Les écologistes niçois se sont aussi défendus de vouloir faire tomber le maire de Nice par les différents signalements envoyés à la justice et qui ont débouché sur des enquêtes.
«Trop c’est trop» : les élus écologistes niçois ont tenu une conférence de presse, vendredi matin, pour dénoncer certains propos du maire Christian Estrosi (Horizons) à leur encontre lors de conseils municipaux. Une plainte vient d’être déposée pour «diffamation» et «injure publique» par l’un d’entre eux, Jean-Christophe Picard, après une allusion collaborationniste. «Une ligne route inacceptable», assure-t-il.
Alors que Christian Estrosi devait quitter la salle pour ne pas prendre part au vote du compte financier unique, le 23 mai dernier, l’édile a ciblé l’élu écologiste, par ailleurs ancien président d’Anticor et qui porte encore les sujets de probité. «Je sais que Monsieur Picard est en train de prendre les jumelles pour savoir jusqu’où je vais sortir et à quelle distance de l’hémicycle je vais me tenir avant de faire un signalement au procureur», lance d’abord le maire de Nice dans ce qui pourrait ressembler à un ironique trait d’humour.
Avant de poursuivre : «Sous Pétain, il aurait fait la même chose, puisqu’il a toujours dit : “moi, je respecte les lois quel que soit le régime”. Donc apportez-moi un Vichy s’il vous plaît Monsieur l’huissier».
«Obligation de porter plainte»
Des propos «graves», susceptibles de tomber sous le coup de loi selon les écologistes. «Je me fais traiter de collabo, de délateur. J’étais dans l’obligation de déposer plainte parce que trop, c’est trop», s’agace Jean-Christophe Picard.
L’élu écologiste explique avoir attendu «le dernier moment» pour déposer plainte, le délai de prescription étant de trois mois, «afin de laisser le temps à Monsieur Estrosi de présenter ses excuses». «Il faut que cela s’arrête», lance Jean-Christophe Picard, évoquant aussi une protection fonctionnelle abusive accordée à l’édile, «qui coûte de l’argent au contribuable», insiste-t-il.
Sollicité, l’entourage de Christian Estrosi n’a pas donné suite.
Signalements à la justice réguliers
Les échanges en conseil municipal entre les trois élus écologistes et la majorité «estrosiste» sont régulièrement virulents. Depuis le début de ce mandat, ces opposants ont aussi envoyé «une vingtaine» de signalements à la justice, qui ont parfois débouché sur l’ouverture d’enquêtes judiciaires et de perquisitions à l’hôtel de ville, ce qui a contribué à tendre leurs relations. Ils ont ainsi comptabilisé une dizaine d’affaires après leurs alertes, comme celles du Grand prix de France de Formule 1 au Castellet ou encore du «Nice climate summit», pour laquelle le maire et sa femme ont été placés en garde à vue fin juin.
«Le problème, ce n’est pas nous, on n’est pas des méchants ni des “ouin-ouins”, on fait juste notre rôle d’élu, on ne mène pas les enquêtes», s’est défendu Juliette Chesnel-Le Roux, la chef de file pressentie pour être candidate aux élections municipales. «Notre objectif n’est pas de faire tomber Christian Estrosi mais que les finances de la ville soient bien gérées», a-t-elle poursuivi.
«On met en cause notre probité, notre intelligence, on nous prend pour des idiots. Il faut dire stop à ce climat de terreur», a insisté autre élu écologiste Fabrice Decoupigny, qui avait été accusé d’antisémitisme avec une plainte après avoir répondu «jawohl» (oui bien sûr en allemand) lors d’un débat en conseil municipal. Il avait alors dû expliquer que sa mère était juive-allemande et que c’était un mot qu’il utilisait régulièrement sans aucune ambiguïté.
«Il faut que le débat public s’apaise», a souhaité Juliette Chesnel-Le Roux en référence à l’affrontement entre Christian Estrosi et Éric Ciotti, désormais candidat. Avec cette conférence de presse, organisée le même jour que la rentrée politique du maire, les écologistes commencent eux aussi à se mettre en ordre de bataille. «Quand il y aura une majorité de gauche, il y aura une vraie transparence», a lancé la chef de file.