Et si l’une des planètes les plus fascinantes du Système solaire s’était formée sans fracas ? Une étude britannique basée sur des simulations informatiques de pointe remet en cause l’idée selon laquelle Jupiter serait le fruit d’une collision géante.

Illustration artistique de Jupiter entourée de ses anneaux et d’une lune en arrière-plan.Jupiter fascine les chercheurs qui débattent encore de son rôle dans la formation des autres planètes du Système solaire – DailyGeekShow.com

Loin du choc cataclysmique longtemps envisagé, sa naissance aurait été bien plus lente et progressive, bouleversant notre compréhension des planètes géantes.

Des simulations massives révèlent un scénario incompatible avec une collision géante

L’hypothèse dominante depuis 2019 affirmait que le noyau dilué de Jupiter provenait d’un impact titanesque avec une autre planète.

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Pour tester cette idée, des chercheurs de l’université de Durham, au Royaume-Uni, ont eu recours au supercalculateur Cosma. Ce monstre de calcul, conçu pour modéliser l’Univers depuis le Big Bang, leur a permis de simuler différentes hypothèses de formation planétaire.

En collaboration avec la NASA, l’institut SETI et l’université de l’Ohio, l’équipe a utilisé le logiciel open source Swift. Ce programme, spécialisé dans la formation galactique et la physique planétaire, a généré des dizaines de scénarios de collisions.

Le verdict est sans appel : aucune simulation ne permet de reproduire un noyau dilué comme celui de Jupiter. Même après un impact massif, les matériaux lourds auraient fini par se redéposer vers le centre, reformant un noyau compact. Autrement dit, l’impact n’aurait pas suffi à maintenir durablement un cœur flou ou diffus.

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Jupiter se serait formée lentement, en absorbant progressivement des matériaux

Ces résultats suggèrent une origine bien différente. Jupiter n’aurait pas été façonnée par un seul événement violent, mais par une accumulation continue de gaz et de poussières sur une très longue période.

Ce processus graduel d’accrétion aurait intégré aussi bien des éléments lourds que légers, diluant ainsi son cœur naturellement.

Une hypothèse d’autant plus plausible qu’elle s’accorde avec les caractéristiques d’autres géantes du Système solaire. Saturne, elle aussi, possède un noyau dilué.

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Ce constat rend peu probable l’idée que plusieurs planètes aient subi des collisions similaires. Il devient alors plus logique d’imaginer un mécanisme commun de formation lente, partagé par plusieurs géantes gazeuses.

Une nouvelle lecture de la formation planétaire avec des conséquences à l’échelle du cosmos

Selon les chercheurs, cette révision du scénario jovien pourrait avoir des implications bien au-delà de notre Système solaire. Si les noyaux dilués sont courants chez les géantes gazeuses, alors il faudra revoir la façon dont on interprète la structure interne des exoplanètes de type Jupiter.

Ces nouvelles données pourraient également influencer nos modèles de détection d’exoplanètes. En connaissant mieux la façon dont les géantes se forment, on améliore la précision des simulations qui guident les télescopes dans leurs recherches.

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Ainsi, cette étude ne fait pas qu’ébranler une théorie ancienne. Elle ouvre un nouveau champ d’exploration, à la croisée de l’astrophysique, de la planétologie et de la cosmologie computationnelle.