« Je dois dire oui pour faire plaisir », énonce Julie Rassat devant neuf enfants âgés d’environ 11 ans. À leur tour, ils doivent dire s’ils sont d’accord ou non avec cette phrase. Petite hésitation. La plupart se décident pour le « non ». Une jeune fille choisit le « oui ».

Ce jeudi matin, comme depuis le début de la semaine, le collège Peiresc à Toulon fait « école ouverte ». Un dispositif dédié aux établissements en réseau d’éducation prioritaire (REP) afin de « renforcer les apprentissages et contribuer à l’épanouissement des enfants », qui y participent sur la base du volontariat. Révisions de maths et de français ou initiation au numérique, dont l’utilisation de Pronote, sont au programme de ces quelques jours de découverte du collège pour des élèves qui feront la semaine prochaine leur entrée officielle en sixième.

Stéréotypes et consentement

Et pour la troisième année consécutive, le Planning familial varois intervient sur le volet prévention. À la demande de la direction du collège, Julie Rassat, Françoise Denis, présidente du Planning familial, et Édith Bouchet, référente du pôle « éducation » de la structure, abordent l’égalité filles/garçons, les stéréotypes de genre, le respect dans les relations, la notion de consentement, et plus généralement la gestion des émotions.

« On se rend compte qu’il y a encore beaucoup de problématiques sur ces sujets », explique Vanessa Delon, conseillère principale d’éducation avec sa collègue Lise Vieville. Elles décrivent: « On le voit dans la cour où les filles sont en périphérie, les garçons au centre ou encore lorsqu’il faut se mettre en rang: ils ne se mélangent pas. » La prévention est d’autant plus nécessaire qu’entrée au collège rime avec premier téléphone portable. Et donc réseaux sociaux. « Ça nous rattrape: c’est une lutte perpétuelle! »

« Prévenir les violences de demain »

« Notre objectif, souligne Édith Bouchet, est d’aider les élèves à trouver des outils pour grandir dans le respect et l’égalité. Nous croyons que parler tôt de ces sujets dans un cadre bienveillant permet aux jeunes de mieux vivre ensemble afin de prévenir les violences de demain. » La référente précise d’ailleurs que le Planning familial propose des ateliers de prévention tout au long de l’année dans les établissements, primaires ou secondaires, du Var.

Le format participatif semble ravir les enfants, dont certains ne craignent pas de livrer leur propre ressenti, d’évoquer leurs expériences. Leur intérêt est manifeste: « Je n’aurais pas cru dire ça un jour, mais je n’ai jamais autant appris », lance l’un des garçons, un brin flagorneur. Un autre futur collégien se souvient du mot « stéréotype », appris deux jours plus tôt. « Les émotions, complète encore un élève, je connaissais déjà car on en avait parlé à l’école, mais sur le genre, c’était nouveau et je suis très content d’avoir appris ça. »