Quand Dani Pedrosa parle, on tend l’oreille. Calme,
précis, analytique, l’Espagnol s’est confié à DAZN España après le
Grand Prix de Hongrie. Comme toujours, il a livré des remarques
chirurgicales sur les stars actuelles de MotoGP.
Il commence avec un Marc Marquez en louant en
art de dominer… et de gérer la pression. Pour Pedrosa, Marc
Marquez est dans une dimension à part :
« il n’y a rien à dire, rien à dire,
c’est impossible. Il a tout fait parfaitement lors des
dernières courses. Il a dominé, mais pas seulement. Ce qui
m’impressionne le plus, outre les résultats qu’il a obtenus en
gagnant dans ces conditions, sur ce circuit en Hongrie, ce
qui m’impressionne le plus, c’est sa façon de gérer les
attentes. »
Et l’ancien pilote sait de quoi il parle : « car évidemment,
quand on gagne toutes les courses, on va ensuite voir la presse,
il faut leur parler et apaiser les attentes qui pèsent sur
vous, des attentes qui sont : il va tout gagner et il
gagnera quand il le voudra. Donc, pour moi, cet aspect de Marc est
impressionnant. »
Une déclaration forte de la part de celui qui connaît mieux que
quiconque le poids d’une carrière écrasée par les attentes.
Dani Pedrosa n’a pas oublié Pedro
Acosta, qui continue d’impressionner malgré sa jeunesse :
« si Pedro avait réussi à être en première
ligne, il aurait sans aucun doute pu s’élancer devant, et
il aurait peut-être eu l’occasion de se rapprocher un peu plus de
Marc à un moment donné de la course. Quoi qu’il en soit, la
prochaine opportunité se présentera à Montmeló, pour vérifier à
nouveau si la moto a progressé. C’est un circuit assez
exigeant, il sera donc important de voir comment Pedro s’en sortira
également. »
Dani Pedrosa :
« Pecco Bagnaia devrait essayer de retenir les points
positifs, même minimes »
Le message est clair : l’avenir se construit, tour après tour,
sur des circuits qui ne pardonnent rien.
Pedrosa, souvent victime de blessures au cours
de sa carrière, n’a pas manqué de saluer la ténacité de
Jorge Martin : « après avoir vu où il était, à
l’hôpital là-bas au Qatar, dans cet état physique… Que cela vous
plaise ou non, ces moments semblent très longs, et
c’est pourquoi l’émotion de toute cette situation se brise
un peu. Être de retour là où vous aimez le plus, là où
vous appréciez le plus, est une sensation incroyable. »
Un hommage appuyé à la résilience de Martin,
qui vit chaque tour comme une revanche.
Enfin, le double champion Ducati
Pecco Bagnaia n’a pas échappé non plus à
l’analyse « c’était un week-end en dents de scie, et malgré
cela, il a réussi à redresser la barre en
course : parti quinzième il a terminé neuvième.
Disons que le départ était bon. Au premier tour, il a regagné
beaucoup de places. Il y a des points positifs à retenir de la
course de Bagnaia. Évidemment, il y a aussi des points négatifs,
comme sa position finale, cette erreur dans le dernier tour. Mais
je pense qu’il devrait essayer de retenir les points positifs, même
minimes, mais il devrait les conserver. » Un
conseil de vétéran pour un champion en quête de constance.
Le maestro Pedrosa résume la situation en
MotoGP avec une
clairvoyance rare :
Marquez est dans une sphère inaccessible
mentalement et techniquement,
Acosta est le seul à pouvoir le défier à
terme, et Bagnaia doit retrouver la foi en
capitalisant sur les micro-progrès. Une leçon de lucidité signée
Dani Pedrosa.