Un anniversaire magique. À Cagnes-sur-Mer, voilà ce que vont vivre Aurélie Barlet et Virginie Platel, cogérantes de la librairie La Pléiade.
Bien connu des amateurs de belles lettres, le lieu, repris depuis 7 ans par ce duo, fête ce samedi 30 août son anniversaire en recevant – à guichets fermés – l’auteur et journaliste Sorj Chalandon, dont Le livre de Kells est l’une des sensations de la rentrée littéraire.
Un événement… et « un rêve de plus réalisé », lance Aurélie, 43 ans, éprise de cette plume engagée depuis qu’elle a mis en rayon son premier bouquin en 2005.
À l’époque, cette néoazuréenne, originaire de Savoie, était déjà libraire. « Une vocation », reconnaît celle qui officia à Lyon, puis à Nice, au – feu – Virgin de Jean-Médecin puis à la Fnac – où elle fonda un club lecture – et à la librairie Acropole de Felix-Faure.
C’est entre les murs de cette échoppe, désormais close, qu’elle rencontre Virginie, de 7 ans son aînée. Kinésithérapeute, c’est une cliente fidèle.
« J’adorais lire les conseils laissés par les libraires sur les couvertures », se souvient celle qui nourrit alors elle aussi un rêve: tout plaquer pour travailler au milieu des livres.
En 2017, Virginie Platel saute le pas. Deux après-midi par semaine, elle troque sa blouse de kiné pour une immersion à la librairie Acropole, tente même de la racheter.
Mais le projet fait long feu. Comme un signe, Aurélie Barlet tombe alors sur cette annonce: à Cagnes, La Pléiade, institution qui fait dans le livre depuis 50 ans, est à céder.
« La semaine suivante, on visitait. Deux mois après, on signait le compromis! », retrace-t-elle. , a poussé les murs dès 2021 en reprenant le local du coiffeur voisin pour en faire un espace jeunesse, revu l’organisation des rayons… qui accueillent aujourd’hui 17.000 titres!
Dédicace… au cœur des halles!
Bien plus qu’un alignement de bouquins, La Pléiade propose avant tout « du lien ». « On n’aime pas lire dans notre coin mais partager. Le summum, c’est de faire venir une à deux fois par mois des auteurs. En arrivant à Cagnes, on a senti qu’il y avait un vrai besoin d’offre culturelle », dixit Aurélie, qui profite de son réseau pour attirer de grands noms.
À l’instar de Franck Thilliez, star du policier, qui a ravi en juin Virginie – « la grande prêtresse du polar » – et de nombreux passionnés. Ouvert sur la ville, le lieu a lancé la rentrée dernière son prix Pléiado, qui met des lycéens de Renoir et Escoffier dans la peau d’un jury littéraire.
En mai, pour accueillir Sophie Demange, autrice du livre Les Bouchères, le duo s’est délocalisé dans les halles marchandes et a revêti le tablier.
« Chaque dédicace offrait 10% de réduction sur les étals », racontent les filles, soucieuses de faire vivre le tissu local. Qui le leur rend bien… Le 10 juin, alors que le plafond de leur coin jeunesse s’effondrait à cause d’une fuite, des clients leur apportaient des viennoiseries, « les collègues de Biocoop une cagette de bons produits », s’émeuvent-elles.
De quoi faire oublier « les marges qui baissent » et le gros travail de manutention d’un métier « très précaire ». « Ici, je gagne bien moins qu’avant mais je suis la plus heureuse », lance Virginie. Quant à Aurélie, qui retrouve chaque soir avec joie « une muraille de Chine de livres sur [sa] table de nuit », elle ne troquerait pour rien au monde « la grande famille créée à La Pléiade ».