C’est le paradis pour les rats de bibliothèque: 18 jours de lecture ininterrompue.

Dans un restaurant de Lagos, au Nigeria, trois hommes et deux femmes ont lu des livres pendant plus de 431 heures pour tenter d’établir un record du monde Guinness du plus long marathon de lecture à voix haute, dans le cadre d’une campagne visant à promouvoir l’alphabétisation dans le pays le plus peuplé d’Afrique.

Tout au long de cette tâche ardue, des dizaines de personnes ont rejoint le groupe, certaines en ligne via une diffusion en direct, pour les encourager.

Samedi, à la fin de la tentative, les marathoniens de lecture avaient lu 79 livres écrits par des Nigérians, se relayant pour lire à voix haute des œuvres littéraires et des livres de développement personnel afin de permettre aux autres membres du groupe de reprendre leur souffle.

Promouvoir l’éducation inclusive

Dans ce pays de plus de 210 millions d’habitants, «la plupart des gens n’ont pas accès aux livres (et) j’ai participé pour encourager l’éducation inclusive», a témoigné Precious Ukachi à l’Associated Press. Ce jeune homme de 30 ans faisait partie des marathoniens littéraires. Il était accompagné de John Obot, 37 ans, Stephen Oyelami, 23 ans, Temitope Ogunremi, 28 ans, et Ketura Heman, 27 ans.

M. Obot a expliqué que le plus difficile était de lire le soir. «Nous avions peu de temps pour nous reposer, mais ce qui me motivait, c’était l’objectif.»

Les détenteurs actuels du record du plus long marathon de lecture à voix haute sont un groupe de cinq personnes originaires de République dominicaine, qui ont enregistré un temps de 365 heures et 39 secondes en 2011.

Cette fois-ci, au Nigéria, le dernier mot a été prononcé lorsque le chronomètre a affiché: 431 heures, 31 minutes et 25 secondes.

Le Guinness des records n’a pas encore confirmé ce nouveau record, un processus qui prend parfois des semaines. L’association à but non lucratif qui organise l’événement, le Naija ReadFest, a indiqué qu’elle transmettrait toutes les preuves nécessaires à l’organisation.

«Nous avons organisé cet événement pour célébrer la littérature nigériane», a expliqué Kingsley Sintim du Naija ReadFest.

L’association a expliqué que l’événement visait à mettre en avant les livres d’auteurs locaux auprès des jeunes comme des moins jeunes. Les livres lus par le groupe abordaient également des questions telles que la migration et la finance, deux préoccupations majeures pour ce pays d’Afrique de l’Ouest.

Le défis de l’alphabétisation au Nigeria

Outre le fait que le Nigeria compte l’un des taux d’enfants non scolarisés les plus élevés au monde, avec plus de 10 millions de personnes concernées, le taux d’alphabétisation s’élevait à environ 63 % en 2021, un taux qui, selon les défenseurs de l’éducation, n’a guère progressé ces dernières années.

M. Oyelami, l’un des marathoniens de la lecture, a déclaré : «Il était difficile de se procurer des livres en raison du type d’environnement dans lequel j’ai grandi.»

Il a fréquenté une école publique où les livres neufs et les voyages éducatifs étaient généralement hors de portée.

L’un des principaux défis réside dans le manque d’investissements et de politiques dans le secteur de l’éducation, a déclaré à l’AP Irene Okon, directrice exécutive de l’association Lead-Out, qui vise à améliorer l’apprentissage dans les écoles publiques et à faible revenu. Le faible investissement dans l’alphabétisation au Nigéria a compliqué la vie des écrivains, a déclaré Carol Yaakugh, autrice installée à Abuja.

«Bien que de nombreuses jeunes pousses technologiques se consacrent à la finance, à la santé et à d’autres domaines, le secteur de l’alphabétisation reste sous-développé», a-t-elle ajouté.

Ce problème profondément ancré est illustré par la capitale, Abuja, où le projet de Bibliothèque nationale, lancé en 2006, reste inachevé, tandis que les pouvoirs publics financent un style de vie luxueux.