Les ouvriers s’activent de part et d’autre, entre la desserte des quais et le pont de l’avenue Mission Haut-Brion qui enjambe les voies ferrées. Encore trois semaines d’effervescence autour de la gare de La Médoquine, à Talence, et ce sera le grand jour. Dimanche 21 septembre, à 8 h 06 montre en main, le TER parti trois minutes plus tôt de la gare Bordeaux-Saint-Jean s’immobilisera à hauteur de la nouvelle « halte » ferroviaire. Un événement de taille : si le fret s’y est maintenu bon an mal an jusqu’en 1987, aucun train de voyageurs ne s’y était arrêté depuis… 1949.
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1 Le Médoc et Libourne-Arcachon
On ne dit plus « gare », la « halte » ne s’appuyant pas sur le bâtiment historique selon la définition qu’en donne SNCF gares et connexions, mais les voyageurs bénéficieront d’abris et de divers services déployés à ciel ouvert : distributeurs automatiques (en 2026), casiers « relais colis » et autres fontaines à eau ou prises USB (1). Mais venons-en à l’essentiel : les horaires de train. La nouvelle gare est desservie par deux lignes RER, la ligne 42 du Médoc Verdon-Macau-Bordeaux/Pessac et la ligne 41 + du Bassin Libourne-Bordeaux-Arcachon. La première compte 13 trains en semaine et 12 le week-end, la seconde 27 trains en semaine et 22 le week-end. Au total, 40 trains s’arrêteront par jour en semaine et 34 le week-end.
2 À trois minutes de Saint-Jean
Un seul chiffre donne une idée de l’intérêt à préférer le train à la voiture : la gare Bordeaux-Saint-Jean ne sera qu’à trois minutes, contre une demi-heure au volant. Les autres temps de trajet sont à l’avenant : quarante-huit minutes pour Arcachon, quarante minutes pour Libourne. « Des temps de parcours canon ! » s’exclame Renaud Lagrave, vice-président de la Région en charge des transports, qui n’ont pas d’équivalent sur le créneau des trajets pendulaires. Et si Le Verdon, en bout de ligne médocaine, apparaît à une heure cinquante, temps de trajet grosso modo équivalent à celui de la voiture, à l’heure des vacances, certains apprécieront sans doute de prendre le bac pour Royan à pied ou à vélo.
Au total, 40 trains s’arrêteront par jour en semaine et 34 le week-end
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3 Objectif 4 000 voyageurs par jour
Les objectifs assignés à la ligne sont ambitieux : 4 000 voyageurs par jour d’ici à 2030, un seuil qui placerait la halte ferroviaire parmi les gares les plus fréquentées de l’agglomération bordelaise. Quelque 150 000 personnes, en comptant les Talençais, les étudiants et les salariés, gravitent dans un rayon d’1 kilomètre. Au passage, La Médoquine s’inscrit dans le maillage du Service express régional métropolitain (Serm), ex- « RER métropolitain ». Exemple : sur la ligne médocaine, la halte Le Bouscat-Sainte-Germaine est à dix-sept minutes de La Médoquine. Là aussi, une réelle alternative à la voiture sur la rocade encombrée à l’heure de l’embauche et de la débauche.
4 Les étudiants gagnants ?
Il arrivait, paraît-il, que des étudiants non avertis s’avancent jusqu’à la gare de la Médoquine, bâtie dans un renfoncement, avec l’idée légitime de prendre un billet de train. Si elle concerne bien évidemment les riverains et les salariés des environs, l’ouverture de la Médoquine pèsera à Talence, ville universitaire. Elle pourrait même contribuer, espère le maire Emmanuel Sallaberry, à « desserrer l’étau sur le logement étudiant » intra-muros en élargissant les possibilités d’hébergement.
5 « Un hub » avec le bus express
C’est la dernière pierre à l’édifice, mais elle compte aussi : une passerelle ferroviaire dessert la halte depuis le pont de la Mission Haut-Brion. Une facilité d’accès évidente (escaliers avec paliers intermédiaires, trois ascenseurs) pour cet équipement qui est aussi le cœur du pôle d’échanges multimodal de la Médoquine. Il permet d’accéder aux lignes de bus qui irriguent le territoire. Début 2028, la ligne Pellegrin-Thouars-Malartic du bus express passera à cet endroit. Une articulation idéale pour les patients et salariés du CHU. Emmanuel Sallaberry a d’ailleurs dépassé la question de la nuance sémantique entre halte et gare : « Ce n’est pas une halte, mais un hub, avec le bus à haut niveau de service. »
Sur le pont qui enjambe les voies ferrées, le chantier de la halte routière dimensionnée pour accueillir en 2028 la future ligne du bus express Pellegrin-Thouars-Malartic.
Thierry David/SO
6 Budget : 25,5 millions
Si la réouverture de la Médoquine fut un long chemin (sur lequel nous reviendrons d’ici l’ouverture de la ligne), elle témoigne d’un « alignement des planètes », dixit le maire de Talence, inespéré il y a encore quelques années. Son financement est à la hauteur des ambitions affichées : 25,5 millions d’euros, partagés à parts égales entre l’État, Bordeaux Métropole et la Région.
(1) Désaffecté, longtemps squatté, et toujours tagué, le bâtiment de SNCF gares et connexions devait faire l’objet d’un appel à projet. La filiale de la SNCF devait finalement y aménager des bureaux.