La Chine, centre de gravité d’une nouvelle gouvernance mondiale qui rallierait le Sud global contre l’hégémonie occidentale ? Telle fut l’ambition affichée de son dirigeant Xi Jinping ce week-end, lors du sommet de l’Organisation de coopération de Shanghaï, à Tianjin, dans le nord du pays. Parmi la vingtaine de leaders eurasiatiques réunis, le Russe Vladimir Poutine, l’Indien Narendra Modi ou leur homologue iranien Massoud Pezeshkian. Tous, aux intérêts par ailleurs divergents, ont formalisé dans le sillage de Xi Jinping la guerre d’opposition, idéologique et économique, à mener contre le « bloc occidental », États-Unis en tête.
Pour clore la démonstration de force, la Chine organise ce mercredi un défilé militaire sur la place Tian An Men, à Pékin, pour y célébrer les 80 ans de la fin de la Seconde Guerre mondiale et surtout afficher sa puissance stratégique. La photo est prometteuse, qui verra poser côte à côte Xi Jinping, Vladimir Poutine et le leader nord-coréen Kim Jong-un. Sur cette même place où, il y a trente-six ans, des milliers d’opposants prodémocratie se faisaient assassiner.
Dans cet affrontement aux relents de guerre froide, qui voit s’opposer les deux premières puissances économiques mondiales, la Chine et les États-Unis, l’Europe fait pâle figure. Malgré tous ses efforts pour se hisser à la table des négociations internationales, elle demeure inaudible dans le conflit en Ukraine et se fait déjà contrer dans son souhait de sanctionner le nucléaire iranien. Dispersée, elle s’avère incapable de faire respecter le droit international, qu’elle appelle pourtant de ses vœux, dans le conflit Israël-Hamas. Le prochain sommet de l’ONU, mi-septembre, sera l’occasion de compter diplomatiquement pour certains pays européens, notamment en reconnaissant l’État de Palestine. Il faudra la saisir.