Présent à Villeurbanne, le groupe a décidé de tourner le dos à la Métropole de Lyon. On se demande bien pourquoi… Photos © DR
Texte : Morgan Couturier – Un temps attendu à Feyzin, le groupe aéronautique français a finalement choisi la plaine de l’Ain pour installer sa future usine de production de freins carbone. Un pied de nez aux écologistes que le PDG Olivier Andriès tient en piètre estime.
Le verdict est tombé : Safran a bel et bien décidé de s’installer en Auvergne-Rhône-Alpes après avoir longtemps hésité avec le Québec et les Etats-Unis. Mais alors que la Métropole de Lyon et Feyzin ont longtemps été imaginés pour accueillir la nouvelle usine de production de freins carbone du groupe aéronautique, ce dernier a finalement opté pour une installation une cinquantaine de kilomètres plus au nord. Direction Saint-Vulbas et le parc industriel de la plaine de l’Ain.
Sur place, le PDG Olivier Andriès semble avoir trouvé un terrain propice à l’émergence d’un nouveau site de 30 000m2, prévu pour 2030. L’homme d’affaires aurait surtout bénéficié d’un meilleur accueil des élus locaux et des conseillers régionaux, alors que ce dernier avait manifesté en avril dernier, un profond rejet pour toutes les « villes détenues par une majorité écologistes ».
De gros efforts consentis par la Région Auvergne Rhône-Alpes
« A partir du moment où on oublie l’intérêt national, où on a une attitude égoïste et où on ne comprend pas que 500 emplois sont importants pour le territoire et la vie des personnes, je dis que ce n’est pas la peine », avait-il prononcé devant l’Assemblée nationale, suite à des jets de tomate orchestrés à Rennes par des activistes écologistes.
Résultat, c’est donc dans l’Ain que Safran a décidé d’investir plus de 450 millions d’euros et de créer 250 emplois, dans le but d’augmenter sa production de freins en carbone de 25% d’ici 2037.
« Avec cette nouvelle usine, nous renforçons notre position de leader mondial des freins carbone et sécurisons notre capacité à accompagner nos clients, dans un contexte de forte croissance du trafic aérien. Cette implantation en France a été rendue possible grâce aux efforts conjoints de l’État, la Région Auvergne-Rhône-Alpes, EDF, RTE », se réjouit Olivier Andriès.
Un « rejet implicite » de la Métropole de Lyon
Le conseil régional a promis quelque 16 millions d’euros de subvention, selon nos confrères de Les Échos. « Auvergne-Rhône-Alpes, première région industrielle de France, a mobilisé tous ses leviers pour rendre cette implantation possible face à une concurrence internationale très relevée : une aide directe, alliant soutien à l’investissement productif, à la recherche, au développement et à la formation, une politique volontariste sur les sujets du foncier et une fiscalité locale attractive », écrit en ce sens la Région, par voie de communiqué.
Celle-ci souligne également des « solutions énergétiques compétitives et décarbonées ». Sur ce point, Safran met un point d’honneur à respecter une politique « zéro émission », avec notamment une forte réduction de la consommation d’électricité, de gaz et d’eau.
Une philosophie vraisemblablement jugée insuffisante aux yeux de la Métropole de Lyon, alors que l’opposition de droite évoquait « un rejet implicite de l’exécutif écologiste lyonnais ». Pour leur défense, Bruno Bernard et ses équipes – adeptes de la décroissance – avaient invoqué une « localisation inadaptée au projet industriel » de Safran…
Résultat, c’est donc hors de la Métropole de Lyon que la région Auvergne-Rhône-Alpes renforcera « sa compétitivité et son attractivité » avec l’installation d’un fleuron de l’industrie française qui pèse pas moins de 14,8 milliards d’euros de chiffre d’affaires.