À la fin de l’été, la plus célèbre toile rennaise, Le Nouveau-né, quitte provisoirement les cimaises du Musée des Beaux-Arts de Rennes pour prendre la direction de Paris. Cette œuvre majeure de Georges de La Tour, peinte vers 1645, a été choisie pour figurer au cœur d’une grande rétrospective que lui consacre le Musée Jacquemart-André à partir du 11 septembre. Il s’agira de la première exposition d’ampleur dédiée à ce maître du clair-obscur depuis celle organisée au Grand Palais en 1997.

Intitulée Georges de La Tour, entre ombre et lumière, l’exposition parisienne réunira une trentaine de toiles et d’œuvres graphiques, issus de collections publiques et privées françaises et internationales. Georges La Tour, dont la production est restreinte — on ne compte qu’une quarantaine de tableaux connus — y sera présenté sous un angle renouvelé, entre méditation spirituelle, scènes nocturnes et portraits silencieux. Sa peinture étonne par une économie de moyens et une intensité dramatique qui doit beaucoup à l’influence de Caravage, bien qu’aucun voyage en Italie ne lui soit attribué.

Au sein de cette sélection exceptionnelle, Le Nouveau-né, prêté par le musée rennais, occupera une place centrale. Cette scène intime et silencieuse, qui représente une mère penchée sur son enfant emmailloté, baigne dans la lumière douce et vacillante d’une bougie. Par son ambiance nocturne, sa palette sobre et la frontalité de sa composition, le tableau illustre à la perfection la maîtrise de La Tour dans l’art du clair-obscur. Il témoigne de sa capacité à faire basculer le quotidien dans le sacré, en sublimant les gestes les plus simples.

Ce prêt renforce le rôle des Beaux-Arts de Rennes dans les échanges entre institutions culturelles de premier plan. Il valorise aussi la richesse des collections rennaises à l’échelle nationale. L’événement est d’autant plus marquant qu’il s’accompagne d’un contre-prêt prestigieux. Pendant que Le Nouveau-né sera exposé à Paris, le Musée Jacquemart-André confie exceptionnellement aux Rennais Les Pèlerins d’Emmaüs de Rembrandt. Le tableau pourra être découvert au musée quai Zola dès le 2 septembre.

Avant son départ, plusieurs rendez-vous ont été organisés à Rennes pour permettre au public de revoir une dernière fois Le Nouveau-né et d’en apprécier toute la finesse. Le Musée des Beaux-Arts a proposé notamment des visites guidées avec le conservateur les 23 et 24 août, ainsi qu’un format court, le 21 août à la mi-journée. L’exposition parisienne, qui se tiendra jusqu’au 25 janvier 2026, s’annonce comme l’un des temps forts de la rentrée culturelle en France. Jacquemart-André, installé dans l’ancien hôtel particulier des époux Jacquemart et André, à deux pas des Champs-Élysées, offre un cadre idéal pour cette relecture du parcours de Georges de La Tour. Déjà reconnu pour ses rétrospectives consacrées à Caravage ou Artemisia Gentileschi, le musée poursuit ici son exploration des grands peintres de la lumière et de l’intériorité.