SEBASTIEN BOZON / AFP
Le patron du PS Olivier Faure a affirmé que le parti était volontaire pour succéder à François Bayrou.
POLITIQUE – Ultime tentative. Les socialistes ne voteront pas la confiance à François Bayrou et sont « volontaires pour être les suivants » à Matignon, a affirmé ce vendredi 29 août Olivier Faure, renvoyant la balle à un Emmanuel Macron qui pense encore qu’un compromis sur le budget n’est « pas insurmontable » d’ici au 8 septembre.
C’est toujours non : « Nous n’accorderons pas notre confiance à ce gouvernement » et à son budget « inacceptable », a répété le patron du PS en clôture des universités d’été à Blois, se posant ouvertement en alternative.
« Nous sommes volontaires pour être les suivants », a-t-il lancé, mettant sur la table « une autre manière de gouverner » avec « l’engagement de ne pas utiliser le 49-3, ce qui mécaniquement nous obligera à trouver des compromis texte par texte ». Perche tendue au chef de l’État, à qui « il appartient désormais de répondre à cette proposition », car « c’est à lui seul de nommer un Premier ministre », a-t-il ajouté.
Un scénario qui écarte a priori l’hypothèse d’une nouvelle dissolution, qu’Emmanuel Macron a un peu plus tôt qualifié de « politique-fiction », jugeant au contraire qu’un compromis sur le budget n’est « pas insurmontable » d’ici au 8 septembre.
Exhortant les partis politiques à trouver « des chemins d’accord », il a de nouveau apporté son soutien à François Bayrou, qui a eu « raison de mettre en responsabilités les forces politiques face à l’endettement du pays ». À ceux qui anticipent la chute du Premier ministre et réclament déjà son départ, le locataire de l’Élysée a fermement exclu de démissionner : « Le mandat qui m’a été confié par les Français (…) sera exercé jusqu’à son terme », a-t-il prévenu.
« Un autre chemin »
L’ancien Premier ministre Bernard Cazeneuve a lancé quant à lui vendredi un appel à un « compromis » budgétaire, qui irait du PS, son ancien parti, à la droite, en passant par le bloc central, afin d’éviter que la crise politique actuelle « ne se transforme en crise de régime ». « La responsabilité des partis de gouvernement, ce n’est pas de se comporter comme des partis de non-assistance à Nation en danger », a prévenu l’ex-PS Bernard Cazeneuve lors d’un débat avec l’ancien chef du gouvernement Edouard Philippe à Autun (Saône-et-Loire) à l’occasion des universités d’été organisées par l’ex-ministre de l’Éducation Jean-Michel Blanquer.
Pendant ce temps, François Bayrou multiplie les sorties pour tenter de sauver la sienne. Inaugurant la Foire de Châlons-en-Champagne vendredi matin, il a livré un nouveau plaidoyer, au nom d’une jeunesse réduite en « esclavage » par la dette, pour justifier sa décision de demander la confiance de l’Assemblée sur l’état des finances publiques et l’ampleur de l’effort à accomplir en 2026.
Le Premier ministre donnera encore dimanche à 18 heures une interview aux quatre chaînes d’information en continu. Avec le mince espoir d’enrayer sa chute probable. Car, outre le PS, les autres partis de gauche et le Rassemblement national ont déjà annoncé qu’ils voteraient contre la confiance.
C’est d’ailleurs « pour lui redire » qu’ils proposent « un autre chemin et une autre méthode » que les socialistes iront la semaine prochaine à Matignon, où François Bayrou a invité tous les chefs de partis.
Mais La France insoumise et les Écologistes ont refusé de se rendre à ces consultations de la dernière chance. Contrairement à Jordan Bardella et Marine Le Pen, qui seront reçus mardi matin. Autant d’opposants à qui François Bayrou a encore reproché vendredi de vouloir « la chute du gouvernement, et après (…) le désordre et le chaos ». D’autant que la rentrée sociale s’annonce agitée, avec le 10 septembre le mouvement « Bloquons tout » né sur les réseaux sociaux, puis la journée de mobilisation du 18 à l’appel des syndicats contre « le musée des horreurs du projet de budget ».
« Gouvernement de gauche »
En réponse au discours alarmiste du Premier ministre, le PS doit dévoiler samedi 30 août ses propres pistes budgétaires, avec un effort budgétaire bien inférieur aux 44 milliards d’euros portés par François Bayrou, et reposant d’abord sur les plus riches et les grandes entreprises.
Le parti à la rose espère bien « embarquer » avec lui ses partenaires : Écologistes, communistes, ex-Insoumis, Générations, tous représentés à Blois. A priori les Verts en seront, puisque leur cheffe Marine Tondelier répète à l’envi qu’Emmanuel Macron « n’a pas d’autre choix que de nous nommer ». En revanche, le patron de Place publique Raphaël Glucksmann semble vouloir jouer sa partition seul, avec pour objectif la présidentielle de 2027. Quant aux Insoumis, avec qui les relations sont exécrables, les plus optimistes les voient en « soutien sans participation ». Ce qui est loin d’être acquis. Le député LFI Éric Coquerel a ainsi exclu vendredi de « faire un chèque en blanc à des gens dont on ne sait pas quelle politique ils vont adopter ». Son leader Jean-Luc Mélenchon donnera le ton lors d’une conférence à Paris à 19 heures.