30 personnes lauréates de l’examen pour devenir professeur des écoles dénoncent « le lâchage » de l’Éducation nationale. Ces postulants regrettent que le rectorat qui avait procédé, avec l’aval du ministère, au recrutement de la quasi-totalité des personnes sur liste complémentaire du concours de recrutement en 2023 et en 2024, ne leur ait proposé aucun poste malgré le « manque d’effectifs » pour la rentrée scolaire dénoncé par les syndicats.

« On reste chez nous alors qu’il faudrait préparer la rentrée »

Le Snapen (Syndicat national des agents publics de l’Éducation nationale) s’est fendu d’un communiqué pour dénoncer « ce choix inacceptable ». « Le recours à cette liste complémentaire de profs, prévu par les textes, est un outil indispensable pour faire face aux besoins réels du terrain. Privilégier le recours à des contractuels, comme l’a choisi le rectorat d’Aix-Marseille, alourdit les charges des équipes pédagogiques qui doivent compenser le manque de formations des collègues contractuels », ajoute le syndicat par la voix de Romaric Giacomino, professeur de physique chimie et référent au Snapen.

Du côté des 30 postulants inscrits sur la liste complémentaire, la frustration est « immense », selon Mélissa Ben Achour, qui « rêve d’être prof ». « Des classes vont manquer d’un ou plusieurs enseignants dès le premier jour de la rentrée, pourtant des lauréats restent chez eux. Nous avons validé le concours, et pourtant l’Éducation nationale favorise des contractuels qui sont objectivement moins bien formés. La situation paraît presque irréelle », se désole la jeune femme.

Lors des deux rentrées précédentes, en 2023 et 2024, la liste complémentaire a été en totalité recrutée dès le mois de juillet à Marseille, une stratégie suivie cette année par les académies autour des villes de Toulouse, Nice et Montpellier, indique un élu syndical.

Dans les groupes de discussion entre profs, on s’inquiète de cette « rupture ». « Je suis dans de nombreux groupes et c’est la première fois qu’on assiste au lâchage de 30 candidats méritants. Pour l’Éducation nationale, c’est une balle dans le pied, car elle se retrouve obligée de renouveler les contractuels pour combler les absences de profs », partage une enseignante qui a pris son poste en 2024. Avant d’ajouter : « Si on met un pansement sur une plaie, ça ne va pas empêcher l’infection. »