«On se doutait bien que certains d’entre nous allaient être licenciés, parce que la production n’arrêtait pas de baisser. Mais la fermeture de toute l’usine d’un coup, ça non, on ne s’y attendait pas du tout…» soupire Frédéric Catieau dans son bleu de travail gris aux empiècements bordeaux. Le Nordiste de 53 ans, magasinier et préparateur de commandes, est employé à Lille par Exide Technologies, un fabricant américain de batteries au plomb pour engins de manutention (chariots élévateurs ou d’aéroport, d’autres servant au déplacement des palettes…) et sous-marins de la marine nationale. Il a grandi juste à côté, dans le quartier populaire de Lille-Sud. «Ici, c’est un peu la maison, on est en famille», explique-t-il. Le grand-père, le père et le beau-père de sa femme ont exercé dans l’entreprise, comme deux de ses oncles ; lui-même y a fait embaucher son beau-frère. Après déjà trois décennies dans l’usine, comme la plupart de ses collègues, il se voyait y faire toute sa carrière.

Le 18 juin, à quelques jours de l’été, l’annonce soudaine de la liquidation du site a tout chamboulé. En début d’après-midi, réunis dans le hall principal par le directeur accompagné du DRH, les quelque 200 salariés lillois d’Exide apprenaient que leur activité s’achèverait à la fin de l’année. «Certains étaient abattus, assommés ; d’autres se sont mis à pleurer, témoigne Rachid Ljabli, délégué syndical central Force ouvrière (FO). Les gens pensaient à leurs crédits, leurs famil