C’est désormais officiel, Michel Barnier sera bien le candidat des Républicains pour la législative partielle qui aura lieu dans la 2e circonscription de Paris les 21 et 28 septembre prochain. Confirmé ce jeudi soir par la Commission nationale d’investiture du parti, l’ancien Premier ministre a ainsi vu Rachida Dati s’écarter à son profit, elle qui est officiellement investie pour les municipales de 2026 par le parti.

Ce retrait, loin d’être un aveu d’échec, sonne davantage comme la preuve de la ténacité et de le talent pour le bras de fer de la ministre de la Culture qui signe ici une première victoire.

La meilleure défense, c’est l’attaque

Après l’annulation de l’élection du député Jean Laussucq (Renaissance) déclaré inéligible par le Conseil Constitutionnel le 11 juillet dernier, le parti de Bruno Retailleau avait choisi l’ancien négociateur du Brexit pour candidat. Une manière pour les LR de se donner une chance de reconquérir un siège à Paris et pour Michel Barnier de continuer à faire vivre sa carrière politique, lui à qui on prête des ambitions nationales pour 2027.

Problème, Rachida Dati ne l’entendait pas de cette oreille. Un candidat d’une telle envergure, et « parachuté » dans la circonscription qui englobe sa mairie… La ministre de la Culture y a vu une intrusion dans son giron et une vraie menace pour 2026. Au point de se présenter comme candidate dissidente.

Car si le parti de Bruno Retailleau avait déjà publiquement déclaré son soutien à Rachida Dati pour les municipales de Paris en 2026, cette dernière redoutait, sinon une remise en cause de sa candidature, la possible mise en place d’une alternative. Un « plan B » en cas de déroute sur le chemin qui doit la mener à l’hôtel de ville de la capitale.

Véritable bulldozer, Rachida Dati écarte les obstacles…

En effet, alliée des macronistes depuis sa nomination au gouvernement en janvier 2024, Rachida Dati entend bien représenter la droite et le parti présidentiel en mars prochain. Mais les obstacles se multiplient.

Son parti d’abord souhaitait un droit de regard sur sa future liste afin de s’assurer de la présence en nombre de ses représentants. Une ingérence mal vécue par la maire du 7e arrondissement qui, par sa manœuvre, a finalement eu gain de cause et choisira librement ses colistiers. Deuxième victoire.

Attaquée de toute part, elle doit déjà manœuvrer avec le parti présidentiel où certains aimeraient avoir un candidat interne (Clément Beaune s’est déjà déclaré disponible), et son propre camp parisien où ses déboires judiciaires ont récemment poussé l’un de ses plus fidèles lieutenants à Paris, le maire du 17e arrondissement, Geoffroy Boulard, à proposer une primaire à droite. Idée de facto jetée aux oubliettes par le CNI et troisième victoire pour Rachida Dati.

…jusqu’à la justice ?

Un coup dur à l’époque pour la candidate qui avait déjà vu plusieurs membres de son groupe « Changer Paris » (dont Geoffroy Boulard et Agnès Evren, la présidente de la fédération LR de Paris), quitter ses rangs pour fonder leur propre groupe au Conseil de Paris, Union Capitale avec Pierre-Yves Bournazel (Horizons), candidat déclaré d’Edouard Philippe pour 2027… Pire, en avril dernier, l’ancien maire du 16e arrondissement, Francis Szpiner, lui aussi LR, déclarait lui aussi sa candidature.

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De quoi faire chanceler n’importe quel candidat, mais pas Rachida Dati qui confirme ici sa réputation « d’insubmersible ». Avec la confirmation du soutien « à l’unanimité » des Républicains, et en attendant la suite de ses affaires judiciaires (son renvoi en correctionnelle pour « corruption passive » et « trafic d’influence ») la maire du 7e arrondissement va repartir regonflée dans le véritable combat pour 2026 qui l’attend : celui face à la gauche parisienne, héritière d’Anne Hidalgo (PS, Ecologistes et PC) et qui a fait de la défaite de Rachida Dati sa ligne de conduite, jusqu’à appeler à l’union dès le premier tour.