Après deux jours de compétition sur le Grand Prix, les médailles européennes par équipes ont été délivrées ce jeudi dans les installations de Jiva Hill Stables, à Crozet. En France, ce sont les Allemands qui ont récupéré leur titre européen perdu il y a deux ans sur leurs terres à Riesenbeck. La Grande-Bretagne s’empare de l’argent tandis que le Danemark décroche le bronze.
Une chose est sûre, la compétition par équipes aux championnats d’Europe de dressage à Crozet n’a pas manqué de suspense. Avant même le début des épreuves, la bataille s’annonçait très sévère entre les Allemands, sacrés champions olympiques par équipes l’année dernière pour la quinzième fois, et les Britanniques, médaillés de bronze à Paris mais surtout tenants du titre européen. Une médaille d’or acquise il y a deux ans, à Riesenbeck, sur sol allemand. Dès la première journée de Grand Prix, seule épreuve support du classement par équipes, les Allemands ont pris le meilleur départ, grâce à la jeune Katharina Hemmer. En selle sur Denoix PCH, celle qui vit ici ses premiers championnats en équipe nationale, concluait à la tête provisoire du classement individuel, suffisant pour aussi propulser son équipe en tête du classement par équipes, juste devant la Grande-Bretagne, menée par Becky Moody et Jagerbomb. Tout allait donc se jouer sur la deuxième journée de Grand Prix avec l’entrée dans la compétition des deux derniers couples de chaque nation, et quels couples !
Sous quelques gouttes de pluie, le maestro Carl Hester a fait parler toute sa maitrise en selle sur son partenaire olympique Fame. Malgré une petite incompréhension dans le départ au galop depuis le passage et une attitude parfois un peu courte notamment dans les appuyers au trot, le Britannique a livré une véritable leçon d’équitation devant un public, peu nombreux, mais totalement conquis. Le score est sans appel, avec 76,087% l’épreuve avait un nouveau leader tout comme le classement par équipes. La question à ce moment de la compétition était alors de savoir si Charlotte Fry et Glamourdale pouvaient sceller le deal ? La réponse de Carl Hester était claire : « oui et elle l’a déjà fait mais vous savez Glamourdale reste un étalon donc on ne sait jamais comment il peut se comporter. On sait que la première épreuve n’est pas toujours sa meilleure donc j’espère qu’elle en a déroulé une la veille et qu’aujourd’hui il considèrera le Grand Prix comme sa deuxième reprise », lançait-il en souriant s’avouant extrêmement heureux de la reprise présentée par Fame.
L’Allemagne a décroché sa 26ième médaille d’or par équipes aux championnats d’Europe ©PSV
L’Allemagne tient sa revanche
Malheureusement pour les Britanniques Glamourdale allait se montrer trop fautif ce jeudi pour assurer la médaille d’or. Pourtant bien lancée, la championne du monde en 2022 allait rencontrer quelques soucis d’activité dans les piaffers avant que dès le début du travail au galop, son étalon de 14 ans commette une faute de postérieur sur le petit côté. Si la suite du travail au galop permet au couple de gagner de précieux points, une très grosse faute sur la première pirouette scellera le destin des Anglais. « Aujourd’hui nous avons commis trop de fautes mais je sais que Glamy est de mieux en mieux à chaque reprise donc nous avons encore des choses à montrer ici à Crozet », relativisait Lottie. En effet, quelques minutes plus tôt, Isabell Werth venait de présenter sa Wendy de Fontaine dans un niveau proche de celui des Jeux olympiques de Paris l’été dernier. Délicate sur la ligne de changements de pieds aux temps et un peu bavarde dans le contact, la vice-championne olympique de Paris a fait preuve de nombreux points forts pour sortir de piste avec une note de 79,224%. La note de Lottie Fry et Glamy de 75,869% offrait donc la médaille d’or et le titre européen à Isabell Werth, Katharina Hemmer, Ingrid Klimke et Frederic Wandres (Bluetooth OLD) avec un score total de 229,644 points.
« Il va falloir que vous regardiez car je ne sais pas dire le nombre de médailles d’or par équipes aux championnats d’Europe que j’ai obtenu », lançait en riant Isabell Werth après la confirmation de la victoire allemande. Et bien il s’agit de la douzième pour la cavalière et de la vingt-sixième pour la Mannschaft ! Rien que ça ! « Wendy a été fantastique, très concentrée et j’ai essayé de dérouler une reprise sans-faute. La compétition était très serrée. Avant d’arriver tout le monde disait que c’était très ouvert, que cela pourrait tourner à l’avantage d’une équipe comme de l’autre. ll y a eu de la tension, du fun, rien n’était joué jusqu’aux derniers cavaliers de chaque nation donc cela a été une mixture parfaite pour offrir du grand sport. Et au final cela a tourné à notre avantage donc nous sommes très contents ».
Cathrine Dufour et Mount St John Freestyle remportent le Grand Prix à Crozet©PSV
Cathrine Dufour vers un titre individuel ?
Depuis 2022 et les championnats du monde de Herning, l’Allemagne, la Grande-Bretagne et le Danemark s’adonnent au jeu des chaises musicales, occupant tour à tour les différentes marches des podiums des championnats internationaux. En France, la médaille d’argent revient donc à la Grande-Bretagne menée par Carl Hester. « C’est fantastique pour le sport lorsqu’il n’y a pas de vainqueur connu à l’avance et cela va se poursuivre dans la compétition individuelle dans le Spécial puis la Libre », précise celui qui pointe à la cinquième place du Grand Prix. C’est alors le Danemark, qui alignait pourtant une équipe quasiment renouvelée, qui s’empare de la médaille de bronze. Plus en forme que jamais, Mount St John Freestyle a été menée à la perfection par sa cavalière Cathrine Dufour, vers la victoire dans le Grand Prix. Légèreté, fluidité, harmonie, le couple a survolé les difficultés pour être la seule paire de l’épreuve à dépasser les 80% : 80,823%. « Aujourd’hui je voulais vraiment présenter une reprise qui mettait en avant la relation que j’ai avec Freestyle, toute en décontraction et en harmonie, une équitation positive. Elle est plus en forme que jamais, elle n’avait pas la moindre goutte de sueur en sortant du Grand Prix alors qu’il faisait très chaud cet après-midi. Le but était de ne pas prendre trop de risques pour assurer une médaille pour l’équipe et c’est ce que nous avons fait », lâchait la cavalière après sa performance.
Après le titre mondial en 2022 et la médaille d’argent aux Jeux olympiques l’été dernier, le Danemark parvient à assurer sa place sur le podium européen alors que deux nouveaux couples intégraient le quatuor cette année. « C’est une belle récompense pour Nadja (Aaboe Sloth) et Rikke (Dupont) de pouvoir participer à ce championnat. Nous savions que nous ne pourrions peut-être par rivaliser avec l’Allemagne et la Grande-Bretagne cette année mais nous sommes très fiers d’être sur la troisième marche du podium avec une équipe plus verte », confiait-elle. Un sentiment partagé par la chef d’équipe, Anne-Mette Binder, qui après cinq années passées à la tête de la délégation danoise, vit à Crozet son dernier championnat. « Je suis très fière de cette équipe et si ce championnat est forcément important nous savons aussi que c’est une étape vers les championnats du monde d’Aix-la-Chapelle l’année prochaine qui seront eux qualificatifs pour les Jeux olympiques de Los Angeles », a-t-elle exprimé. Avec une quatrième place finale, la Belgique réalise son meilleur classement en championnats d’Europe, grâce à la belle quinzième place de Larissa Pauluis et Flambeau (72,329%) mais surtout portée par la troisième place de Justin Verboomen et l’exceptionnel Zonik Plus. Malgré quelques petites tensions en piste, le couple qui s’imposait à Aix-la-Chapelle il y a quelques semaines, n’a pas flanché pour sortir une note de 79,084%, laissant présager de très belles choses dans la compétition individuelle qui débute donc vendredi.
Justin Verboomen et Zonik Plus ont propulsé la Belgique à la quatrième place ©PSV
Dixième place pour la France, déception pour Pauline Basquin
Il y a deux ans, à Riesenbeck, pour rentrer dans ce Grand Prix Spécial, il fallait avoir présenté un Grand Prix noté à 71,211%. Cette année, à Crozet, c’est avec une moyenne de 68,882% que le Luxembourgeois Nicolas Wagner Ehlinger occupe la trentième place avec Quater Back Junior FHR, synonyme de qualification. Un écart que le président du jury du Grand Prix, Hans-Christian Matthiesen explique par les nouvelles orientations dans la notation et l’attention donnée à plus de détails notamment sur la qualité du contact et l’harmonie. Une épreuve dans laquelle nous ne retrouverons aucun couple tricolore alors qu’il y a deux ans, les quatre paires se qualifiaient historiquement pour cette deuxième épreuve. En effet, après les deux premiers passages du clan tricolore, Anne-Sophie Serre avec Jibraltar de Massa et Bertrand Liegard avec Ginger, c’était au tour d’Alexandre Ayache de dérouler son Grand Prix pour l’équipe ce jeudi matin. En selle sur Ruling Olivia, qui vit là son premier grand championnat international, le cavalier a présenté une reprise pleine de promesse avec une jument en progrès dans son contact. Précis et dans le contrôle, le Français ne pourra malheureusement pas éviter deux fautes à coefficient 2, l’une dans la ligne de changements de pieds aux temps, l’autre dans le zig zag d’appuyers au galop. De quoi faire largement baisser la note du couple qui en finissait avec 68,152% (retrouvez sa réaction ICI).
Alexandre Ayache et Ruling Olivia aux championnats d’Europe à Crozet ©PSV
Tout reposait donc sur les épaules de Pauline Basquin et son fidèle Sertorius de Rima Z*IFCE. Finaliste aux Européens de Riesenbeck et aux Jeux olympiques de Paris, le couple ne trouvera pas le chemin de la finale cette fois-ci. Enchainant les grosses fautes, Sertorius est l’ombre de lui-même et c’est une Pauline évidemment déçue que nous avons retrouvé en zone mixte (retrouvez sa réaction ICI). Avec un score final de 68,587%, le couple pointe à la trente-cinquième place, un classement bien inférieur aux attentes puisque Pauline visait une qualification pour la Reprise Libre en Musique de dimanche. Avec une dixième place finale au classement par équipes, l’équipe de France va devoir réviser ses gammes pour aborder le plus sereinement possible les championnats du monde d’Aix-la-Chapelle l’été prochain, où elle tentera de décrocher sa qualification olympique pour LA 2028 (retrouvez la réaction de Jean Morel ICI).
Pauline Basquin et Sertorius de Rima Z*IFCE dans le Grand Prix à Crozet ©PSV
Les résultats complets ICI
Retrouvez les réactions de tous les Français ICI
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