Par

Glenn Gillet

Publié le

19 avr. 2025 à 7h10

Pour André Fanjas, ce voyage était comme une évidence. Lorsqu’il a pris connaissance d’une initiative visant à traverser l’Europe pour aller apporter, en groupe, du soutien à des Ukrainiens avec qui il partage la passion de la moto, et en particulier de la marque emblématique Harley-Davidson, cet habitant de Bondoufle (Essonne), membre du club de passionnés Essonne Ballainvilliers H.O.G. Chapter, n’a pas hésité à y participer.

Plus de 5000 km de route

Parti jeudi 10 avril de son domicile, il explique au téléphone à Actu Essonne, depuis la ville de Lviv dans l’ouest de l’Ukraine, que les habitants qu’il a rencontré sont « très touchés » par l’ »hommage et la marque de solidarité » que symbolise la visite de cette équipée d’une dizaine de camarades motards européens, parmi lesquels une majorité de Français mais aussi un Tchèque et un Suisse. Tous bikers expérimentés, ils ne se connaissaient pas avant le début de ce road trip mais sont unis par la passion de moto.

L’initiative vient de Joris Briand, motard globetrotteur basé dans les Bouches-du-Rhône dont les chroniques de voyages au guidon de sa Harley sont très suivies par les amateurs la marque sur les réseaux sociaux. Il y a de cela plusieurs mois, il a proposé à sa communauté un voyage en groupe de 10 à 12 jours en Ukraine, au départ de Cracovie en Pologne, pour « rendre visite » à des motards ukrainiens et membres de concessions « HOG » (« Harley owner group », en français groupe de propriétaires de Harley) qu’il avait rencontré lors de voyages précédents. L’idée était aussi de « visiter les villes UNESCO de Lviv, Kiev et Odessa pour découvrir ce magnifique pays et son peuple ainsi que changer la vision que l’on a sur celui-ci ».

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Pour André Fanjas, 74 ans, la possibilité d’avaler 5000 kilomètres de bitume à travers l’Europe avec sa Harley-Davidson Hydra Glide, réplique d’un modèle de 1949 « remise au goût du jour avec les technologies d’aujourd’hui », qui plus est dans une démarche de connexion interculturelle entre passionnés, apparaissait inratable. Le retraité essonnien se décrit comme habitué et amateur des « longs parcours » : il a sillonné l’Ouest américain, la célèbre route 66, l’Espagne ou encore l’Italie, au point de cumuler plus de 150 000 kilomètres au guidon d’un deux-roues lors des 14 dernières années.

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Joris Briand pensait que ce nouveau voyage en Ukraine aurait lieu dans un pays où la guerre ne ferait plus autant rage : « La situation sur place sera complètement différente d’ici avril et des négociations pour la paix auront lieu autour de février (via les USA) », écrivait-il en décembre dernier dans une publication Facebook. Malgré ces négociations, la guerre perdure en ce mois d’avril et la Russie continue de tuer des civils en Ukraine, comme lors du bombardement qui a fait 3 morts et 30 blessés dans la nuit de mercredi 16 à jeudi 17 avril à Dnipro, une ville où le groupe de bikers s’apprête à séjourner.

Une situation qui ne fait « pas du tout » peur à André Fanjas : « On ne va pas proche du front, on reste dans l’Ouest », souligne-t-il, même si les frappes aérienne n’épargnent pas cette partie de l’Ukraine. Depuis son arrivée dans le pays, où il n’avait jamais mis les pieds jusqu’à présent, le motard explique qu’ »on n’a pas du tout l’impression d’être dans un pays en guerre« . Il décrit des rues « très animées » avec « beaucoup de gens ». La réalité du conflit s’est malgré tout imposé à lui et à autres membres du groupe : à Lviv, « on vient d’assister à un hommage à un soldat mort sur le front, c’était très émouvant », confie-t-il.

Des soldats ukrainiens rendent hommage à un de leurs camarades mort au front, à Lviv, mi-avril 2025.
Des soldats ukrainiens rendent hommage à un de leurs camarades mort au front, à Lviv, mi-avril 2025. (©André Fanjas)

Durant les premiers échanges avec les motards ukrainiens rencontrés sur place, le sujet du conflit a été évoqué, brièvement. « Ils aiment la France et ils sont conscients des efforts que fait la France pour les aider », explique l’Essonnien. Mais lors de leurs repas d’amitié, au cours desquelles les visiteurs sont « vraiment traités comme des rois », on préfère parler bécanes que bombes.

Malgré le chaleureux accueil et la beauté du pays, André Fanjas met en garde les motards qui voudrait l’imiter : « Pour  ceux qui ont déjà des contacts sur place, pourquoi pas, mais pour ceux qui n’ont ont pas, c’est compliqué » en raison des questions administratives notamment, comme pour le passage de la frontière ukraino-polonaise. « Et puis il faut vraiment partir en groupe, on est pas à l’abri d’une panne », explique-t-il.

Du côté d’André et du groupe qui sillonne actuellement l’Ukraine, il n’y a eu aucun problème depuis le départ. Souhaitons leur que cela continue jusqu’au 22 avril date de leur départ d’Ukraine, soit pour la ville d’Isaccea en Roumanie, soit pour celle de Purcari en Moldavie. Ce sera alors la fin d’un voyage déjà fort en émotions, le groupe se séparera et chacun rentrera chez lui par ses propres moyens. Chargé, à n’en pas douter, de nombreux souvenirs et de belles histoires à raconter.

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