Par

Amandine Mouquet

Publié le

29 août 2025 à 16h59

Comme chaque année, la période des moissons est particulièrement chargée pour les agriculteurs. Entre récoltes conditionnées par la météo, fortes chaleurs rendant les conditions de travail difficiles et journées qui se terminent tard dans la nuit, les exploitants ne ménagent pas leurs efforts. Les efforts ont-ils été récompensés ? Voyons cela en Seine-Maritime, avec une loupe sur le Pays de Bray.

De bons rendements pour l’orge et le colza

Le colza a enregistré d’excellents rendements, entre 45 et 50 quintaux par hectare. « Le printemps a été très lumineux pendant la floraison, un critère majeur pour obtenir de bons résultats, et le colza a connu très peu de parasitisme », explique François d’Hubert, conseiller cultures à la Chambre d’agriculture de Normandie. Séchant plus rapidement, il a été récolté avant le 22 juillet.

De son côté, l’orge a offert des résultats plus hétérogènes mais globalement satisfaisants. Attendue avec quinze jours d’avance, fin juin début juillet, elle laissait craindre de petits rendements en raison d’un cycle cultural raccourci. Finalement, les moissons se sont révélées correctes, avec des rendements compris entre 85 et 90 q/ha, « ce qui est bien pour une culture souvent semée derrière du blé, sur des terres moyennes voire inférieures », précise François d’Hubert.
Le printemps sec et quelques pluies bien placées ont permis d’éviter les maladies, même si les terres crayeuses des coteaux du Pays de Bray, de la Picardie et de l’Entre-Bray ont donné des rendements plus faibles, autour de 65 à 70 q/ha.

Un blé arrivé tôt mais freiné par la pluie

Particularité de cette campagne, les premiers blés ont été récoltés dès la première dizaine de juillet, un signe supplémentaire du changement climatique. Mais les moissons ont été interrompues par les pluies du 12 au 22 juillet.
Si ces précipitations ont été favorables aux cultures de printemps (betteraves, pommes de terre, lin), elles ont en revanche dégradé le poids spécifique du blé. « Le grain mûr a gonflé mais les enveloppes cellulosiques sont restées dilatées, ce qui fait qu’il n’est plus aussi dense », détaille François d’Hubert. Résultat : une perte de 3 à 4 points, parfois en dessous de la norme de 76 kg/hl.

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Les dernières parcelles ont été récoltées autour du 13 août. Les meilleurs rendements, de 100 à 110 q/ha, ont été enregistrés sur des terres précédemment cultivées en lin ou en colza.

À l’inverse, les parcelles derrière des cultures « tasseuses » comme la betterave ou la pomme de terre n’ont pas dépassé les 85 q/ha, tandis que les plus faibles récoltes, autour de 65 q/ha, ont été observées derrière du blé très échaudé.
Autre point noir : le taux de protéines, qui reste relativement faible cette année, avec une moyenne de 10,5 %. Juste à la limite en dessus de laquelle les prix sont pénalisés.

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Des prix trop faibles pour les producteurs

Malgré des rendements globalement bons, la rémunération reste loin de couvrir les charges des agriculteurs. Le blé se vend actuellement autour de 170 à 180 euros la tonne, soit bien en dessous du seuil de rentabilité. « Les prix faibles s’expliquent par la parité de l’euro, aujourd’hui à 1,17 dollar pour un euro, mais aussi par la perte de nombreux marchés en Afrique », souligne François d’Hubert.

L’exemple est parlant : un kilo de blé payé 17 centimes à l’agriculteur permet de fabriquer environ cinq baguettes de 200 grammes. Une comparaison qui illustre l’écart considérable entre le prix payé au producteur et celui déboursé par le consommateur.

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