En 2022, Arnaud Bonnefoy, gardien de la paix au commissariat du Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis), âgé à l’époque de 29 ans, a avoué avoir tué sa compagne.

La cour d’assises de Paris juge à partir de mardi l’ex-policier Arnaud Bonnefoy, arrêté début 2022 après trois semaines de cavale, pour le meurtre de sa compagne Amanda Glain dans le nord-est de la capitale. L’accusé, âgé de 33 ans, encourt la réclusion criminelle à perpétuité pour le meurtre de sa concubine de 28 ans, retrouvée étranglée dans sa salle de bain. Le verdict est attendu jeudi.

Le 28 janvier 2022, Arnaud Bonnefoy, gardien de la paix au commissariat du Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis), âgé à l’époque de 29 ans, «avait prévenu son service qu’il n’irait pas travailler», avait indiqué le parquet de Paris au moment de ses réquisitions définitives. «Ses velléités suicidaires étaient connues, sa hiérarchie avait sollicité les policiers du XIXe arrondissement pour vérifier son domicile», où ils «avaient découvert le corps sans vie de sa compagne», avait poursuivi le ministère public.


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Des semaines de cavales

Le policier avait pris la fuite. Son véhicule, son arme de service et deux chargeurs avaient été retrouvés les 11 et 12 février à Amiens sur le parking d’un fastfood, après un appel à témoins. Selon des éléments de l’enquête obtenus par l’AFP, il avait ensuite été pris charge par le Samu social auquel il s’était présenté sous une fausse identité. Pendant sa fuite, son père l’avait interpellé à la télévision: «Arnaud, si tu me vois, si tu m’entends, si tu vois ce message, je te demande de te rendre sans délai».

Après trois semaines de cavale et des déplacements en covoiturage, le fils avait appelé la gendarmerie le 22 février pour se signaler chez son père dans le Var, où il avait été interpellé sans résistance. «Il est venu me dire adieu avant de se rendre. Toutes mes pensées vont vers Amanda», avait déclaré le père.

Selon des éléments de l’ordonnance de mise en accusation de septembre 2024 dont l’AFP a eu connaissance, Arnaud Bonnefoy a indiqué qu’Amanda Glain lui avait annoncé son intention de le quitter. «Ne le supportant pas, il l’avait étranglé», d’après l’ordonnance. S’il «n’a jamais expressément verbalisé» devant la justice «son intention de donner la mort à Amanda Glain lors des faits, cette intention se déduit de (ses) gestes» qui ne pouvaient «avoir d’autres issues que la mort», tranche le juge d’instruction.

«Je vais te crever»

Le policier a par ailleurs «exprimé des regrets» et s’est justifié en disant avoir «perdu les pédales», dans un contexte de «disputes régulières». Mais l’enquête a pourtant établi, outre des fragilités psychologiques matérialisées par une tentative de suicide en 2017, «la dangerosité» de ce policier, qui avait déjà écopé en 2019 d’un stage de sensibilisation aux violences conjugales après en avoir commis sur sa compagne de l’époque.

Amanda Glain avait ainsi reçu de nombreuses menaces téléphoniques, telles que «Tu ne seras jamais en paix tant que je serai en vie», des «Je vais te crever» répétés, ou encore «Un homme blessé n’a plus rien à perdre». En octobre 2020, soit un an et demi avant son meurtre, en pleine nuit, elle s’était ainsi auto-adressé des captures d’écran d’échanges où Arnaud Bonnefoy la prenait à partie, rangées dans un dossier «preuves», et avait dressé une liste de «personnes à contacter au cas où».


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Selon une source policière, une enquête de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) «a mis en lumière des défauts de contrôle à l’encontre d’une partie de la chaîne hiérarchique de l’intéressé», qui n’a pas fait respecter une mesure de restriction de port d’arme hors vacation visant Arnaud Bonnefoy, vieille de près d’un an, et «des sanctions disciplinaires ont été proposées». En 2022, l’année des faits, 118 femmes ont été victimes de féminicide conjugal à travers la France, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur.