Publié le
28 août 2025 à 18h14
Vendredi 29 août 2025, Tisséo ferme définitivement le parking-relais de Jolimont. Un parking de 285 places situé sur le tracé de la ligne A du métro. La décision a été actée en 2021 et il a fallu près de quatre ans pour qu’elle soit effective. En mai 2025, en comité syndical, Tisséo avait déjà voté une délibération pour déclasser la parcelle dont le syndicat mixte est propriétaire, dans la perspective de la céder au promoteur Nexity, pour un projet immobilier. Après la fermeture du parking, Tisséo va concrétiser cette cession de la parcelle qui devra intervenir « au plus tard le 1ᵉʳ octobre 2025 », avait précisé Tisséo à Actu Toulouse il y a quelques semaines. La fermeture du parking va avoir des conséquences immédiates pour certains automobilistes. Elle constitue aussi un moment d’histoire des transports à Toulouse ainsi qu’un nouveau basculement pour la Ville rose. On vous explique pourquoi.
Première infrastructure structurante du métro à disparaître
Avec la fermeture, puis la démolition du parking de Jolimont, c’est la première infrastructure structurante liée au métro de Toulouse qui va disparaître, plus de 30 ans après la mise en service de la première ligne.
Pour rappel, l’histoire a, en effet, débuté en 1993 avec la mise en service de la ligne A, première ligne de métro de l’histoire de Toulouse, et dont le parking de Jolimont, était une pièce majeure du puzzle.
À l’époque, ce parking se trouvait, en effet, au terminus de la ligne A, à Jolimont, et constituait l’un des trois parkings-relais de la ligne avec ceux de Basso-Cambo et des Arènes.
Pendant 10 ans, ce fut la galère à Jolimont…
Pendant plus de 10 ans, le parking de Jolimont, a été le site où les automobilistes venaient, depuis l’extérieur de Toulouse, pour déposer leur véhicule et prendre le métro.
Il fallait, pour ce faire, quitter le périphérique et s’enfoncer dans le « couloir » de la route d’Agde, puis remonter le boulevard en 2X2 voies qui mène à Jolimont depuis la Roseraie. Ce qui ne manquait pas d’inconvénient. Les bouchons étaient importants matin et soir, mais surtout, le parking était très rapidement saturé le matin.
« Ils pensaient que les parkings-relais resteraient vides »
Le choix de placer le parking relais, et le terminus, à Jolimont avait d’ailleurs été discuté dès la réalisation de la ligne A rappelait Robert Marconis, spécialiste de l’histoire des transports de Toulouse, en 2017, à Actu Toulouse.
« Personne n’envisageait alors un tel succès pour la ligne A. Le jour de l’inauguration, l’entourage du premier ministre de l’époque, Edouard Balladur, ricanait même de ce « beau gadget technologique que Toulouse s’est offert ». Et quand je disais que les parkings de 150 places situés aux extrémités seraient vite saturés, on me répondait qu’au contraire, ils resteraient vides car les Toulousains n’abandonneraient jamais leurs voitures ».
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Pendant des années, les Toulousains ont voulu abandonner leur voiture à Jolimont, mais souvent sans succès. Avec un peu de chance, ils trouvaient de la place sur les trottoirs, le long du boulevard, où sur le parking triangle, grand d’environ 200 places, et gratuit. Un parking triangle où, depuis mars 2025, il faut payer pour stationner.
Face au succès de la ligne A, son prolongement dès 2003
Mais, face au succès rapide de la ligne A – « Nous avions estimé que la fréquentation monterait à 100 000 voyageurs par jour au bout de trois ans et qu’avec une croissance de 2 à 3 % par an, nous serions à une hausse de 60 % de la fréquentation au bout de 20 ans. Les 100 000 voyageurs/jour, nous les avons eus dès le mois de septembre 1993, soit deux mois après le lancement », se rappelait en 2017 Francis Grass, élu à la Ville de Toulouse depuis 2014 et salarié de la SEMVAT (aujourd’hui Tisséo, ndlr) au moment du lancement du métro – Toulouse a décidé de prolonger la ligne A vers Balma-Gramont et d’ajouter deux parkings-relais de grande capacité : celui des Argoulets et celui de Balma-Gramont.
Ce fut un vrai premier basculement qui fut opéré avec la mise en service, le 20 décembre 2003, de ce prolongement via trois nouvelles stations et 2,5 km de ligne en plus pour aller de Jolimont à Balma-Gramont.
Moins de véhicules stationnés à Jolimont
Ce prolongement de la ligne A a amené, dès la première année, une augmentation du trafic de l’ordre de 16 %. Et surtout moins de voitures au parking-relais de Jolimont.
Vingt ans plus tard, en quelques lignes, Tisséo acte un nouveau basculement pour Toulouse :
« Les parkings relais sont conçus pour offrir du stationnement en entrée de ville, alors que Jolimont appartient maintenant au centre urbain de la grande agglomération toulousaine. Contrairement à la mise en service de la ligne A, en 1993, Jolimont n’est plus une station terminus ».
Tisséo poursuit :
« Sa disparition est rendue nécessaire par la transformation des quartiers Jolimont et Guillaumet ces dernières années. Les habitants du quartier bénéficieront également d’un meilleur cadre de vie avec la réduction des émissions polluantes des déplacements en voiture, la congestion et l’insécurité routière ».
Une fermeture accompagnée d’aménagements
Tous les aménagements réalisés actuellement dans les quartiers environnants confirment cette volonté de limiter les entrées de véhicule au maximum.
Outre le réaménagement, puis la mise en place du stationnement payant au parking triangle, Toulouse Métropole a enlevé une voie de circulation sur le grand boulevard qui fait le lien entre les quartiers de la Roseraie et Marengo. Une voie de circulation qui a été redistribuée aux bus et au vélo pour la réalisation d’une ligne structurante du Réseau Express Vélo. Ce qui n’a pas manqué de créer d’énormes bouchons dans le secteur ces derniers mois.
Actuellement Toulouse Métropole travaille également sur le devenir de la route d’Agde.
Une nouvelle ligne de bus Linéo pour Jolimont
En matière de transports en commun, la fermeture du parking ce vendredi 29 août intervient au moment où Tisséo va lancer une nouvelle ligne Linéo 12, de Borderouge à Montaudran. Ligne qui passera justement par Jolimont.
En ce qui concerne le devenir de la parcelle : le projet est connu depuis longtemps : c’est un tout nouveau quartier, imaginé dans le cadre de l’appel à projets « Dessine-Moi Toulouse » et nommé « My Jolimont », qui doit sortir de terre à partir de la fin de l’année 2025.
Un projet urbain pour le quartier
Le chantier sera immanquable pour les passagers du métro, car quatre immeubles vont émerger de part et d’autre du viaduc qui relie les stations de métro de Jolimont et la Roseraie.
« Il y aura des logements, des bureaux, des commerces », expliquait en 2024 Christophe Brochet, directeur régional de Nexity, promoteur qui porte ce projet de nouveau quartier, rassemblant plusieurs opérations.
Logements, bureaux, commerces, crèche… Un premier bâtiment accueillera une résidence étudiante avec 119 logements, un deuxième abritera une pension de famille avec 31 lots et un troisième proposera 96 logements, dont de l’habitat social et « à prix maîtrisés ». Pour stationner leurs véhicules, quelque 202 places de parkings souterrains sont prévues.
De l’autre côté du viaduc du métro, c’est un immeuble de 5 700 m², avec bureaux et commerces, qui verra le jour. Une grande enseigne commerciale s’installera sur 500 m², en rez-de-chaussée.
Les années 80-90 s’effacent un peu plus
Le projet permettra aussi une grosse végétalisation du site, avait insisté Christophe Brocher : « On va passer d’une parcelle 100 % imperméabilisée à 30 % de surface en terre pleine, conformément au règlement du plan local d’urbanisme de Toulouse ».
Avec la fin du parking-relais de Jolimont, ce sont les années 80-90 de Toulouse qui s’effacent et c’est tout un quartier qui bascule un peu plus dans la Ville rose telle qu’elle est imaginée, en matière de transports, d’ici 2050.
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