Elles espéraient des réponses à leurs questions. Mais les familles des nourrissons victimes présumées d’abus sexuels à l’hôpital de Montreuil (Seine-Saint-Denis) viennent de recevoir un nouveau coup de massue. Près de deux semaines après que 15 familles ont déposé plainte ou demandé à se constituer partie civile auprès du tribunal de Bobigny, le juge d’instruction a rejeté cette demande en fin de semaine dernière, a appris Le Parisien d’une source proche du dossier.
Dans son ordonnance d’irrecevabilité, le magistrat motive d’abord sa décision par le fait que « les parties ne justifient d’aucun préjudice personnel et direct de leur enfant ». En outre, le juge évoque la nécessité de préserver le secret de l’instruction.
« On dirait qu’on veut ranger cette affaire dans un tiroir »
Une annonce qui ajoute au désarroi des familles, dont l’enfant a été hospitalisé en réanimation néonatale, au moment où une infirmière, Juliette S., est soupçonnée d’avoir commis des abus et transmis des vidéos de ses actes à son compagnon Redouane E.
« Nous sommes frustrés et très déçus, témoigne Yassin (le prénom a été changé), père d’un garçon de 9 mois. Nous avons été auditionnés par la police, pourquoi nous refuse-t-on la partie civile ? J’ai l’impression qu’on cherche à ranger cette affaire dans un tiroir », poursuit le père de famille qui, après avoir enfin eu accès à son dossier médical, est désormais certain d’avoir côtoyé l’infirmière pendant l’hospitalisation de son enfant, fin 2024.
L’incompréhension des parents est partagée par les trois avocats de sept familles, qui confirment ce lundi avoir été notifiés de l’ordonnance d’irrecevabilité par le tribunal. « Les familles déjà très en souffrance ne comprennent pas qu’on leur refuse la qualité de victime. Elles entendent toutes interjeter appel de cette décision », a réagi Me Besma Maghrebi-Mansouri.
« Pour les familles, c’est une double lame »
« Les familles sont profondément déçues par cette décision d’irrecevabilité qu’elles peinent à comprendre, déplore de son côté sa consœur Me Sarah Roumane. Elles se sentent lésées, à la fois par l’hôpital et par la justice, qui demeurent incapables de leur apporter des réponses à ce stade de la procédure. Or, en l’absence d’enquête judiciaire les concernant, aucune clarification ne pourra leur être donnée. »
« Cette décision d’irrecevabilité agit comme un effet ciseau avec le placement sous contrôle judiciaire des deux prévenus. Pour les familles, c’est une double lame », estime enfin Me Djamel Bouguessa, qui confirme le pourvoi devant la cour d’appel de Paris.
Une autre avocate, Me Myriam Guedj Benayoun, conseil de huit autres familles également concernées, confirme ce lundi au Parisien s’être vu notifier un refus similaire du juge d’instruction.
Contacté, le tribunal de Bobigny n’a pas été en mesure de confirmer la notification de cette ordonnance d’irrecevabilité.