Au Royaume-Uni, le parti de droite nationaliste Reform UK affirme qu’il serait prêt à expulser jusqu’à 600 000 migrants sur un quinquennat s’il remportait les prochaines élections, rapporte la BBC le 26 août. Nigel Farage promet d’interdire l’asile aux personnes arrivant par « petits bateaux », de les détenir puis de les renvoyer, au nom d’un plan baptisé « Operation Restoring Justice ». Travaillistes et conservateurs jugent ces propositions irréalistes ou recyclées.
Lançant son plan, Nigel Farage a soutenu que « la seule façon » de stopper les traversées clandestines de la Manche est de « détenir et expulser absolument toute personne qui arrive par cette route ». Selon lui, « si nous faisons cela, les bateaux cesseront d’arriver en quelques jours ». Le dirigeant, qui considérait naguère les expulsions massives comme « impossibles politiquement », affirme désormais disposer d’« un plan crédible » permettant de renvoyer « des centaines de milliers de personnes » sur la durée d’un gouvernement Reform.
Détention systématique et reconduites accélérées
Son président, Zia Yusuf, juge « totalement » réaliste l’option de 500 000 à 600 000 expulsions sur un mandat, tout en admettant « compter l’inquantifiable » quand il évoque « plus de 650 000 adultes » en situation irrégulière au Royaume-Uni. Le dispositif reposerait sur l’arrestation à l’arrivée, la détention sur d’anciennes bases de la RAF et la montée en puissance de centres de rétention construits dans des zones reculées, avec une capacité annoncée de 24 000 places sous 18 mois.
Reform UK veut porter les vols d’éloignement affrétés à cinq par jour et offrir 2 500 livres sterling aux personnes qui accepteraient un retour volontaire, dans une approche « carotte et bâton ». Le parti chiffre l’enveloppe à 10 milliards de livres sur cinq ans, estimant que la facture des hôtels pour demandeurs d’asile et d’autres coûts diminuerait à terme.
Pression diplomatique et bases offshore
Sur le versant international, la formation prévoit 2 milliards de livres pour proposer des paiements ou de l’aide à des pays comme l’Afghanistan afin qu’ils reprennent leurs ressortissants, avec des sanctions contre les États jugés non coopératifs. Des accords seraient recherchés avec le Rwanda ou l’Albanie pour l’hébergement de migrants en attente de renvoi, et des territoires d’outre-mer britanniques serviraient de « filet de sécurité ».
Reform UK n’a pas précisé quelle part de l’objectif de 600 000 concernerait des arrivées futures ou des personnes déjà présentes ; à titre de repère, 10 652 retours liés à l’asile ont été enregistrés sur l’année achevée en juin, un volume sans commune mesure avec l’ambition affichée.
Un projet de loi en rupture avec les textes internationaux
Le cœur juridique du projet serait une loi « Illegal Migration (Mass Deportation) Bill » imposant au ministre de l’Intérieur un devoir de renvoi et une interdiction à vie de ré-entrée pour les personnes expulsées. Le texte « désappliquerait » des traités comme la Convention de 1951 sur les réfugiés et s’accompagnerait d’une sortie de la Convention européenne des droits de l’homme (CEDH).
Le Human Rights Act serait remplacé par une « British Bill of Rights » limitée aux citoyens britanniques et aux résidents en situation régulière. L’opposition travailliste qualifie l’ensemble d’inapplicable, quand les conservateurs accusent Reform UK de reprendre des idées déjà avancées plus tôt dans l’année.