Tout l’été, le street art a animé Toulon dans le sillage de l’exposition Banksy au Musée d’art. Après le parcours urbain, la ligne bleue et les visites guidées, place aux artistes locaux.

Trois d’entre eux, exposés en ce moment à la galerie Lisa, racontent leur parcours et leur univers.

DeezOne

Après une école de graphisme et de dessin, cet artiste a découvert le graffiti avec le hip-hop dans les années 90. Originaire de Toulon, il raconte qu’il était compliqué de se faire une place dans ce milieu lorsqu’on ne venait pas de Paris. Ce n’est que plus tard que cette discipline a été accessible en province. « Au début, c’était du vandalisme, on n’avait pas le droit de faire ça. Ensuite, certains terrains ont été mis en place pour ça à Toulon », raconte-t-il.

Aujourd’hui, DeezOne ne fait plus de graffiti et décrit ses œuvres comme des illustrations à tendance urbaines. Il s’inspire de tout ce qui l’entoure, et aime ce style urbain qui n’est pas limité. « On peut tout faire, mélanger les matières, les styles. Ce n’est pas comme la peinture académique », déclare-t-il. Depuis huit ans, il travaille également dans le dessin animé, mais aujourd’hui il ne fait plus de street art.

Pozde

De son vrai nom, Olivier Gianotti, cet artiste est né et a grandi à Toulon. À la fin des années 90, il commence à s’intéresser aux graffitis. Après avoir obtenu son bac en 2002, il décide de s’installer à Paris pour travailler cette nouvelle discipline. En 2004, il décide de se lancer des études de graphisme sur ordinateur, puis de marketing et de communication, tout en continuant le graffiti à côté.

Son amour pour cet art ne l’a jamais quitté et, en 2015, il décide de revenir à Toulon pour ouvrir son atelier. Depuis, il a réalisé une cinquantaine de toiles en moyen et grand format, et son atelier est désormais situé à La Seyne, près de la gare.

Cet artiste définit son style comme de l’art abstrait avec des formes géométriques dont la composition et les couleurs rappellent le graffiti. « J’essaie de mélanger un peu l’univers de la peinture et du graffiti qui sont sensiblement différents. Le graffiti c’est sur le terrain, pas sur une toile », explique Pozde.

Daddy Twoer

Créateur du petit oiseau baptisé Piou piou, cet artiste toulonnais a toujours dessiné. Avant même d’avoir touché sa première bombe de peinture, en 1997, il s’entraînait déjà à tracer les lettres de son nom dans un style graffiti au crayon.

En 2012, il crée le personnage qui va évoluer en même temps que lui: Piou piou. « Comme tous les oiseaux, ce personnage représente la liberté », déclare l’artiste. À partir de 2018, il commence à le peindre sur papier pour pouvoir le coller dans la rue. « Je le collais en hauteur à l’aide d’une perche pour que tout le monde puisse le voir mais que personne ne puisse le décoller », sourit-il. Présent sur 90 % de ses œuvres, ce petit oiseau est aujourd’hui devenu sa signature.

S’il se considère comme un graffeur, Daddy Twoer ne se revendique pas street artiste. Pour lui, le street art est un terme « poubelle » qui englobe tout et ne veut rien dire. « Le principe du street art, c’est que c’est dans la rue, pas dans une galerie. Aujourd’hui ceux qui se disent street artiste n’ont jamais rien fait dans la rue », s’insurge-t-il.

Aujourd’hui, en plus de ses œuvres, il est en train de créer une marque de vêtements, dont les fonds seront reversés à une association pour permettre aux jeunes l’accès à la culture et au sport.