C’est dans le collège Francisco-Goya, petit établissement (environ 300 élèves) du centre de Bordeaux, que Jean-Luc Gleyze a choisi de faire son premier déplacement de la rentrée, ce lundi 1er septembre, accompagné entre autres élus et officiels du nouveau recteur de l’académie Nouvelle-Aquitaine, Jean-Marc Huart.
Rentrée au collège Francisco Goya, lundi 1er septembre. Le président du Département Jean-Luc Gleyze et le recteur de Nouvelle-Aquitaine Jean-Marc Huart (au centre) écoutent le principal, Franck Martin.
GUILLAUME BONNAUD/SO
L’occasion pour le patron du Département, qui prend à sa charge la construction et le fonctionnement des collèges, de présenter le nouveau patio de l’établissement, illustration du programme Libre cour. Les travaux, pensés « en concertation avec les élèves, les parents, les enseignants », ont relooké ce petit rectangle bétonné (200 m2), en un espace coloré et végétalisé, parsemé d’arbustes en pots, de plantes grimpantes, ainsi que d’un mobilier « inclusif », favorisant les activités mixtes et non genrées (fini, le terrain de foot et la domination territoriale masculine !).
Les travaux ont été chiffrés 110 000 euros. Une paille si on la ramène au Plan collège et ses 607 millions d’euros investis depuis 2017 par le Département, qui a sorti de terre neuf établissements en cinq ans – le dernier en date, à Montussan, est opérationnel ce jour – ce qui porte à 113 le nombre de collèges publics en Gironde. Le 114e est attendu pour 2026, au Taillan-Médoc.
Mais ce plan se déploie désormais dans un contexte inédit – quoique pas surprenant, du point de vue de la démographie – de baisse des effectifs. « Il avait été conçu dans une perspective de forte progression, avec 1 000 collégiens de plus chaque année en Gironde, rappelle le président. Aujourd’hui, la courbe s’est inversée. »
Quelle est l’ampleur de la baisse ? Elle a débuté en 2022 (-200 élèves) et 2023 (-300) et s’est accentuée cette année. Pour 2025-2026, le Département table sur une décrue de 900 têtes, soit 64 947 collégiens. L’académie va plus loin et avance une baisse de 2000 élèves, toujours dans le public (63 674). Comment expliquer ces différences ? « Le Département s’appuie sur d’autres sources, dont les mairies. Mais ce ne sont que des projections et les chiffres seront consolidés en octobre », insiste le rectorat.
Le privé moins affecté
À noter que l’enseignement privé sous contrat ne semble pas subir cette tendance baissière. Le nombre de collégiens y progresse légèrement chaque année, et ça devrait être le cas cette rentrée : 13 574 inscrits projetés.
Les conséquences de cette décrue ? Le plan girondin, qui prévoyait 14 collèges neufs, sera revu à la baisse, expose le président. « Deux projets avaient été envisagés, à Mérignac et au sud de la métropole. Ils ne seront pas réalisés. » Le 12e collège prévu à Saint-Caprais-de-Bordeaux, dans le Créonnais, devrait être le dernier. Autre conséquence, il y aura « plus de place et de meilleures conditions d’accueil » pour les élèves : « On passe de 89 % de taux d’occupation dans les collèges à 85 % en trois ans. » Et puis, la carte scolaire sera revue, dans une logique « d’équilibre territorial. » « C’est un travail qui se fera en concertation avec les parents d’élèves », dit le président, qui sait que le sujet est sensible.
Cours de SVT au collège Francisco Goya, lundi 1er septembre.
GUILLAUME BONNAUD/SO
Plus de moyens ?
Plus de place, mais aussi plus de moyens ? Jean-Luc Gleyze veut le croire, mais il préfère passer la parole à Jean-Marc Huart, qui confirme que la tendance devrait s’installer. « Dans l’académie, on perd cette année 1 300 élèves dans le second degré et 3 700 dans le premier degré […] Et d’ici 10 ans, d’après l’Insee, la Nouvelle-Aquitaine devrait perdre 50 000 jeunes de moins de 15 ans. »
Mais cette décroissance aurait des avantages : « Les conditions accueil et d’enseignement s’améliorent », affirme le recteur, qui avance « des moyens globalement stables » du côté des enseignants. En Gironde, le ministère a certes procédé à quelques suppressions de poste cette rentrée, concède-t-il, même si sur ce point les calculs du rectorat diffèrent de ceux des syndicats. Et puis, l’amélioration serait mathématique : « Cette baisse de moyens est en proportion bien plus faible que celle des effectifs de collégiens. Et c’est vrai pour le premier degré aussi. » Le taux d’encadrement devrait s’améliorer, à moins de 26 élèves par classe. Le recteur ajoute que, côté postes vacants pour maladie ou congés, « on a renforcé les moyens de remplacement. On couvre 97 % des remplacements de longue durée à l’année. Il y a des ajustements à faire çà et là. Mais tous les indicateurs sont positifs et je suis serein. »
Et dans les lycées et écoles ?
D’après les projections de la Région, les effectifs dans les établissements publics de Gironde (LGT et lycées professionnels) sont légèrement en hausse : 43 957 lycéens cette année, contre 43 662 en 2024-2025. Si la baisse n’est pas pour aujourd’hui, elle paraît inéluctable pour les prochaines années.
D’autant que, plus bas dans la pyramide des âges, la décroissance s’annonce. Dans le premier degré, le rectorat table cette année scolaire sur 130 434 écoliers (élémentaires et maternelles) dans le public contre 132 141 l’an dernier. Dans l’enseignement privé sous contrat, il devrait rester stable (environ 13 440 élèves).