existe et on ne va pas être hypocrite, on a tous des comportements… Je ne vais pas me mettre à culpabiliser des familles qui ont des difficultés et qui essayent d’habiller correctement leurs enfants. Shein et Temu, c’est un autre sujet car ce sont des modèles mais il ne faut pas mépriser les gens. Ce sont aux lois nationales et européennes de travailler sur le textile ».

Sur le SERM

« Nous avons fait la part du travail sur le réseau intramuros de Montpellier. Avec la Ligne 5, nous aurons le meilleur ratio de rails par habitant, 85% de la population sera à proximité d’une offre de transport en commun. Le boulot se joue maintenant à l’extérieur de la ville et avec la réalisation de la LGV qui nous permettra de faire le cadencement des TER vers Villeneuve-les-Maguelone, Vic-la-Gardiole et Sète pour avoir le même réseau que celui de Baillargues dont le pôle d’échange multimodale fonctionne très bien. J’ai écrit à Carole Delga pour financer le SERM de Montpellier car aujourd’hui nous devons développer l’offre de transport en commun au-delà de la métropole ».

Polémique des chauves-souris

Sur les chauves-souris euthanasiées

« L’équipe du zoo a mené un travail important pour essayer de confier à d’autres zoos les chauves-souris. Certains me disent qu’il fallait les relâcher parce que cela lutte contre les moustiques mais vous avez vu le flux de virus, il y avait un vrai sujet de santé publique. Pour l’équipe du zoo ce n’est pas simple mais ce sont des professionnels et la question sanitaire est une question majeure. C’est cela qui a primé après avoir essayé toutes les solutions possibles. Ce n’est jamais drôle de prendre ce genre de décisions et je soutiens les équipes du zoo dont la directrice Marine Baconnais est formidable. Et je sais ce que cela représente pour elle, ce n’est jamais de gaieté de coeur ».

Sur Eddine Arriztegui

« Eddine Arriztegui est un élu très engagé sur la cause animale qui a fait faire beaucoup de progrès à la Ville de Montpellier. Eddine est co-président du Parti Animaliste, il a des convictions très fortes, chacun de nous avons les nôtres et il m’a fait évoluer sur des sujets. Nous avons une appréciation différente sur ce dossier et donc il s’en émeut, ce que je peux comprendre. Il a fait un recours, bon… Eddine a fait bougé beaucoup de choses sur une question que nous ne nous posions pas collectivement, il a fait bougé les lignes. L’hôpital de la faune sauvage est un projet très important par exemple ».

Sur la fermeture de la serre amazonienne

« Il y a visiblement des nostalgiques du gaspillage d’argent public. Il y a des malfaçons d’origine, cela arrive, je ne vais pas polémiquer. La serre a un budget énergie qui nous coûte 400 000€ pour la maintenir. Il faut savoir faire les choses ailleurs. C’est anachronique comme type de projet et ce n’est pas une mission de service public. Soit on était dans une position à dépenser des dizaines de millions d’euros pour la transformer et garder un coût de fonctionnement très élevé, soit on faisait des économies, que j’assume, et on lancera un appel à manifestation d’intérêt pour la structure afin de voir ce que l’on peut faire dans le cadre du projet du Grand Lunaret ».

Personnalisez votre actualité en ajoutant vos villes et médias en favori avec Mon Actu.