Protectionnisme et économie –
Les taxes américaines menacent jusqu’à 20’000 emplois en Suisse
Une étude d’UBS chiffre le nombre de postes de travail que pourrait perdre le pays du fait de la politique protectionniste adoptée par l’administration Trump.
Publié: 28.08.2025, 16h08
Les PME actives dans le secteur industriel, les machines de précision, la pharma ou encore l’horlogerie se retrouvent particulièrement sous pression avec les taxes américaines (photo prétexte).
Keystone
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- Les taxes américaines menacent jusqu’à 20’000 emplois dans l’industrie suisse.
- Le canton de Bâle-Ville, riche de ses groupes pharmaceutiques, représente un tiers des exportations nationales.
- Quatre PME sur dix subissent déjà une baisse d’activité importante.
- Les relations avec l’Union européenne restent cruciales pour l’économie suisse.
Les taxes américaines vont peser sur l’emploi en Suisse. Jusqu’à 20’000 postes de travail sont menacés, prévient UBS dans son rapport sur la compétitivité des cantons 2025. «En Suisse romande, ce sont surtout Neuchâtel, le Jura et la région du Chablais (VS) qui sont concernés, moins les cantons de Genève et de Vaud, où les exportations sont moins sensibles au marché américain», explique Thomas Veraguth, économiste auprès de la grande banque.
Des secteurs comme la métallurgie, la chimie, la pharma, les instruments médicaux ou encore l’horlogerie sont particulièrement à risque. À titre de comparaison, la Suisse compte aujourd’hui un peu moins de 130’000 personnes inscrites au chômage. On parle donc d’un choc potentiel.
Les pharmas inquiètent
Berceau des géants Roche et Novartis, le canton de Bâle est particulièrement sous pression dans le pays. Car le président Trump menace de les taxer jusqu’à 250%. «Dominé par le secteur pharmaceutique, le canton de Bâle-Ville représente à lui seul un tiers des exportations suisses», rappelle Thomas Veraguth.
Le marché américain est central pour les groupes pharmaceutiques suisses, car le prix des médicaments y est très élevé. «Les États-Unis ont supplanté la position de destination numéro un de l’Allemagne et absorbé 19% des exportations suisses en 2024», rappelle UBS.
L’économie suisse est très exposée à ses sociétés exportatrices. «Au fil des décennies, l’industrie nationale a bénéficié de la libéralisation des marchés et de l’essor du libre-échange», écrit UBS. Mais le vent a tourné et la mondialisation s’enlise aujourd’hui.
Ça commence à tanguer
Dès lors, la croissance commence à en souffrir. Un exemple? D’après le Secrétariat d’État à l’économie (SECO), les secteurs de la chimie et de la pharmaceutique ont affiché «un recul marqué de la valeur ajoutée (-4,8%) au deuxième trimestre de cette année, sous l’effet de la baisse des exportations».
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La pression va perdurer en 2026 avec les droits de douane imposés par les États-Unis. «S’il n’y a pas lieu en l’état de craindre une grave récession, les conséquences économiques pour certaines branches et entreprises pourraient néanmoins s’avérer sérieuses», prévient le SECO.
L’association faîtière Swissmechanic fait le même constat. Deux semaines après s’être vu imposer des droits de douane de 39% par le président Trump, les sociétés exportatrices suisses la sentent passer. Quatre PME sur dix, présentes dans l’industrie mécanique, électrique et métallurgique, voient leur carnet de commandes reculer.
Genève et Vaud bien placés
Pour passer le cap, la résilience de la Suisse va s’avérer déterminante. À cet égard, certains cantons sont mieux armés que d’autres face à la crise. «Zoug, Schaffhouse, Genève ou Vaud par exemple se distinguent par une diversification géographique particulièrement élevée de leurs exportations», souligne l’étude d’UBS.
La force d’innovation sera aussi essentielle. «Les cantons de Bâle-Ville, Neuchâtel, Zoug, Genève, Vaud et Zurich sont ceux qui ont la force d’innovation la plus élevée», analyse la grande banque.
Disposer de gens bien formés s’avérera également crucial. «Une main-d’œuvre qualifiée et flexible accroît la capacité d’adaptation face à un environnement en mutation et renforce la résilience économique», détaille UBS. Sur la base de ce critère, les cantons urbains (Zoug, Genève, Zurich) viennent en tête de liste. «Le Jura et le Valais, ou encore les cantons d’Uri, de Glaris, du Tessin figurent en bas de l’échelle», ajoute UBS.
Attention à Bruxelles
Cela étant, la sensibilité économique aux États-Unis n’est pas tout. UBS met en garde. La relation avec l’Union européenne (UE) devra également être choyée. «À long terme, la préservation d’un accès privilégié au marché européen demeure vitale pour l’économie exportatrice suisse», rappelle la grande banque.
Car les firmes suisses écoulent la moitié de leur production en Europe. Et UBS de prévenir: «Une détérioration des relations avec Bruxelles aurait des conséquences bien plus graves pour la plupart des cantons que la politique douanière des États-Unis.» Apparaît en filigrane l’accord économico-juridique sur les Bilatérales trouvé entre la Suisse et l’UE à fin 2024… sur lequel le peuple devra un jour se prononcer.
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Se connecterNicolas Pinguely est journaliste à la rubrique économique depuis 2018. Spécialiste en finance, il a travaillé par le passé pour le magazine Bilan, à l’Agefi et au Temps. Il a aussi occupé différents postes dans des banques et sociétés financières, notamment dans la microfinance.Plus d’infos
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