Elle détonne dans le paysage auvergnat. Certains l’associent à une soucoupe volante, d’autres l’appellent plus simplement « la maison qui tourne ». À Vernines (Puy-de-Dôme), le Logis Las Crozas propose des logements insolites nés de l’inspiration de leur créateur, Emmanuel Robin, accompagné de sa femme Valeriia. Technicien supérieur en mécanique de métier, il a transposé son goût pour le design des dessins aux constructions. « Ça a commencé il y a dix ans quand j’ai construit ma propre maison pour des raisons économiques », explique-t-il. « Puis j’ai eu envie de créer d’autres logements avec des formes qu’on ne voit pas ailleurs. »

Ainsi, la Cocotte a d’abord vu le jour, baptisée ainsi car elle présente un style d’origami et un bec cassé en haut de la bâtisse. Puis ce fut le tour de La Poupe de sortir de terre, avec sa forme de tronc en cône inversé et ses murs penchés comme un poste de commandement de bateau. « Je fais la conception, je m’amuse, mais après, pour réaliser, je m’amuse un peu moins », sourit Emmanuel Robin.

Son dernier défi en date est donc cette maison qui tourne, nommée « Mousseron orientable ». Un chantier de deux ans aura permis de concrétiser plusieurs idées du bâtisseur : « Je voulais faire quelque chose de très inhabituel. Il y avait des constructeurs qui faisaient des dômes à la vente qui étaient orientables. Mais sur un pied comme ça, avec un escalier à l’intérieur, il n’y en avait pas. Et puis, je voulais le faire statique au début, mais mon épouse m’a demandé de le faire mobile. »

« À une seule personne, on parvient à faire tourner les 17 tonnes »

Ouvert à la location depuis ce printemps, ce logement insolite a déjà séduit bon nombre de touristes du fait de sa vue sur la chaîne des Puys, mais aussi son mécanisme surprenant. « On a déjà eu beaucoup d’étrangers cet été qui apprécient ce cocon », note Emmanuel Robin. « Ils sont tous très surpris de voir comment ça fonctionne. Il faut pousser avec une barre. À une seule personne, on parvient à faire tourner les 17 tonnes. Les guidages mécaniques, c’était quand même ma spécialité. Il y a un roulement, une butée à rouleaux sphériques au centre, qui ne propose pas beaucoup de résistance. Et puis, sur la périphérie, il y a des roulettes. »

Prochain projet de construction pour Emmanuel Robin : un hangar qui pourra stocker du matériel. Mais pas n’importe lequel, naturellement. Il sera lui aussi dessiné pour s’inscrire dans le paysage : « Il aura un toit un peu en courbe avec un aspect trapézoïdal vu du dessus. Les parois sont droites, mais le toit n’est plus droit. Et puis, dans le prolongement du hangar, j’ai prévu un couloir de nage. »