L’actuel maire de Nice, qui s’apprête à affronter son ancien protégé devenu son pire ennemi, a pris le soin d’éviter de commenter l’annonce de sa candidature cette semaine.
Lors de son traditionnel festin géant de rentrée politique, vendredi soir, le maire de Nice Christian Estrosi a déjà annoncé celui de l’année prochaine. Il aura lieu sur l’extension de la coulée verte, là où il a choisi de détruire le théâtre puis le palais des congrès pour davantage végétaliser, «et nous serons 8000 voire 10.000», a-t-il lancé.
Sauf qu’entre-temps, des élections municipales doivent avoir lieu. Et elles s’annoncent particulièrement intenses, à Nice (Alpes-Maritimes), où Christian Estrosi va affronter son ancien protégé Éric Ciotti devenu dans des considérations irrationnelles son pire ennemi. Le député niçois et président de l’UDR a enfin fini par officialiser sa candidature mercredi.
Christian Estrosi (Horizons) se voit-il donc déjà vainqueur de cette bataille fratricide en prévoyant son prochain banquet ? «Je n’ai pas cette arrogance, je n’ai pas cette prétention, je sais de quoi est faite la démocratie», a sobrement répondu l’édile lors d’un aparté avec la presse. «Je ne me berce pas d’illusions, je reste lucide avec les pieds sur terre, j’aurai des adversaires sans doute de qualité que je respecte totalement», a-t-il poursuivi.
«Mandat à finir»
Mais pour l’instant, Christian Estrosi (70 ans) se refuse au moindre commentaire sur l’entrée en campagne d’Éric Ciotti. Dans ses rangs, la stratégie est d’en faire un non-événement. «Nous aurons l’occasion de débattre de tout cela mais j’ai mon mandat de maire à finir jusqu’au bout», a-t-il esquivé.
Déjà élu à trois reprises à l’hôtel de ville du bord de la baie des Anges, Christian Estrosi assure pour autant que les combats politiques «ne [m’]ont jamais inquiété, jamais fait peur». Il se voit ainsi comme «un rempart face à ceux qui voudraient mettre Nice sous tutelle d’un appareil politique», une manière de gloser, qu’Éric Ciotti par son alliance avec Marine Le Pen, veut offrir la cinquième ville de France au Rassemblement national.
Christian Estrosi veut «rassembler», être «au-dessus du jeu des partis politiques», martèle-t-il, alors qu’en coulisses, celui qui a quitté Les Républicains pour rejoindre Emmanuel Macron puis aujourd’hui le parti d’Édouard Philippe espère le soutien officieux de… LR pour les élections municipales à venir. La future liste, elle aussi, se prépare et tous les élus actuels ont pris le soin d’être présent pour faire bonne figure. Les élections auront lieu les 15 et 22 mars 2026, a indiqué le gouvernement cette semaine.
Convoquer Johnny
Lors de son festin nissart, qui réunit plusieurs milliers de personnes dans le jardin Albert-Ier et où, jure-t-on, du monde a dû être refusé, le maire de Nice a voulu tenir un discours paternel mais creux et sans aucune annonce. Il s’est scolairement attelé à défendre son bilan et ses profondes convictions, comme pour chasser les bateaux de croisières ou réduire le nombre d’Airbnb ou encore, défendre l’installation sur une place de la controversée statue de Jeanne-d’Arc face à la justice et au préfet. «Tout ce que nous avons fait, ce n’est pas pour les paillettes, non, c’est pour les Niçois», s’est exclamé Christian Estrosi dans son discours, allusion néanmoins aux critiques d’Éric Ciotti d’une «dérive bling-bling».
Pour les attaques sarcastiques de son adversaire, le maire de Nice a une nouvelle fois pu compter sur le président de la région, Renaud Muselier, venu de Marseille pour l’occasion. Derrière la candidature d’Éric Ciotti, lui n’y voit «qu’un petit qui gesticule», a-t-il lâché, le comparant alors à Iznogoud. «Vous connaissez la traduction ? Il n’est pas bon, voilà», a-t-il poursuivi dans sa comparaison avec le calife de René Goscinny.
Christian Estrosi a fini, quitte à se répéter, sur des déclarations d’amour à sa ville, aux Niçois, à son mandat. «Pour devenir maire et le rester, il faut aimer les gens, les vrais. Il faut aimer être à portée de baffes et de mercis», a-t-il résumé. Il s’agissait ensuite de convoquer Johnny Halliday et de chanter en mode karaoké aux côtés de sa femme, Laura Tenoudji, L’envie d’avoir envie, pour faire comprendre encore un peu plus qu’il ne compte pas lâcher son fauteuil de maire malgré les turbulences à venir.