Cet été, une caméra fixe du photographe Régis Domergue a immortalisé la faune locale. Plus de 1,2 million de personnes ont déjà vu la vidéo. Un buzz qu’il ne s’explique pas. Nous, si !

« Aux dernières nouvelles, 1,2 million de personnes ont vu cette vidéo. Je ne comprends pas pourquoi. Ça me dépasse. D’une part, je ne suis pas habitué à ça, d’autre part, je ne le cherche pas. Je ne suis pas un influenceur ou quoi que ce soit. »

Une scène insolite : le chevreuil boit, le renard attend son tour.

Une scène insolite : le chevreuil boit, le renard attend son tour.
Midi Libre – Régis Domergue

Le petit film de trois minutes du photographe Régis Domergue cartonne sur les réseaux sociaux. S’il ne comprend pas comment il a réussi à amener avec lui autant d’amateurs de faune sauvage, et bien au-delà des amoureux du pic Saint-Loup, il y a une raison. Et très certainement beaucoup plus. La principale est peut-être justement cet intérêt qu’il porte à la montagne totémique de Montpellier. Ses mots sont forts : « J’ai une fascination irrationnelle pour le pic Saint-Loup, je ne me l’explique pas non plus, ça me dévore. Toute la journée, j’ai les yeux fixés sur lui. Je le photographie jour et nuit. »

« J’ai une fascination irrationnelle pour le pic Saint-Loup »

Au point que sur ses réseaux, l’homme poste tous les jours, matin et soir, une image de son objet de fascination. Soit qu’il aura fait en crapahutant comme il en a l’habitude. Soit en la tirant de l’un de ses soixante objectifs qui sont installés de Notre-Dame-de-Londres à Saint-Bauzille-de-Montmel. Toutes ont une particularité pour le moins singulière : elles sont tournées vers le pic Saint-Loup. Et cet été, il a en plus fait l’un de ses gestes qui le définit si bien. À six reprises, il a rempli d’eau trois bidons de dix litres et il est allé les vider dans une « marmite naturelle » sur le territoire de la commune de Notre-Dame-de-Londres.

Régis Domergue sur son écran de travail : devant le Pic bien sûr.

Régis Domergue sur son écran de travail : devant le Pic bien sûr.
Midi Libre – T. J.

« Normalement, elle se remplit avec la pluie. Après les orages, elle a une autonomie d’une semaine. Ensuite, elle est à sec, explique-t-il. Mais cet été, avec la canicule, elle ne se remplissait plus. J’ai décidé d’aller l’alimenter. Dans un premier temps, d’une manière tout à fait égoïste, pour continuer à avoir des images : s’il n’y avait plus d’eau, il n’y aurait plus d’animaux, donc je n’aurai plus d’images. Et puis j’ai réalisé que je faisais de la sauvegarde. Je voyais bien que chaque fois que j’amenais de l’eau et que je regardais les images, les animaux n’attendaient pas très longtemps après mon départ pour venir boire. »

Et là, la magie opère. En gros plan, chevreuil, renard, sangliers, blaireau, circaète, milan noir, geai… Toute la famille de la faune locale a passé son nez, ou plutôt sa truffe et son bec dans cette mare improvisée et vitale.

« Je me suis senti utile »

« Je me suis senti utile », apprécie Régis avec cette humilité qui le caractérise. « Pourquoi je fais ça ? » Il réfléchit… « Pour faire un inventaire et un suivi de la faune sauvage à des fins, comment dire, pédagogiques. Voilà, pour les enfants. Et puis aussi pour sensibiliser au réchauffement climatique. »

Cet ancien botaniste du Cirad est un vrai passionné. Sa maison, à Sainte-Croix-de-Quintillargues, est à mi-chemin entre l’atelier et la galerie photos. Deux fois par an, il l’ouvre aux visiteurs. Prochains rendez-vous les 7 et 8 décembre. N’hésitez pas, allez-y !

Son travail est visible sur picsaintloup.photos.