Faute de place dans les filières demandées, beaucoup de jeunes ne pourront pas faire leur rentrée et s’inquiètent pour leur avenir scolaire.
Septembre, l’heure de la rentrée a sonné. Les plus jeunes ont déjà pris le chemin de l’école. Pour les plus âgés, les cours ont déjà commencé ou vont débuter dans quelques jours.
Mais ce ne sera pas le cas pour tout le monde. Car il y a ceux, qui pour une raison ou une autre, n’ont pas obtenu d’affectation et se retrouve le bec dans l’eau en ce mois de septembre entre colère, désespoir et résignation. Petit tout d’horizon de ces exclus de rentrée scolaire.
Parcoursup validé mais pas le dossier
Thomas* devait ce lundi intégrer la formation médicale de ses rêves. Bac avec mention Très Bien en poche, dossier en béton stages et lettres de recommandation à l’appui, il reçoit le verdict tant attendu de Parcoursup début juillet alors qu’il a entamé sa saison estivale dans un camping. Il ouvre le mail sur son téléphone et découvre qu’il a plus de 50 réponses positives. Il opte pour l’école située près de chez lui à Montpellier, valide son choix, lit rapidement le message qui stipule que pour Parcoursup il n’a plus rien à faire. Et appelle ses proches, pour annoncer la bonne nouvelle, heureux, les yeux rivés sur son avenir. « Mais je n’ai pas lu le second paragraphe avec trop d’attention. » Et c’est là que tout va basculer. « Je devais remplir un dossier administratif. Je me suis dit que je le ferai quand j’aurai du temps. »
Et début août, il décide de se pencher sur la paperasse. « Le lien ne marchait plus. J’ai compris qu’il y avait une date limite et qu’elle était dépassée. »
Affolé, il contacte Parcoursup et son école pour tenter de trouver une solution. « Je sais que c’est ma faute. Mais c’était trop tard. L’établissement avait annulé ma candidature. Et comme j’avais refusé les autres formations, je me retrouve sans rien. »
Mais le jeune homme qui a passé son été dans l’attente et l’angoisse garde quand même espoir. « Je n’ai aucun plan B. J’ai eu une personne vraiment adorable à Parcoursup qui doit me recontacter pour tenter de débloquer la situation. Idem pour la formation. Il y a parfois des désistements à la rentrée alors je croise les doigts. Et je me refuse à croire que c’est terminé. »
Certains lui ont conseillé de retenter sa chance l’an prochain et de faire autre chose cette année. « Mais je ne serai plus prioritaire, seuls les bacheliers de l’année le sont… »
Certains prioritaires
La priorité, c’est ce qui a coûté justement la place à Eve. Cette sportive professionnelle de 23 ans devait intégrer un nouveau club en juillet. Mais une fois le déménagement effectué, l’alternance de son petit ami trouvé, le club lui annonce qu’il met la clé sous la porte.
Elle se retrouve sans emploi, sans possibilité de payer le loyer. « Pas de diplôme, pas d’argent, pas de logement : on ne va pas très loin. » Elle redescend chez ses parents à Montpellier et décide de reprendre ses études. « J’ai appelé des facs, des écoles… J’ai eu des refus. Sur Parcoursup pas de possibilité de candidature libre. Je n’étais pas bachelière cette année. On demande aux jeunes de se former mais les portes sont fermées. Une reconversion est donc impossible. »
Quant à son petit ami, il la suivit, il a pu retrouver une école pour son master en management commercial, mais il est toujours à la recherche d’une alternance, ce qui risque de compromettre son année.
« Et encore on a la chance d’avoir mes parents. Je n’imagine même pas les personnes qui se retrouvent dans notre cas, sans soutien », explique la sportive qui va quand même rebondir. « J’entame une prépa en médecine. Comme c’est payant, c’est possible. » Mais sans aucune garantie de pouvoir intégrer la fac de médecine l’an prochain… La jeune femme oscille entre fureur et exaspération. « Je ne serai toujours pas prioritaire, je prends le risque. Je me dis que c’est tellement dommage, surtout quand on pense à ceux qui abandonnent leurs études en cours d’année et ceux qui auraient rêvé de pouvoir étudier. »
Candidatures refusées
Et ça, ce n’est que pour la première année. Car même une fois une filière intégrée, les places deviennent tout aussi prisées en master.
Timothé, sa licence de psycho en poche projetait de poursuivre logiquement en master. « Je pensais que mon dossier suffirait. » A la veille de la rentrée, il est toujours sur liste d’attente. Il a donc opté pour une autre approche. « Je comptais effectuer des stages pour optimiser mon année et avoir une candidature de poids l’an prochain. Mais je ne peux pas car j’ai validé ma licence. Donc l’obtention de mon diplôme me pénalise. »
Johanne s’est vu refuser l’entrée au master « Cinéma et Audiovisuel » de l’université Paul-Valéry pour des raisons du système algorithmique de la plateforme Mon Master qui ne prend pas en compte le mode d’évaluation de son école. « Heureusement j’avais postulé pour d’autres. Et finalement, alors que selon la plateforme je n’avais pas le niveau pour Paul-Valéry, j’ai été reçue dans une école qui est bien meilleure, même si elle est à Valenciennes. »
Alors qu’Elie, lui, a été admis dans le fameux master de cinéma, mais ce n’était pas son premier vœu, bien au contraire. « Je veux intégrer le seul master de photo public en France. Je n’ai pas choisi la voie la plus simple, c’est vrai. » Il hésite à demander une année de césure pour garder son statut d’étudiant et pouvoir rester dans le processus de sélection l’an prochain. « Comme ça, je travaille un an pour une association de photos, et au vu de cette expérience, je repostulerai dans un an. » Histoire d’avoir plus de chances en 2026… Heureusement que tous ses jeunes gardent foi en l’avenir.
Des pistes pour trouver une solution : même sans affectation, il ne faut pas abandonner
Parcoursup. Les élèves qui n’ont pas d’affectation sont invités à contacter le numéro vert de Parcoursup 0 800 400 070. Ils seront alors accompagnés dans leurs démarches et des formations pourront être trouvées. Il y a aussi des commissions à la rentrée dans toutes les facs et écoles pour ajuster les effectifs.
Scum. « Pour donner un exemple, à Paul-Valéry, 22 % des demandes de master seulement ont reçu une réponse favorable », explique Fabien Bon du Scum, le syndicat de Combat Universitaire de Montpellier. « Il y a des recours possibles, on se mobilise… Pour nous étudier est un droit, pas un privilège. » Le Scum organise des réunions pour les étudiants sans affectation en Master : jeudi 11 septembre à 18 h à la Faculté de Droit et vendredi 12 septembre à 18 h, salle Jean-Moulin de la Maison des étudiants. Contact sur syndicat.scum@live.fr.
Et paradoxalement, certaines formations recherchent des étudiants
« Beaucoup de jeunes veulent des formations et n’en trouvent pas. Et ici au Greta, on en a un certain nombre à proposer… » Avec des places dans plus de 40 formations professionnalisantes, le Greta CFA Montpellier Littoral a décidé d’organiser une journée destinée « à toutes les personnes qui sont à la recherche d’une formation, d’une alternance. »
Et l’organisme de formation de l’Éducation Nationale compte bien trouver une affectation aux jeunes intéressés avec un panel très variés : du CAP au Bac + 3 en commerce, management, cuisine, coiffure, esthétique, électricité, assurance, comptabilité, travaux publics, secrétariat, RH, technicien en pharmacie, prothésiste dentaire, génie civil…
« On a pas mal d’entreprises partenaires », précise-t-on. Ce qui facilite la recherche d’alternance.
Pour obtenir un rendez-vous, il faut juste s’inscrire au préalable via un formulaire.
Jeudi 18 septembre de 9 h à 17 h au Greta CFA Montpellier Littoral, lycée Jean-Mermoz, salle Lucie-Aubrac.
*Prénom d’emprunt