Mal au ventre, nausées, vomissements, diarrhées… Comme beaucoup de Français, peut-être avez-vous fait les frais ces derniers jours d’une gastro-entérite tardive. Malgré l’arrivée du printemps et du beau temps, le virus continue de circuler dans l’Hexagone, plus ou moins selon les régions. Au niveau national, la proportion de consultations SOS Médecins pour gastro-entérite aiguë s’élevait à 8,7% pour la première semaine du mois d’avril, soit une « activité supérieure à celle observée lors de la saison 2023-24 et proche des maximums historiques », souligne le dernier bulletin de Santé Publique France. Ce taux s’élève même à 11,2% chez les moins de cinq ans, plus concernés par cette épidémie.

« C’est un peu toujours les enfants, parce que ça passe par les mains et quand les tout-petits sont en collectivité, avec les jouets et tout ce qu’ils peuvent toucher, si le virus est déposé dessus et qu’ils mettent les mains à la bouche… Mais ce qui est plus étonnant, c’est qu’on en ait encore à cette période de l’année », observe Brigitte Virey, présidente du Syndicat national des pédiatres français (SNPF). 

La moitié nord plus touchée

L’activité semble inégale selon les régions. Le nord de la France apparaît ainsi plus touché. Le taux d’incidence des cas de diarrhée aiguë vus en consultation de médecine générale s’élève ainsi à 196 pour 100 000 habitants en Normandie, 126 dans la région Grand Est et 112 en Bretagne, bien plus qu’au niveau national (96). A l’inverse, le Centre-Est apparaît davantage épargné, avec un taux d’incidence de 32 en Bourgogne-Franche-Comté, de 61 en Auvergne-Rhône-Alpes et de 64 en Centre-Val-de-Loire.

Ces données avaient cependant connu un pic plus tôt dans la saison, en janvier. « Les épidémies commencent quelque part puis se propagent », rappelle Brigitte Virey.

Reste que la météo instable et l’hiver pluvieux pourraient expliquer que la gastro-entérite soit toujours là à la veille de Pâques. « Plus il fait froid, moins on a envie d’aérer. Et quand il fait froid et humide, on se défend moins bien parce qu’on a dans le nez des cils qui font barrière mais qui sont gelés ou englués par l’humidité », explique Judith Loebmansour, médecin généraliste en Normandie. La médecin déplore également un relâchement des gestes barrières, comme le fait de se laver les mains, de porter un masque et d’éviter de voir des personnes fragiles quand on est malade. « Je suis choquée de voir arriver dans mon cabinet des gens qui sont malades et non masqués. Les gens qui arrivent en toussant et ne mettant pas de masque, c’est une honte », juge la praticienne.

Une fragilité liée à la grippe

L’épidémie de grippe très virulente rencontrée cet hiver serait un autre facteur d’explication.  « Ce qui est sûr, c’est que plus on est malade, plus on est malade : la grippe ayant été très importante, elle a fragilisé les gens », estime Judith Loebmansour. La pandémie de Covid-19 a aussi bouleversé le rythme des épidémies hivernales. « Depuis le Covid, tous les ans, on a quelque chose qu’on avait pas avant. C’est comme si on se défendait moins bien, ou alors c’est une question d’écologie du système qui fait qu’on voit réapparaître certains virus ou certains germes plus qu’on ne les voyait avant », souligne Brigitte Virey. Les vacances de Pâques, en cours dans certaines zones, pourraient permettre de mettre un frein à l’épidémie.

Si ce décalage temporel n’est pas particulièrement alarmant, certaines précautions doivent être adoptées, notamment avec les plus jeunes enfants. « Il faut bien prévenir la déshydratation. La première chose à faire quand un enfant a une gastro, c’est de le réhydrater », conseille Brigitte Virey. Et ne pas hésiter à consulter un médecin dès l’apparition de signes de déshydratation : fatigue, apathie, bouche sèche, absence d’urine.