Syndicats et patronat négocient des salaires à la hausse malgré la crise
L’inflation a durement frappé les travailleurs allemands. Mais, depuis l’année dernière, des accords salariaux conduisent à des revalorisations substantielles outre-Rhin, particulièrement marquées dans le secteur des services. Alors même que l’économie nationale est en récession et que le chômage augmente.
Paul Langrock. — Chaîne de montage dans l’usine Volkswagen de Zwickau, Allemagne, 2023
© Paul Langrock/LAIF-REA
C’est la fin de la pause de midi. Une dizaine de salariés de l’usine Weitkowitz de Peine, ville de 50 000 habitants dans le nord de l’Allemagne, fument sous un auvent. Cette filiale d’un groupe basé dans le Tyrol du Sud italien produit des cosses de câbles pour l’industrie automobile, ferroviaire, éolienne. Le comité d’entreprise hebdomadaire vient de se terminer. Cette structure de concertations entre salariés et employeurs est l’un des pivots de la cogestion des entreprises à l’allemande. Ici, il n’existe que depuis 2022, grâce au combat de syndiqués.
Ceux-ci savourent encore leur première victoire, obtenue au début de l’année à l’issue de négociations ardues, mais qui se sont déroulées finalement sans grève : de substantielles augmentations grâce à un accord d’entreprise qui reprend les grilles de la convention collective de l’industrie métallurgique et électrique. Pour certains employés, il en résulte jusqu’à 20 % de salaire en plus. « Avant, le salaire d’entrée pour un opérateur de production était autour de 2 150 euros brut, on est maintenant à 2 789 euros », illustre M. Jonas Hartjenstein, ouvrier de 35 ans et président du comité d’entreprise. Sur l’ensemble des 185 salariés, la hausse s’élève en moyenne à 10 %. « Pour beaucoup, cela fait vraiment une différence sur la fiche de paie », poursuit son collègue M. Marcel Hoppe, électricien. Par ailleurs, le temps de travail hebdomadaire est réduit de trente-sept à trente-six heures.
Au moment où les salariés de Weitkowitz décrochaient des augmentations, à quelques dizaines de kilomètres de là, les représentants des employés du groupe Volkswagen tentaient, eux, de sauver des milliers de travailleurs du chômage. En septembre, le vaisseau amiral de l’industrie automobile allemande annonçait la suppression de 35 000 emplois dans le pays d’ici à 2030. Sous la pression du puissant syndicat IG Metall, les réductions d’effectif n’impliqueront pas de licenciements secs. Mais des annonces similaires se multiplient parmi les fleurons de l’industrie (…)
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