Agrandir l’image : Illustration 1

Agrandir l’image : Illustration 2

Agrandir l’image : Illustration 3

«Le président sénégalais, Bassirou Diomaye FAYE, est à Paris. Reçu par le président Emmanuel MACRON, il a rencontré le MEDEF, le patronat français. Le PASTEF, dans son ressentiment et son aveuglement devant les réalités internationales, serait-il, après le FMI, reconverti au libéralisme ?» par Amadou Bal BA.

Les relations franco-sénégalaises, après une période de graves tensions, au sujet du massacre au Camp de Thiaroye du 1er décembre 1944 et la fin de la présence militaire française, ont repris de belle avec la visite à Paris du président Bassirou Diomaye FAYE du 27 août 2025.

Cependant, M. Ousmane SONKO, le Premier ministre et président officieux du Sénégal, qui a été en Chine et en Turquie, boude toujours la France.

Le ressentiment n’est pas une orientation politique viable. Les quatre siècles d’esclavage, comme les six siècles de présence française au Sénégal, une charge explosive, ont laissé des blessures profondes dans la mémoire des Sénégalais, un ressentiment. Cependant, ces colères, ces sentiments d’injustices et d’impuissance, ces blessures, ces traumatismes enfouis quelque part dans la mémoire collective, sans jamais les oublier, devraient être surmontées, non pas par la vengeance, mais un profond désir de reprendre notre destin en main. En effet, le président Bassirou Diomaye FAYE devait rencontrer à Paris, l’ancien président, Macky SALL, mais la rencontre a capoté. Dans cette alternance dite de rupture, le PASTEF, dans son aveuglement, qui avait axé ses angles d’attaque contre l’ancien colonisateur, semble revenir à de meilleurs sentiments.

L’adversaire de l’Afrique ce n’est pas la France, mais la politique colonialiste menée par Charles de GAULLE, depuis l’indépendance, dite la Françafrique. Pendant longtemps, sous Léopold Sédar SENGHOR et Abdou DIOUF, à la suite de la liquidation de Mamadou DIA, un nationaliste, jugé proche des pays communistes, c’est maître Abdoulaye WADE qui a commencé à négocier avec Taiwan. Le président Macky SALL est carrément sorti du pré carré français, en coopérant avec la Chine, la Turquie, le Maroc et les Etats-Unis.

Finalement, les États n’ont pas d’amis, mais que des intérêts. Le Sénégal, après son alternance dite de rupture, est légitime de s’exprimer par la voix de son Premier ministre Président pour des accords gagnant-gagnant. À la suite de l’alternance dite de rupture, je ne vois plus où le blocage, la difficulté de négocier avec la France d’égal à égal, puis qu’après la théorie du complot, la prétendue dette cachée de l’ancien président Macky SALL, le PASTEF discute maintenant, à visage découvert avec le FMI, supposé incarner diable.

En quoi la chine, la Turquie et le FMI seraient plus respectables, plus fréquentables que la France ?

Le PASTEF, dans ses analyses, est marqué par une sorte d’aveuglement, de dogmatisme l’empêchant d’être efficace dans son orientation de rupture. Le Sénégal, devenu indépendant depuis 65 ans, doit apprendre à défendre son bifteck de manière vigoureuse, intelligente et sans concession partout dans le monde y compris à Paris, notamment les questions mémorielles et économiques d’investissement, de commerce ou de sécurité. 

Le PASTEF étant souverainiste, je sais que les sujets sur le FCFA, les contrats léonins, notamment les droits de pêche, ou de mémoire (Tirailleurs sénégalais du Camp de Thiaroye), tiennent à cœur le nouveau gouvernement. Fondamentalement, en dépit de l’alternance dite de rupture, la France est restée massivement présente au Sénégal, ses activités économiques étant sauvegardées. Rien n’est tabou ; tout se négocier.

Devant le MEDEF, le patronat français, le président Bassirou Diomaye FAYE a dit. «Le Sénégal reste un pays ouvert à tous les partenariats, et veut continuer le chemin » avec la France, en nous délestant des pesanteurs du passé». Reçu auparavant, à l’Élysée par le président Emmanuel MACRON «Nous avons convenu de donner une impulsion nouvelle à nos pays. Cette ambition ne pourra se réaliser sans le secteur privé. C’est vous qui innovez pour contribuer à relever les défis d’aujourd’hui et de demain», dit le président sénégalais, Bassirou Diomaye FAYE.

A quand, donc à Paris, le Premier ministre, M. Ousmane SONKO ?

Références bibliographiques

BA (Amadou, Bal), «Le président Bassirou Diomaye FAYE en Chine», Médiapart, 5 septembre 2024 ;

BA (Amadou, Bal), «Le président Bassirou Diomaye FAYE en visite à Paris», Médiapart, 20 juin 2024 et 25 juillet 2024 ;

BA (Amadou, Bal), «Ousmane SONKO à quand une visite en France ?», Médiapart, 2 juillet 2025 ;

BA (Amadou, Bal), «Plaidoirie pour des relations entre la France et l’Afrique apaisées. Privilégier la diplomatie», Médiapart, 16 janvier 2025 ;

BA (Amadou, Bal), «Sénégal, alternance de rupture : quel avenir de la Françafrique», Médiapart, 31 mars 2024.

BA (Amadou, Bal), «Ousmane SONKO : faire libérer les Sénégalais sans-papiers détenus dans les prisons turques», Médiapart, 7 août 2025 ;

FERRO (Marc), L’aveuglement, une autre histoire de notre monde, quand nous refusons de voir la réalité, Paris, Tallandier, 2015, 512 pages ;

FERRO (Marc), Le ressentiment dans l’histoire, comprendre notre temps, Paris, Odile Jacob, 2007, 223 pages.

Paris, le 27 août 2025 par Amadou Bal BA

Paris, le 27 août 2025 par Amadou Bal BA