L’Amérique n’est pas le pays de la nuance. Pour faire la guerre au wokisme, certains États mettent les grands moyens. Le dernier exemple en date provient d’Oklahoma où, pour enseigner, les professeurs venant de New York et de Californie devront passer un test destiné à déceler « les endoctrineurs ». Le surintendant de l’instruction publique, Ryan Walters, a déclaré en juillet que ces deux États véhiculaient un enseignement « anti-éthique », contraire aux valeurs enseignées en Oklahoma. La liste des États concernés n’est pas définitive et pourra bientôt être étendue au Connecticut, à l’Illinois, au Minnesota et à d’autres encore. La peur change de camp…
Le programme de détection des militants wokistes élaboré par l’Oklahoma compte 50 questions. Il a été développé avec l’aide de PragerU, une association connue pour ses opinions patriotiques et conservatrices. PragerU « promeut les valeurs américaines de vie, de liberté et de poursuite du bonheur à travers un contenu éducatif gratuit pour tous les âges », peut-on lire sur son site Internet. Marissa Streit, présidente de PragerU, a donc expliqué à l’antenne de CNN que l’enjeu de l’examen mis en place en Oklahoma était de « réparer les dommages causés par l’idéologie du genre ». Un communiqué de l’organisation à but non lucratif précise encore qu’elle vise à « garantir que les enseignants issus d’États progressistes maîtrisent les bases de l’Histoire américaine, de l’éducation civique et du bon sens ».
Lutter contre « l’idéologie radicale du genre »
« Nous n’introduirons pas d’endoctrineurs woke dans les salles de classe », a promis Ryan Walters au Washington Post, afin de protéger les élèves d’une « idéologie gauchiste radicale ». « C’est une approche qui donne la priorité à l’Amérique », précise-t-il. Une démarche baptisée « America First », clin d’œil massif au slogan cher à Donald Trump. En sus de s’assurer des valeurs patriotes des candidats au professorat, il s’agit de contribuer à la lutte contre « l’idéologie radicale du genre ». « Si vous venez en Oklahoma, vous respecterez les lois de notre État, vous respecterez nos normes et vous enseignerez celles-ci en classe », a martelé l’homme politique à l’origine de cette mesure.
Le test, encore en cours de finalisation, est entré en vigueur cet été. Cinq éléments ont été rendus publics. Ils portent sur la Constitution ou la composition du Congrès américain. Mais Walters précise que l’examen portera également sur « les différences biologiques entre les deux sexes ». L’État d’Oklahoma s’est déjà distingué par sa politique droitière en distribuant des bibles dans les salles de classe.
L’impulsion de Donald Trump
« À l’heure actuelle, nous examinons la portée de la nouvelle évaluation et nous analysons son alignement avec les cadres juridiques et réglementaires existants », a déclaré Megan Oftedal, directrice exécutive du Bureau pour la qualité et la responsabilité de l’éducation. Les détracteurs de la démarche mettent en avant la capacité de nuisance d’un tel examen pour attirer les vocations éducatives. « Ce test de loyauté MAGA [Make America Great Again, NDLR)] sera un autre frein pour les enseignants dans un État déjà aux prises avec une énorme pénurie », explique Mme Weingarten, la présidente du syndicat des enseignants.
Cette initiative s’inscrit dans le sillage de la chasse anti-woke menée par le président américain. Alors que la baisse des crédits aux université pour démanteler les programmes DEI (Diversité, Équité, Inclusion) poursuit son chemin, Donald Trump s’attaque ainsi, depuis quelques mois, au célèbre musée Smithsonian, qu’il accuse « d’endoctrinement idéologique ». Aux États-Unis, la déwokisation ne fait que commencer.
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