Ce mardi 2 septembre 2025, au deuxième jour du procès de l’ancien policier accusé de viols sur enfants, ses collègues et la direction de la brigade des mineurs ont témoigné devant la cour criminelle d’Aix-en-Provence, dans les Bouches-du-Rhône. L’audience a parfois viré à un procès de la police.
Déposer à la barre s’est avéré difficile pour chacun des collègues de l’accusé, l’ancien policier de la brigade des mineurs de Marseille, âgé de 46 ans aujourd’hui, jugé pour viols sur enfants. Ce mardi, il s’agissait du deuxième jour de son procès devant la cour criminelle départementale d’Aix-en-Provence. Il est reproché à cet ancien brigadier, aussi président d’une association de protection des enfants, d’avoir imposé des fellations à deux frères, âgés de 11 et 15 ans à l’époque des faits, lors d’un voyage aux Philippines en 2018.
La présidente rappelle et martèle : « C’est bien le procès » de l’accusé. Mais Me Baptiste Bellet, l’avocate de la Fondation pour l’enfance qui s’est portée partie civile, résume avec justesse. : « Si à un moment, on doit pointer les dysfonctionnements de la police, c’est aujourd’hui. » L’ancien collègue, qui a révélé l’affaire, s’avance, avec détermination devant la cour, raconter comment il a enquêté seul, sa hiérarchie contre lui. Il n’a aucun doute quand l’ancien brigadier, désormais à la place de l’accusé, échange des SMS inappropriés avec un adolescent de 17 ans. « Si on a un doute, on doit vérifier. »
La brigade des mineurs divisée entre deux camps
Le commandant de la brigade des mineurs, la cheffe de groupe y voient de « la drague ». Dans la salle, quelques réactions d’indignation s’élèvent. Le chef de l’unité pose : « Je ne voulais pas d’une situation dans laquelle un homme innocent se retrouvait crucifié. C’est contrintuitif au possible de soupçonner celui qui se bat tous les jours contre la même cause que la mienne. » Au début de la suspicion de cet ancien collègue, la brigade des mineurs se divise alors en deux camps.
Cet ancien collègue reprend son récit à la barre. Il parle très vite, il explique : « J’ai dû me mettre en difficulté, en venir au coup d’éclat », en l’occurrence retourner le bureau de l’ancien brigadier accusé. « Retourner la table, au réel comme au figuré », reprendront autant la présidente que l’avocat des parties civiles Me Joanny Moulin, représentant des associations Parole de l’enfant et Enfance et partage. L’ancien collègue ralentit ensuite, tente au mieux de retenir les larmes qui le submergent. « Toute la hiérarchie attendait que je passe à autre chose, mais comment avec un pédophile dans mon groupe ? », interpelle-t-il.
« Comme dénoncer un inceste dans une famille »
L’inspection générale de la police (IGPN) finit par confirmer la détention de milliers de contenus pédopornographiques et les viols sur au moins deux enfants. Mais l’ancien collège dit être toujours vu comme « un paria », « un délateur » à la brigade des mineurs. Il déménage dans les Pyrénées-Atlantiques. À Marseille, « je n’étais plus enquêteur, mais le miroir de cette affaire. J’ai détruit cette utopie dans laquelle tout allait bien à la brigade des mineurs. Il y a comme une espèce d’omerta et je suis comme celui qui dénonce un inceste dans une famille », compare, avec encore beaucoup d’amertume, l’ancien collègue à l’origine de l’affaire.
Ce mercredi, au troisième jour du procès, doivent notamment être entendus, à huis clos, les deux frères philippins victimes de viols. Le verdict est attendu jeudi. Dans le détail, l’ancien policier accusé est jugé pour viols et violences sexuelles sur mineurs de moins de 15 ans, ainsi que pour consultation, détention, enregistrement et diffusion de photos et de vidéos à caractère pédopornographique. Contrairement à la cour d’assises, ce ne sont pas des jurés populaires mais cinq magistrats professionnels qui jugent en cour criminelle départementale.
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