Les batteries solaires ont le vent en poupe. Nous avons testé la solution d’Anker Solix, les Solarbank Pro 3 pendant un mois, couplé à des panneaux solaires. Voici notre avis, et les économies qu’on peut en tirer.

Anker Solix Solarbank 3 Pro // Source : Vincent Sergère pour Frandroid

Pendant un mois, j’ai testé l’un des produits les plus ambitieux du catalogue Anker Solix : la batterie solaire Solarbank 3 Pro, accompagnée de trois extensions et connectée à huit panneaux solaires de 455 W chacun, pour une puissance totale d’environ 3,6 kW.

Avec une capacité de stockage de 10,8 kWh au totale (2,7 kWh par module), cette solution s’adresse clairement à ceux qui veulent s’équiper sérieusement en solaire sans passer par une installation sur mesure plus complexe à installer et à mettre en œuvre. Voici mon retour complet.

Le fonctionnement d’une batterie solaire

Avant de rentrer dans le vif du sujet, un petit rappel s’impose concernant l’utilité d’une batterie solaire. Lorsque vous avez des panneaux solaire chez vous, leur production d’électricité est directement injecté dans le réseau électrique de votre maison. Si vous ne consommez pas (ou peu) d’électricité à ce moment là, la production des panneaux est alors réinjectée dans le réseau électrique Enedis, en passant par votre maison. Vous « perdez » alors de l’électricité, que vous pouvez toutefois revendre à des fournisseurs d’énergie, mais à des prix peu intéressants (entre 3 à 10 centimes le kWh).

Pour aller plus loin
Pourquoi les batteries solaires deviennent désormais incontournables en France pour les particuliers

La batterie solaire permet alors de stocker cette énergie excédentaire produite par vos panneaux solaires lorsque la consommation de votre maison est plus faible. C’est le cas par exemple en plein après-midi, lorsque vous êtes au travail.

Le soir, arrivé à la maison, même si le soleil s’est couché, votre maison va consommer l’électricité contenue dans les batteries avant de tirer sur le réseau électrique Enedis.

L’un des gros atouts de la solution Anker Solix (comme celles de Zendure ou encore EcoFlow) est d’être plug and play. Il suffit de la brancher sur une prise de courant classique pour laisser la magie opérer.

Un design sobre et efficace

Posée dans l’arrière-cuisine d’une maison, la batterie principale et ses modules d’extension présentent un design que je qualifierais de très sobre et qui s’intègre bien, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur. Les produits sont certifiés IP65 donc on peut les installer dehors.

La qualité de fabrication inspire confiance, les matériaux utilisés sont très solide et font solide, que ce soit visuellement, mais aussi au toucher. Pas de plastique apparent, et ça rassure.

Seule une LED bleue signale l’activité de la batterie (charge ou décharge), mais son comportement reste flou : même en explorant les deux modes d’affichage disponibles dans l’application, je n’ai pas réussi à distinguer clairement ce que chaque état lumineux indiquait. Un petit écran ou au moins un indicateur visuel plus explicite aurait été bienvenu.

Une installation vraiment accessible

C’est là l’un des gros points forts du système Anker : l’installation est à la portée de (presque) tous. Le principe plug-and-play est pleinement respecté : la batterie principale se branche sur une prise secteur standard (à condition de respecter quelques règles de base comme l’usage d’une prise dédiée reliée directement au tableau électrique).

Les panneaux solaires se connectent directement sur cette batterie principale (qui intègre un onduleur) via des entrées MPPT. Il n’est donc pas nécessaire d’installer un tableau électrique spécifique ou de faire appel à un électricien.

Chaque extension de batterie se fixe ensuite à la verticale sur le module principal : la connexion est automatique, immédiate et parfaitement stable. En tout, j’ai pu atteindre 10,8 kWh de stockage avec trois extensions (4 x 2,7 kWh), ce qui correspond selon moi à un bon équilibre pour une maison familiale consommant beaucoup. Il est même possible de grimper à 16 kWh avec 5 extensions et un module principal.

Connexion des panneaux solaires : jusqu’à 3,8 kW

J’ai connecté huit panneaux d’environ 450 W de puissance chacun, pour un total de 3,6 kW. Le système prend justement en charge jusqu’à 3 600 W de puissance solaire, grâce à ses quatre entrées MPPT. Les connecteurs MC4 facilitent l’installation, et on peut utiliser des dédoubleurs (comme je l’ai fait, pour mettre les panneaux par paire, en connexion parallèle) si on a plus de quatre panneaux.

Cependant, il faut garder en tête la limitation imposée par l’onduleur intégré au module principal : la puissance maximale injectée dans le réseau domestique via la prise secteur est limitée à 1200 W (1,2 kW).

Les 8 panneaux solaires Anker Solix IBC 455 W // Source : Vincent Sergère pour Frandroid

Cette bride est liée à la réglementation sur les prises standards (schuko), et à la puissance admissible en toute sécurité. Du coup, en cas de forte production solaire (j’ai eu des pics de production à 3 500 watts), l’excédent (la puissance au-delà de 1 200 watts) alimente d’abord la batterie, mais une fois celle-ci pleine, le surplus est purement et simplement perdu.

En plein été, avec une batterie pleine à midi, j’ai vu jusqu’à 2 300 W de production partis dans le vide, même pas dans le réseau Enedis, faute de mieux. Mais on verra plus loin que des solutions existent pour améliorer ce point.

Le Smart Meter : l’intelligence de la maison

Le véritable cerveau du système Anker fonctionne grâce au Smart Meter. Une fois intégré dans le tableau électrique (il occupe deux modules, contrairement au Shelly 3 EM qui n’en prend qu’un), il permet une gestion fine de la production et de la consommation.

Il mesure ce que consomme la maison, ce que produisent les panneaux, ce qui est stocké, déstocké, tiré du réseau Enedis ou renvoyé vers celui-ci. Sans lui, la batterie fonctionne sans intelligence ni réelle efficacité.

L’installation du Smart Meter est faisable seul si on est prudent et qu’on suit les bons tutoriels, mais peut être déléguée à un électricien. Une fois installé, il permet de détecter les excès ou les déficits d’énergie et d’agir en conséquence : recharger la batterie si la production solaire excède la demande de la maison, ou décharger la batterie dans le réseau de la maison pour suppléer les panneaux solaires.

Il est aussi possible d’utiliser un Shelly 3 EM, compatible avec l’installation Anker.

Une application mobile au top

L’application Anker est sans doute l’une des plus claires que j’ai pu utiliser dans ce domaine. L’interface permet de visualiser en temps réel la production des panneaux, le niveau de la batterie, la consommation de la maison, les flux vers le réseau, et l’historique de tout cela à l’échelle journalière, hebdomadaire, mensuelle ou annuelle.

On voit clairement les kWh produits, stockés, injectés ou consommés. Des QR codes facilitent la mise en route, un tutoriel intégré guide l’installation, et les paramètres sont simples à ajuster.

Le seul bémol : quelques maladresses de traduction. Rien de dramatique, mais cela rappelle que le produit, et l’application ont été développée en Chine.

Une intelligence artificielle prometteuse

L’IA embarquée (Anker Intelligence) ajoute une couche d’intelligence bienvenue. Cette fonction directement intégrée à l’application adapte automatiquement la gestion des flux énergétiques en fonction de vos habitudes de consommation, du prix de l’électricité (surtout utile dans les pays à tarification dynamique comme la Belgique ou l’Allemagne) et de la météo.

Par exemple, si un ciel couvert est prévu le lendemain, le système peut choisir de conserver plus d’énergie pendant la nuit dans les batteries (en utilisant alors l’énergie du réseau Enedis pour alimenter la maison) pour réduire la dépendance au réseau le lendemain lors des périodes d’heures pleines.

Je n’ai pas testé suffisamment longtemps cette fonction pour me faire un avis définitif, mais j’ai déjà vu des comportements intéressants, où la batterie ne se déchargeait pas totalement dans la nuit, pour prévenir d’un ciel couvert le lendemain, et donc d’une production plus faible que mes besoins durant les heures pleines.

Je compte réaliser un retour plus complet sur cette fonction dans les prochaines semaines, et notamment lorsque la météo sera moins clémente pour mieux tester le système.

Bonne nouvelle : le système est compatible avec Home Assistant, ce qui devrait ravir les bidouilleurs et amateurs de domotique avancée. Je n’ai pas encore testé cette intégration, mais elle ouvre la voie à une personnalisation très fine de la gestion énergétique et l’interconnexion avec d’autres systèmes.

Dépasser la limite des 1200 watts : quelques pistes

La bride à 1200 watts dont on a parlé plus haut du fait de l’onduleur est l’un des freins principaux de cette solution. Mais il existe des stratégies pour la contourner.

La première, c’est installer un deuxième ou un troisième système Anker en parallèle. On double ou triple la puissance possible injectée, et on peut donc avoir 2 400 watts voire même 3600 watts de puissance. Il faut alors deux ou trois modules principaux, avec chacun des batteries supplémentaires.

A gauche : une journée ensoleillée (pic à 2 963 W) ; au milieu : une journée avec du soleil et des nuages ; à droite : la bride à 1 200 W dès 13h

La seconde, c’est de brancher une partie des panneaux sur un onduleur indépendant, relié directement au réseau de la maison. Ainsi, on aura toujours la limite de 1 200 watts en sortie de batterie, mais en pleine journée, les panneaux reliés sur l’onduleur supplémentaire pourront injecter leur production dans le réseau.

Dans mon cas, on pourrait imaginer brancher 4 panneaux (1 800 watts) sur la batterie et 4 panneaux sur deux onduleurs de 900 watts chacun. On aurait alors une puissance de 1 200 watts en sortie de batterie et 1 800 watts en direct depuis les panneaux.

Et dans ce cas, la batterie peut également se recharger avec l’énergie produite par les panneaux qui ne sont pas directement reliées à elle, en passant par la prise électrique sur laquelle est branchée la batterie.

L’inconvénient de cette deuxième solution, c’est qu’on perd les données de production de ces panneaux « indépendants » qui n’apparaissent plus dans l’application.

Dans tous les cas, le dimensionnement de l’installation doit être fait avec soin pour maximiser le rendement. On pourrait penser que dans mon cas, 8 panneaux est un nombre trop élevée vue la puissance de la batterie. Mais il ne faut pas oublier que les données récoltées jusqu’à présent ont été réalisé en plein été.

En hiver, la production d’une installation solaire est moins bon puisqu’il y a moins de soleil. Dans ce genre de cas, il y a fort à parier que je serais bien moins bridé qu’en plein été.

Dans tous les cas, le bridage à 1 200 watts est frustrant, et limite forcément un peu la rentabilité du système entier. Car il m’est souvent arrivé de devoir acheter de l’électricité sur le réseau alors que les panneaux pouvaient produire plus d’énergie.

Le mode hors réseau

Souvent, on entend dire qu’une batterie solaire est utile en cas de coupure de courant. C’est vrai, mais pas tout le temps. Surtout avec les systèmes plug-and-play.

Si vous pensez que la batterie prend automatiquement le relai en cas de coupure de courant, c’est faux. Du moins, avec ces systèmes clef en main. C’est possible, mais avec une installation personnalisée, réalisée avec un électricien, ou par vos soins, mais avec beaucoup de compétences et de matériel.

Avec les systèmes comme celui d’Anker, en cas de coupure de courant, il existe tout de même une solution : la prise « hors réseau ». C’est une prise particulière, qui n’est pas reliée à la prise électrique de la maison. Elle permet de brancher une multriprise, puis d’y relier tous les appareils à alimenter en cas de coupure de courant. Par exemple, un frigo, la box Internet, etc.

Il est possible de relier ces équipements sur la prise même lorsque le courant n’est pas coupé. Mais il faut alors qu’ils soient à proximité de la batterie (ou d’avoir une longue rallonge).

La prise hors réseau permet de sortir 2 000 watts au lieu de 1 200 watts sur le réseau.

Rentabilité, rendement et durabilité

En un mois, ma production solaire a atteint 440 kWh, pour une consommation totale de 800 kWh de la maison. Il faut dire que ma maison est énergivore, avec deux voitures électriques, la pompe de filtration de la piscine, ou encore la pompe à chaleur qui chauffe et refroidi la maison.

Le système solaire m’a permis d’éviter 440 kWh tirés du réseau, soit environ 85 euros au tarif EDF Bleu. En un mois, c’est plutôt bon. Et pour être encore plus précis, sur ces 440 kWh, 164 kWh ont été tirés depuis la batterie, lorsque les panneaux solaires ne produisaient plus. J’ai donc économisé environ 30 euros grâce aux batteries sur un mois, et le reste grâce aux panneaux solaires.

Il faudra revenir sur ce calcul dans quelques mois, pour mieux calculer le rendement de l’installation. Mais j’anticipe environ 700 euros d’économie annuelle, pour un coût d’installation d’environ 7 000 euros.

Anker Solix annonce 854 euros d’économies par an avec un système de 16,2 kWh et 4 kW de panneaux solaires. On verra au bout de 12 mois, mais ça ne paraît pas impossible, à condition d’avoir un profil de consommation qui se rapproche de leur hypothèse, avec un taux d’utilisation du surplus de 30 %.

A environ 9 000 euros l’installation (batteries + panneaux), ça fait un retour sur investissement en 10 ans, sans compter l’augmentation du prix de l’électricité qui peut facilement réduire de quelques années cette durée.

Mais la rentabilité de la batterie (qui est l’un des élément les plus cher du système) dépendra fortement de votre profil de consommation et de votre taux d’autoconsommation. Plus vous consommez de l’électricité, et plus la batterie sera facilement amortissable. Surtout si vous consommez de l’électricité en dehors des horaires de production solaire.

Même dans mon cas, où je consomme beaucoup d’électricité durant la journée (du fait de la filtration de la piscine), je vidais les batteries pleines durant la nuit. Du fait d’une consommation en veille de la maison assez élevée (avec les équipements domotiques et informatiques, environ 400 watts), mais aussi du fait de la consommation après le coucher de soleil (la cuisine) et avant le lever du soleil (le petit déjeuner).

Je tenterais un calcul plus précis lorsque j’aurais pu mieux me familiariser avec le système d’intelligence artificielle.

Du côté de la durabilité, les panneaux solaires sont donnés pour 20 à 30 ans minimum, parfois 40 ans. La batterie utilise la technologie LFP (Lithium Fer Phosphate), avec 6000 cycles annoncés et une garantie de 10 ans. Anker promet une durée de vie de 15 ans et 70 % de capacité restante au terme de cette période.

Prix et disponibilité

Le module principal, l’Anker Solix Solarbank 3 2700 Pro est affiché à 1 499 euros sur Amazon. Chaque extension BP2700 ajoute environ 2700 Wh pour un tarif de 899 euros l’unité.

La facture grimpe vite, mais c’est cohérent avec le marché. En comparaison, Zendure (avec la gamme Solarflow testé sur Frandroid) ou EcoFlow (avec la gamme Stream que nous avons testé) proposent des tarifs similaires pour des capacités et des fonctions équivalentes.