En ces moments de désenchantement où le renoncement se répand, quand ce n’est pas l’abandon de son âme à l’extrême droite, il est plus que salutaire de se souvenir de tous ceux qui se sont levés contre la barbarie nazie pour rétablir la démocratie. Une démarche d’autant plus salutaire dans un département qui a envoyé 7 députés RN sur 8 à l’Assemblée nationale. C’est tout le sens de la commémoration des 81 ans de la libération de Toulon qui s’est déroulée hier soir place Gabriel Péri.
« En ce 28 août 2025, nous allons solennellement nous engager à ne jamais oublier que c’est parce que ces hommes et ces femmes se sont battus il y a huit décennies que nous sommes aujourd’hui des femmes et des hommes libres », a lancé la maire de Toulon Josée Massi (SE), en rappelant en substance que les leçons de l’Histoire doivent servir à éclairer notre présent.
« À quoi sert de rendre hommage aux morts tombés pour la France durant la Deuxième Guerre mondiale si nous ne sommes pas capables, aujourd’hui, de protéger ce qu’ils nous ont offert au prix de leur vie ? », interroge-t-elle.
L’occasion de rappeler que « la haine et l’intolérance, sont toujours là », et « qu’à force de démagogie, une vague destructrice, amplifiée par les réseaux sociaux, prend peu à peu racine ».
La première magistrate du Port du Levant souligne « qu’ailleurs, en Europe, la banalisation de certains discours teintés de xénophobie et de sectarisme prospère en s’appuyant sur les peurs diffuses, les égoïsmes ordinaires et les lâchetés du quotidien ». Ici aussi, aimerait-on préciser.
« Qu’attendons-nous pour réagir ? »
Et de lâcher alors, un sans équivoque : « Qu’attendons-nous pour réagir ? Allons-nous garder le silence devant des discours sectaires, nationalistes ? »
On est très loin ici, soit dit en passant, de cette droite LR qui dans notre département cultive l’amnésie collective pour préparer les accords de demain, comme celle incarnée par le maire de Saint-Raphaël Frédéric Masquelier (Lire page 14).
Pour la maire de Toulon donc, pas question d’oublier que « le Nazisme s’est appuyé sur la démocratie pour se légitimer ». Pas d’autre façon donc, pour l’édile, « de rendre hommage à nos héros de la Libération », sans soi-même se mettre debout et résister.
Car si au début des années 30, prévient-elle, « les gens ne savaient pas », et « se sont laissés endormir par des discours fallacieux, manipuler par ignorance », personne aujourd’hui ne peut prétendre ignorer l’issue d’une telle idéologie, basée sur l’intolérance, le racisme et le repli sur soi, dont les relents empuantissent le débat public.
Un devoir de mémoire qui pour être efficace se doit précisément de rappeler comment l’Europe a basculé dans les ténèbres dans l’indifférence quasi générale.
« Il nous incombe de faire tout ce qui est en notre pouvoir, chacun à notre niveau, pour que cela n’arrive plus. Nous avons tous un rôle à jouer. Ce n’est pas le problème des autres. C’est le nôtre, et nous devons l’affronter, en notre âme et conscience », affirme Josée Massi.
La maire du Port du Levant pointant également que nos libérateurs n’étaient pas seulement doués de bravoure mais qu’ « ils étaient aussi animés par des valeurs communes de respect et d’humanisme ».
Un hommage courageux qui a dû faire grincer quelques dents dans l’assistance, notamment parmi les parlementaires appartenant à un parti créé par d’anciens Waffen SS, comme la prétendante au poste de maire de Toulon Laure Lavalette. L’extrême droite tient en effet en horreur les piqûres de rappels (tout comme les vaccins).
Un appel à la résistance pour que nos aînés ne soient pas tombés pour rien.