Le divorce entre l’Union européenne et la Géorgie est-il irrémédiable ? Le gouvernement géorgien, sous influence russe, a jusqu’à dimanche 31 août pour donner des gages sur la protection de l’État de droit à la Commission européenne. Mais Tbilissi a fait le choix d’ignorer Bruxelles, rendant le risque de sanctions plus réel que jamais. Le retour de visas courte durée entre l’Union européenne (UE) et la Géorgie, option favorisée par les pays membres, serait lourde de conséquences.

Avec notre correspondant à Tbilissi, Théo Bourgery Gonse

En 2020, Nika apprend qu’il souffre d’une maladie rare du cerveau, que seule une clinique allemande peut opérer. L’absence de visas entre la Géorgie et l’Union européenne lui permet de sauter dans le premier avion. « Personne ne pouvait faire cette opération en Géorgie. Si j’avais eu besoin d’un visa en 2020, peut-être que je ne serais plus en vie », explique-t-il.

L’abolition du système de visas en 2017 avait suscité beaucoup d’espoirs. À l’image de Nika, 300 000 Géorgiens voyagent en Europe chaque année pour des vacances, des soins médicaux ou du travail saisonnier. Mais cela pourrait bientôt prendre fin.

Car le gouvernement géorgien fait adopter des réformes anti-européennes à tour de bras et l’Union européenne est aujourd’hui contrainte de sévir.

Un retour à un système de visas isolerait Tbilissi sur la scène internationale, mais prouverait que Bruxelles ne se laisse pas faire, affirme le chercheur et diplomate Gia Japaridze : « L’absence de visas est un signal envoyé à notre voisin du nord, la Russie, que la Géorgie est sur le chemin européen. Je crois que c’est le moment pour l’UE de dire : c’en est assez ».

De nouvelles manifestations sont déjà prévues le 13 septembre.

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