L’un des gros points d’interrogation du XV de France, en vue de la prochaine tournée automnale, concerne le poste de pilier droit. Après Uini Atonio, c’est Tevita Tatafu qui devrait être indisponible. Ce qui diminue les solutions pour le staff. Explications.
Avant le deuxième des trois test-matchs face aux All Blacks lors de la tournée estivale de juillet en Nouvelle-Zélande, Fabien Galthié avait lâché cette phrase : « On a besoin de profondeur d’effectif à ce poste. » Le sélectionneur du XV de France évoquait celui de pilier droit. Et force est de constater qu’il pourrait être de nouveau en souffrance à l’occasion du prochain épisode automnal, qui verra les Bleus affronter respectivement l’Afrique du Sud (samedi 8 novembre, 21h10, au stade de France), les Fidji (samedi 15 novembre, 21h10, au Matmut Atlantique de Bordeaux) et l’Australie (samedi 22 novembre, 21h10, au stade de France). Déjà, le staff tricolore sait depuis de longs mois qu’il devra se passer de son taulier à droite de la mêlée, à savoir le vétéran Uini Atonio (35 ans ; 68 sélections). Après avoir annoncé sa retraite internationale derrière la dernière Coupe du monde 2023, le Rochelais avait été rapidement convaincu par Galthié et ses adjoints de poursuivre l’aventure internationale. Depuis, il est resté le choix numéro un et l’idée est évidemment de l’emmener jusqu’au Mondial 2027, en Australie.
Atonio et Tatafu absents plussieurs mois
Mais, sérieusement blessé à un genou en fin de saison dernière, Atonio a dû subir une intervention chirurgicale au début de l’été. Une opération qui l’oblige à rater l’entame de l’exercice qui débute ce week-end avec la première journée de Top 14, même si l’intéressé a aussi basculé dans un nouveau rôle d’entraîneur de la mêlée au sein de son club. Pour autant, il entend bien poursuivre sa carrière sur le terrain. Quand faut-il espérer son retour à la compétition ? Atonio a répondu récemment sur RMC Sport : « Comme joueur, je vais reprendre à partir de la fin du mois de novembre. La dernière semaine de novembre, je pense. » Voilà qui, de fait, va le priver de la tournée avec l’équipe de France.
L’autre hic ? C’est que l’encadrement des Bleus (et particuilièrement William Servat en charge de la mêlée) a identifié depuis longtemps l’immense potentiel du Bayonnais Tevita Tatafu (22 ans ; 2 sélections) qui, dès lors qu’il est devenu sélectionnable (il est né au Tonga, NDLR), a célébré ses deux premières capes en novembre 2024. En l’absence d’Atonio, il était ainsi titulaire contre le Japon puis la Nouvelle-Zélande. Sur le papier, il possède toutes les qualités pour s’imposer comme le successeur désigné du Maritime. Mais, face aux Kiwis, Tatafu avait dû céder sa place sur blessure dès la 10e minute. Et, depuis, il enchaîne les pépins physiques, notamment au niveau d’une cheville. Celle à laquelle il a encore été touché lors du match amical contre Toulouse la semaine passée. « Je ne suis pas médecin, mais on s’oriente vers une opération et une indisponibilité de quatre à cinq mois », indiquait lundi soir son président Philippe Tayeb, confirmant les craintes du staff. Et d’ajouter : « Il va y avoir un protocole médical avec, aussi, le médecin de l’équipe de France. C’est une blessure qui touche l’Aviron et la sélection aussi, car Tevita rentrait dans la liste premium du XV de France. »
Montagne, satisfaction de la tournée estivale
En clair, ce sont sûrement les deux options privilégiées qui seront absentes en novembre. Du coup, quelles solutions, alors que Galthié s’inquiétait déjà des recours au poste ? Le staff avait décidé d’emmener quatre hommes en Nouvelle-Zélande cet été : George-Henri Colombe, Demba Bamba, Régis Montagne et Rabah Slimani. Les deux premiers nommés ont déçu sur place. Titulaire lors deuxième test à Wellington, Colombe a été remplacé dès la mi-temps, après une première période ratée. Dans la lignée d’une deuxième partie de saison noire à La Rochelle où il ne faisait plus partie des plans (après avoir signé à Toulouse), l’ancien Racingman n’était pas jugé au meilleur de sa forme. Et il a forcément perdu du crédit. Même s’il ne disputera pas la première journée de Top 14 en raison d’un problème musculaire sans gravité, il a tout intérêt à se relancer à Ernest-Wallon pour revenir dans la danse.
Le cas de Bamba est sensiblement similaire. Il n’a joué que les trente-cinq dernières minutes du dernier match à Hamilton, mais son entrée n’a pas satisfait le staff (il a été pris en défaut en mêlée ou sur les rucks). Lui aussi doit se montrer à son avantage dans les prochaines semaines avec le Racing 92. En revanche, Régis Montagne fut un des grands gagnants de la tournée. Auteur de deux entrées remarquées à Dunedin et Wellington (jusqu’à être élu homme du match par l’encadrement lors du deuxième test), notamment grâce à son activité, il avait malheureusement dû renoncer lors du dernier rendez-vous estival. Mais les performances du Clermontois devraient lui assurer, sauf blessure, une place dans le groupe en novembre.
Aldegheri, Falatea, Slimani…
Pour le reste ? Après avoir été rappelé à Marcoussis lors du Tournoi des 6 Nations 2025, Rabah Slimani a débuté deux rencontres en Nouvelle-Zélande, six ans après sa dernière apparition internationale. Il a ainsi rendu de fiers services. Mais, s’il a pleinement apprécié l’expérience et si sa signature au Leinster est une réussite depuis un an, le joueur est sûrement conscient qu’à bientôt 36 ans, il ne représente pas une alternative d’avenir. Les situations d’Atonio et Tatafu pourraient-elles toutefois inciter Galthié à le faire revenir cet automne ? Difficile d’être catégorique sur le sujet. Sinon, Dorian Aldegheri demeure une valeur sûre. Remplaçant d’Atonio sur la deuxième partie du Tournoi 2025, le Toulousain de 32 ans est toujours une référence dans l’épreuve de force, comme il l’a prouvé lors de la dernière du Top 14, quand il a permis à la mêlée toulousaine de prendre le dessus sur celle de l’Union Bordeaux-Bègles. Tout porte à croire qu’il sera encore là en novembre.
A l’UBB justement, un autre joueur sera évidemment suivi de près. Il s’agit de Sipili Falatea (28 ans). Régulièrement sélectionné lors du premier mandat de Fabien Galthié, le Girondin s’était imposé un élément fort en première ligne, jusqu’à être retenu pour la Coupe du monde 2023. Mais il n’a plus porté le maillot bleu depuis, la faute essentiellement à un enchaînement de blessures. Alors que Ben Tameifuna est en sélection pour le début de saison, Falatea va avoir du temps de jeu avec son club. Et, s’il répond aux attentes, il pourrait très vite réapparaître dans les radars du XV de France. Idem pour Thomas Laclayat qui, après une expérience globalement décevante au Racing 92, a choisi de rebondir à Pau. Il faudra également regarder avec attention les prestations de Paul Mallez à Toulouse, après son retour de prêt de Provence Rugby. Mais, s’il est d’abord considéré comme un droitier chez le champion de France, c’est à gauche qu’il a impressionné en Nouvelle-Zélande. Et Galthié avait affirmé : « Son avenir international est à gauche. » A voir…