Une spirale de dette qui inquiète les marchés
Les chiffres donnent le vertige. En 2025, le Royaume-Uni consacre 111 milliards de livres sterling par an au service de sa dette publique. Le taux à 30 ans s’affiche à 5,54 %, au-dessus de celui de la Grèce – un comble pour l’une des plus anciennes places financières mondiales. Le déficit atteint déjà 50 milliards de livres, et les perspectives de croissance restent faibles, au mieux stagnantes.
Comment expliquer une telle dégradation ? Christopher Dembik, conseiller en stratégie d’investissement chez Pictet Asset Management, pointe une accumulation d’erreurs : recours excessif aux hausses d’impôts qui ont freiné la croissance, absence de courage politique pour réduire les dépenses publiques, impossibilité d’utiliser un assouplissement quantitatif (QE) à cause des risques inflationnistes, et perte de crédibilité sur les marchés depuis l’épisode Liz Truss. Résultat : les investisseurs étrangers réduisent leur exposition, les banques britanniques sont saturées, et la Banque d’Angleterre elle-même est vendeuse nette de gilts.
La crise est aussi politique. La nouvelle chancelière de l’Échiquier, Rachel Reeves, arrivée avec l’ambition de redresser les finances publiques, est déjà discréditée. La confiance des marchés s’érode à mesure que les promesses s’évanouissent, et la livre sterling devient de plus en plus volatile.
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Deux scénarios possibles, et un parfum de 1976
Face à ce mur de dette, deux scénarios se dessinent. Le premier : le gouvernement britannique se ressaisit et présente un budget d’austérité, réduisant drastiquement les dépenses. Cela pourrait rassurer temporairement les investisseurs, mais au risque de provoquer une fronde politique et des élections législatives anticipées, au pire moment.
Le second : le gouvernement persiste dans sa stratégie actuelle. Les taux continuent de grimper, entraînant mécaniquement une hausse des taux hypothécaires pour les ménages, une chute de la consommation et un cycle récessif. La livre plonge, la Banque d’Angleterre panique, et le Royaume-Uni s’enfonce dans une crise de confiance dont l’issue est imprévisible.
Cette situation rappelle étrangement 1976, quand Londres avait dû solliciter une aide du FMI, humiliant une puissance qui se rêvait encore leader économique. Aujourd’hui, le parallèle n’est pas exagéré : la combinaison d’une dette incontrôlée, d’une croissance atone et d’une crédibilité politique en lambeaux crée un cocktail explosif.
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Dans ce contexte, les investisseurs gardent un œil attentif non seulement sur la trajectoire budgétaire britannique, mais aussi sur les chiffres de l’inflation en zone euro et du chômage américain, qui orienteront les prochaines décisions de la BCE et de la Fed. Car les turbulences britanniques ne se jouent pas en vase clos : elles s’inscrivent dans un environnement global où les banques centrales sont déjà sous pression.